vendredi, octobre 21, 2011

SEPT HISTOIRES QUI REVIENNENT DE LOIN (Rufin)

(Dans l'Ile Maurice, les personnages principaux sont un couple de Français installés , la famille de la femme y habite depuis des générations)



Nous sommes à leurs yeux (les indigènes) les représentants d'un système qu'ils condamnent sans autre forme de procès. Pourtant, ils ne semblent pas gênés que toute l'organisation de ces hôtels soit calquée sur la vie de nos demeures, à la grande époque du Dominion. Les Blancs y occupent les postes de direction; des Africaines en blouse blanche font les chambres; des Indiens souriants assurent le service et les Chinois sont aux cuisines. Les plages sont interdites aux autochtones. Seuls, quelques pêcheurs en barques traditionnelles , sont autorisés à gesticuler devant les parasols, pour ajouter quelques taches pittoresques et colorées sur l'écran turquoise de la mer. page 47






Il faut reconnaître que Dieu n'a pas disposé sur cette terre insulaire deux créatures, un homme et une femme, mais trois. Et la troisième était un esclave. page 51






Qu'on me comprenne bien: je ne défends pas l'ordre ancien, quand nous étions les maîtres de l'île. Tout ce que je demande, c'est de conserver autour de moi une ultime portion de ce passé, pour continuer à respirer son air, sans lequel je ne peux pas vivre. Cette bulle, c'est ma maison et notre crique. Je n'ai besoin de rien d'autre. page 62






(une autre histoire: un couple décide de se séparer à 20 ans et 40 ans après, ils se retrouvent comme à 20 ans)



(L'homme s'est marié) Ma femme ne restait avec moi que par habitude et convenance. Il était temps de reconnaître que nous ne nous étions jamais aimés. Alors, un jour, j'ai simplement décidé de partir.



...C'est sur le perron de la gare, ...que nous nous sommes séparés, voici quarante années. J'ai peine à raconter ce qui s'est passé. A vrai dire, aujourd'hui, je vois dans notre décision subite un acte de folie et j'ai du mal à reconstituer le cheminement mental qui nous a conduits l'un et l'autre à accomplir un geste aussi insensé. Fut-ce la saturation d'un amour que nous ne croyions pas pouvoir jamais être plus parfait qu'en ce moment-là. Fut-ce une idée sincère, un prétexte, un pari fou? Le fait est que nous avons décidé ce jour-là de nous rendre nos libertés... Nous avons pris cette décision déchirante et magnifique...Ni toi, ni moi n'avons pris l'initiative de rompre ensuite le charme, de revenir sur la séparation et nous avons vécu nos vies...Et puis , il y a eu cette lettre que j'ai lue au plus fort de las aison chaude en frissonnant: ton mari parti, tes enfants élévés, l'envie que tu avais de me rejoindre...Ainsi est née cette évidence que, toi comme moi, nous ne nous étions jamais quittés et qu'après d'aussi longues fiançailles, il était temps, peut-être, de songer à nous réunir. pages 112, 113

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