mercredi, août 31, 2011

LES JARDINS DE LUMIERE (Amin Maalouf) 1991

Les jardins de lumière , c'est l'histoire de Mani, un personnage oublié. Lorsqu'on parle de manichéisme, de manichéen, on songe rarement à cet homme de Mésopotamie, peintre, médecin et prophète, qui proposait au IIIè siècle de notre ère,  -  que les Chinois nommaient "le Bouddha de lumière" et les Egyptiens , "l'apôtre de Jésus"   - une nouvelle vision du monde, profondément humaniste, et si audacieuse qu'elle allait faire l'objet d'une persécution inlassable de la part de toutes les religions et de tous les empires. Loin des jugements tranchés auxquels on l'associe, sa philosophie tolérante et humaniste visa à réconcilier les religions de son temps. 

Mani, qui apparaît, avec le recul des siècles, comme le véritable fondateur de la peinture orientale, lui, dont chaque trait de pinceau allait faire naître, en Perse, mais aussi en Inde, en Asie Centrale, au Tibet, en Chine, mille vocations d'artiste. Au point que, dans certaines contrées, on dit encore "un Mani" quand on veut dire, avec des points d'exclamation, "un peintre, un vrai" page 67
En tout être, comme en toute chose, se côtoient et s'imbriquent Lumière et Ténèbres. Dans une datte que vous croquez, la chair nourrit votre corps, mais le goût suave et le parfum et la couleur nourrissent votre esprit. page 112
Mes paroles, je ne les vends pas, je les distribue. page 160
En chaque homme, une étincelle se dissimule sous les casques, les parures et les cottes de maille. page 179
Je me réclame de toutes les religions et d'aucune.  On a appris aux hommes qu'ils devaient appartenir à une croyance comme on appartient à une race ou à une tribu. Et moi, je vous dit, on vous a menti. En chaque croyance, en chaque idée, sachez trouver la substance lumineuse et écarter les épluchures. Celui qui suivra ma voie pourra invoquer Ahura-Mazda et Mithra et le Christ et Bouddha. Dans les temples, que j'élèverai, chacun viendra avec ses prières. page 198

Il (Mani) évoqua son espoir de voir , dit-il , tous les sujets de l'Empire rassemblés autour d'une sagesse commune. " La même étincelle divine est en nous tous, elle n'est d'aucune race, d'aucune caste, elle n'est ni mâle, ni femelle, chacun doit la nourrir de beauté et de connaissance, c'est ainsi qu'elle parvient à resplendir, c'est seulement par la Lumière qui est en lui qu'un homme est grand. page 208
"Sois fidèle à toi-même, à la lumière qui est en toi, parcelle de sagesse et de divinité. " page 287

samedi, août 27, 2011

L'ENFANt DU PEUPLE ANCIEN ( Anouar Benmalek)

Queensland, nord-est de l'Australie, décembre 1918. Kader, bouleversé regarde le corps défait de sa femme, Lislei, mourante. D'étranges dieux ont présidé à leur rencontre. En 1870, Lislei, l'Alsacienne, est emprtée dans la tourmente sanglante de la Commune, tandis que Kader, l'Algérien, est fait prisonniet au cours de la révolte des tribus sahariennes contre les colons français. Tous deux sont déportés en Nouvelle-Calédonie et réussissent à s'évader sur le même rafiot se dirigeant vers l'Australie. A son bord, ligoté, gémit un drôle de petit garçon: Trdarir. Dernier représentant des Aborigènes de Tasmanie décimés par les colons australiens, l'orphelin courageux tente de retrouver les mythiques Sentiers des Rêves de son peuple.


"On n'a jamais assez de temps pour ceux qu'on aime". page 17


-Un Négro , c'est un Négro et un kangourou, c'est un kangourou! J'dis pas que c'est un homme comme nous, mais j'dis pas que c'est un animal. Et un gosse, c'est un gosse, y'a pas des choses à ne pas dire! page 120


On ne pleure que si l'on attend une consolation. page 123


Est-ce seulement imaginable qu'un peuple disparaiise de la terre parce qu'un autre l'a voulu? Ce n'est pas possible, Dieu serait-il fourbe à ce point? page 174


Le monde est une rose, respire-la et passe-la à ton ami. page 284


Le fond du coeur humain est plus loin que le bout du monde, prétendait sa mère. page 307

mardi, août 23, 2011

LE PAPALAGUI (Erich Scheurmann)

Les paroles de Touiavii recueillies par Erich Scheumann.

Touiavii , le chef de la tribu de Tiavéa, a observé de près cet être étrange qu'est la Papalagui et en dresse un portait plus éclairé que ne pourrait le faire un ethnologue:

- le papalagui étouffe son corps avec des peaux lourdes et serrées qui le privent de soleil;
- le papalagui vit dans des coffres de pierre empilés, séparés par des fentes bruyantes et grises;
-Le Papalagui est obsédé par le métal rond et le papier lourd qui régissent sa vie;
- Le papalagui a inventé un objet qui compte le temps; depuis, il court sans cesse derrière;
Le papalagui a développé bien d'autres maladies et comportements absurdes...
Alors le sage Touiavii, qui vit dans les îles Samoa aimerait bien que son peuple ne devienne pas comme le Papalagui, ce curieux homme blanc qui vit en Europe.

"Chers frères lucides, nous sommes tous pauvres. Notre pays est le plus pauvre sous le soleil. Nous n'avons pas assez de métal rond ni de papier lourd pour remplir un coffre. Dans la pensée du Papalagui, nous sommes des mendiants misérables. Et cependant! Quand je regarde vos yeux et les compare à ceux des riches alii (le monsieur, le noble), je les trouve bien ternes, altérés et fatigués, tandis que les vôtres rayonnent de joie, d'énergie, de vie et de santé. Ces yeux-là, je les ai trouvés seulement chez les enfants du Papalagui avant qu'ils sachent parler., ils ne savent rien de l'argent...page 51

Quand l'homme a besoin de beaucoup de choses, il est dans une grande pauvreté, car il prouve en cela qu'il est démuni des choses du Grand Esprit. La Papalagui est pauvre parce qu'il est possédé par les objets. Il ne peut plus vivre sans les objets. Page 58

Maintenant, les hommes blancs voudraient nous apporter leurs trésors pour que nous devenions riches aussi , riches de leurs choses. Mais ces choses ne sont que des flèches empoisonnées et celui dont elles frappent la poitrine meurt. "Nous devons les amener à avoir des besoins.", j'ai entendu dire cela par un homme qui connaît bien notre pays. Les besoins, ce sont des objets. "Ensuite, ils consentiront à travailler! " a poursuivi l'homme intelligent. page 61

Où que tu ailles chez le Paplagui et quoi que tu voies, que cela soit un fruit , un arbre, une eau, une forêt ou un petit tas de terre, toujours, partout, il ya quelqu'un à côté qui dit: " c'est à moi! Fais attention de ne pas prendre ce qui est à moi! " Si toutefois, tu prends quelque chose,aussitôt il crie et t'appelle "voleur", mot qui jette une grande honte sur toi, et seulement parce que tu t'es permis de toucher un mien de ton prochain. page 74


Quand je traverse un village à cheval, j'avance sans doute plus rapidement, mais quand je suis à pied, je vois plus de choses et mes amis m'invitent dans leur hutte. Atteindre vite son but a rarement un vrai intérêt. Le Papalagui veut toujours aller vite. La plupart de ses machines ne servent qu'à aller vite. Est-il quelque part, qu'un ailleurs l'appelle. Ainsi court le Papalangui sans arrêt tout au long de sa vie, oubliant de plus en plus la promenade, la marche et le joyeux mouvement vers la destination qui vient à nous, sans que nous l'ayons cherchée. page 88


Le Papalagui se nomme chrétien. Ce mot sonne comme un chant très doux. Puissions-nous nous appeler chrétiens tous les temps! Etre chrétien, cela veut dire: avoir de l'Amour pour le Grand-Dieu et pour ses frères et ensuite pour soi-même. L'Amour - c'est faire le bien -doit être en nous comme notre sang., et complètement avec nous comme la tête et mes mains. Le Papalagui a les mots Christ, Dieu et Amour seulement dans la bouche. Il remue la langue et fait beaucoup de bruit avec ces mots. Malheureusement, son coeur et son corps ne s'inclinent pas devant Dieu, mais seulement devant le métal rond et le papier lourd, devant les pensées de plaisir et devant les machines...Après réflexion, je me dis que le Papalagui nous a apporté l'Evangile comme une monnaie d'échange pour s'accaparer nos fruits et la plus grande et la plus belle partie de notre pays. Je le crois bien capable de cela car j'ai découvert beaucoup de saletés et beaucoup de péchés au fond du coeur du Papalagui et je sais que Dieu nous aime plus que lui, nous, qu'il appelle des sauvages, c'est -à-dire des hommes qui ont des dents de l'animal et pas de coeur dans le corps. page 132

jeudi, août 18, 2011

SAMARCANDE (Amin Maalouf)

Samarcande la Perse du XI è siècle et l'Orient du XIXè et début du XXè.
L'aventure d'un manuscrit écrit au XIè , égaré lors des invasions mongoles et retrouvé des siècles plus tard.

samedi, août 13, 2011

LE PAPALAGUI (Erich Scheurmann)

Les hommes blancs vus par un chef de tribut des îles de Samoa.

vendredi, août 05, 2011

TAXI (Khaled Al Khamissi)

Cinquante-huit conversations avec des chauffeurs de taxi du Caire. Chacune porte sur un aspect de la vie sociale, politique, économique de l'Egypte.

"On se demande pourquoi l'économie est foutue! s'exclame le taxi. Ce sont les gens qui la foutent en l'air. Vous y croyez, vous? En Egypte, les gens paient plus de vingt milliards de livres chaque année en factures de téléphone. Vingt milliards, ça veut dire que, si non ne se parlait pas pendant deux ou trois ans, l'Egypte serait transformée. Les Egyptiens sont tarés, je vous le jure. Ils n'ont pas de quoi manger mais chacun se balade avec son téléphone portable et une cigarette à la bouche. ...L'argent de tous les Egyptiens atterrit dans les poches de quatre sociétés: Egypt Télécom, Mobinil, Vodaphone et Eastern Tobacco Company". page 23

C'est vrai que Moubarak a réussi à tenir le gouvernement depuis qu'il est arrivé et a évité que l'Egypte n'entre en conflit avec un autre état. Les Américains disent à droite, on va à droite...à gauche, on va à gauche...on y court aussi. page 46

...Le gouvernement vit dans son monde, et nous, dans le nôtre. page 54




Celui qui n'est pas allé en prison sous Nasser n'ira jamais en prison, celui qui ne s'est pas enrichi sous Sadate, ne s'enrichira jamais, et celui qui n'a pas mendié sous le règnede Moubarak ne mendiera jamais. page 70




On a montré une image parfaite de la démocratie (pour les élections) . Mais je vais vous dire la vérité. La démocratie n'existe dans aucun pays du monde. Bien sûr, chez nous, ce n'est pas la peine d'en parler mais elle n'existe pas non plus à l'étranger. Aux Etats-Unis, les gens votent pour un parti ou pour l'autre alors qu'en fait, les deux sont pareils. Ils sont un seul parti, mais avec deux noms. Comme ici, où on vote soit pour Moubarak soit pour Moubarak. Et en Europe, aussi c'est pareil, tout se ressemble. La différence entre nous et eux, ce n'est pas la démocratie. parce que la démocratie est une illusion, elle n'existe que dans les livres, chez eux comme chez nous. La différence, c'est le droit. Ils ont un droit qui est appliqué et nous, non. C'est ça la différence. pages 75, 76


Le gouvernement veut apparaître comme une démocratie face aux Américains pour qu'ils continuent à le subventionner et que l'économie ne s'effondre pas. page 117


L'être humain en Egypte vaut autant que la poussière dans un verre fendu. Le verre peut se casser facilement et la poussière s'envoler dans les airs... C'est impossible de l'attraper, et de toute façon, ça ne servirait à rien parce que c'est juste un peu de poussière qui s'est envolée. L'être humain dans ce pays n'est qu'un peu de poussière qui vole, il n'a aucune valeur. page 148

A HAUTEUR DES NUAGES (Bernard Berest)

Découverte de la Chine, du taoïsme. Rencontre avec Zhu Ping qui deviendra son ami et avec lui fondra une "auberge taoïste" au flanc d'une montagne sacrée.

Bernard Berest nous décrit son cheminement depuis sa vie de cistercien à l'abbaye de Boquen et sa quête de l'absolu, ses interrogations à travers la sagesse chinoise.


"A hauteur des nuages", déjà au-dessus des contingences de la vie quotidienne. Pas encore au ciel. Un entre-deux. Entre ciel et terre. Loin du monde et pourtant solidaire de la vie qui se poursuit sous les nuages. C'est de ce lieu privilégié que j'entreprends de rédiger ces chroniques. page 16


J'essaie tant bien que mal de conjuguer ces ceux polarités: l'attention intérieure au fond du fond du réel et une attention non moins aiguë au devenir des hommes dont je partage la vie. Deux polarités aussi fondamentales l'une que l'autre, aussi dignes l'une que l'autre, se nourrissant l'une de l'autre et qui me semblent comme l'inspir et l'expir de la respiration douce qui seule assure une existence épanouie. page 20


...Le taoïste ne pense ni au passé révolu ni à un avenir inatteignable. Il se contente de saisir les forces du présent pour assurer un avenir immédiat. page 104


Je n'adhère pas à toutes ses opinions (Giardano Bruno qui fut brûlé le 17 février 1600, pour ses idées ) même si son hypothèse sur la pluralité des mondes reste toujours stimulante, mais je sais que c'est à des hommes comme lui, qui ont revendiqué le droit de penser par eux-mêmes, au péril de leur vie, que nous avons conquis la liberté intelleectuelle au cours des derniers siècles. page 126


Etymologiquement , la sagesse est..."l'art de savourer la vie". page 141


"En l'an mil, la part de l'Asie dans le PIB mondial était d'environ 70 pour cent, de 65 pour cent en l'an 1500 et de 59 pour cent en 1820. C'est seulement à cette date , parce qu'elle loupe la révolution industrielle et se renferme sur elle-même, que l'Asie dégringole dans les classements. Et que la Chine s'effondre: 29 pour cent du PIB mondial en 1820, 14 pour cent en 1880, moins de 5 pour cent en 1950". page 160

CONFESSION D'UN CARDINAL (Olivier Legendre)