jeudi, janvier 25, 2018

MERCY, MARY, PATTY (Lola Lafon)
 
En février 1974, Patricia Hearst, petite fille du célèbre magnat de la presse, William Randolph Hearst, est enlevée contre rançon par un groupuscule révolutionnaire dont elle ne tarde pas à épouser la cause, à la stupéfaction générale de l'establishment  qui s'empresse de conclure à un lavage de cerveau.
Professeure, invitée pendant un an dans une petite ville des Landes, l'Américaine Gene Neveva se voit chargée  de rédiger un rapport pour l'avocat e Patricia Hearst, dont le procès doit bientôt  à San Francisco. Un volumineux dossier sur l'affaire est confié à Gene. pour le dépouiller, elle s'assure de la collaboration d'une étudiante, la timide Violaine , qui a exactement le même âge que l'accusée et pressent que Patricia n''est pas vraiment la victime manipulée que décrivent les avocats.
Avec ce roman incandescent sur la rencontre  décisive de trois" femmes kidnappées" par la résonnance d 'un événement mémorable, Lola Lafon s'empare d'une icône paradoxale de la "story" américaine pour saisir ce point de   chavirement où l'on tourne le dos aux origines. Servi par une écriture incisive, Mercy, Mary, Patty s'attache à l'instant  du choix radical  et au procès au parfum d'exorcisme  qu'on fait subir à celles qui désertent la route pour la rocaille.

Les Hearst sont une des plus grandes fortunes du pays. page 30

A l'intérieur du manoir, des silhouettes faméliques vêtues de longues tuniques  glissent du salon aux chambres à coucher, les yeux fermés, palpant les murs, ils reniflent une blouse , un pull de Patricia, ces médiums de San Francisco embauchés par Hearst promettent que les émanations spirituelles de ce qu'elle a porté les conduiront rapidement à l'héritière. Les agents du FBI en costume gris d'un e qualité médiocre rentrent et sortent du manoir, un mouvement incessant à l'image  de la confusion qu'ils ne cherchent pas à dissimuler: soixante mille avis de recherche distribués, cinq mille personnes interrogées dans tout San Francisco, pour rien, pas un seul indice, ils n'ont aucune idée du lieu où se cachent ces inconnus, trois lettres mènent leur récit: SLA. page 31

Ses parents répètent, avec satisfaction, que  de Violaine, il n'y a rien à dire. Elle file droit. Pas d'alcool, pas de drogue, une chance. Ils s'amusent du sérieux de leur fille, la pressent d'être plus décontractée lorsqu'elle se déshabille  dissimulée sous une serviette de plage, il faudra qu'elle se dégourdisse elle-même, elle ne va pas passer ses week-ends à se promener seule en forêt come une gamine, ....Violaine est parmi les siens une intruse qui ne dit pas son nom que le grand air gagne come autant  de soifs, un air américain, le vôtre et celui d'une absente: Patricia. pages 43, 44

Peut-être que, depuis la France, l'affaire Hearst vous paraît simple: une  héritière adolescente ne saurait se transformer en révolutionnaire  de son plein gré et en moins de deux mois. Quant aux Hearst, ils sont prêts à tout pour sortir leur fille de prison, ils ne sont pas à 1000 dollars près, la somme que vous toucherez pour étayer la thèse de la défense: la conversion de la jeune fille à la cause de ses ravisseurs  n'en est pas une, Patricia a été victime d'un lavage de cerveau.  Par conséquent, elle ne serait être tenue pour responsable d'avoir participé à un hold-up en leur compagnie, ni d'avoir proclamé son allégeance à des thèses qualifiées par le FBI de "terroristes". page 53

Vous écrivez que l'incapacité  du FBI  à retrouver l'héritière est une indication de l'humeur américaine en  1974: ils ont beau frappé aux portes, les policiers, faire imprimer des flyers qu'ils distribuent aux étudiants de Berkeley, aux musiciens de Haight Ashbury, à ceux qui dérivent sur Valencia Street, ce mélange de vétérans estropiés de dix-huit ans et des gamins des beaux quartiers  sur les traces de Kerouac, les portes, en 1974, on les claque au nez des agents. Personne ne veut aider la police... Aujourd'hui, on la trouverait,  Patricia, par le biais d'une émission  de téléréalité  invitant les téléspectateurs à mener l'enquête eux-mêmes. Page 60
 
A une Violaine sidérée vous dites que ce qu'on va entendre maintenant  est un peu choquant. Le discours mais aussi le ton de Patricia....
Bande diffusée le 3 avril 1974 " J'aimerais commencer par préciser que c'est moi qui ai écrit  ce que je vais dire.  C'est ce que je ressens. On ne m'a jamais obligée à dire quoi que ce soit sur les bandes. Je n'ai pas subi de lavages de cerveau, n'ai pas été droguée, ni torturée , ni hypnotisée. Maman, papa, je voudrais commencer  par vos pseudo-efforts pour assurer ma sécurité: vos dons étaient une imposture.....Je suis vivante et je vais bien...J'ai changé, j'ai grandi. J'ai pris conscience de pas mal de trucs et ne pourrai jamais retourner à ma vie d'avant; ça l'air dur...On m'a donné le choix/ J'ai choisi de rester et me battre...On m'a donné  le choix entre : 1) être relâchée  dans un endroit sécurisé ou : 2) rejoindre la SLA et lutter pour ma liberté comme pour celle de tous les opprimés. J'ai choisi  de rester  et de me battre. Personne ne devrait  s'humilier à faire la queue afin d'être nourri, ni sans  cesse de craindre  pour sa vie et celle de ses enfants.  Papa, tu dis que tu t'inquiètes pour moi  ainsi que pour la vie des opprimés de ce pays, tu mens, et ,en tant que membre  de la classe dominante, je sais que tes intérêts et ceux de maman n'ont jamais servi les intérêts du peuple." Page 111
On m'a renommée Tania  en hommage  à une camarade de lutte qui a combattu aux côtés du Che  en Bolivie. J'embrasse ce nom avec détermination, je perpétuerai son combat...Je sais que Tania a  dédié sa vie aux autres...Page 112


 

lundi, janvier 15, 2018

BAKHITA ( Véronique OLMI)

"Elle a été enlevée à l'âge de cinq ans dans son village du Darfour et a connu toutes les souffrances de l'esclavage. Rachetée à l'adolescence par le consul d'Italie, elle découvre un pays d'inégalités, de pauvreté et d'exclusion.
Affranchie, elle entre dans les ordres et traverse le tumulte  des deux guerres mondiales  et vouant sa vie aux enfants pauvres.
Bakhita est le roman bouleversant  de cette femme exceptionnelle qui fut , tour à tour, captive, domestique, religieuse et sainte. Avec une rare puissance  d'évocation, Véronique Olmi en restitue le destin avec force et grandeur d'âme dont la source cachée puise au souvenir de sa petite enfance. "

Elle est née en 1869. Peut-être un peu avant. Ou un peu après , elle ne sait pas. Pour elle, le temps n'a pas de nom, elle n'aime pas les chiffres, elle ne lit pas les heures sur les horloges , seulement l'ombre projetée  des arbres.  Ceux qui lui ont demandé de raconter depuis le début, ont calculé son âge en fonction des guerres du Soudan. Page 20

Sa mère avait tant d'enfants . C'est comme ça  que toujours elle s'est souvenue d'elle , avec  des enfants  tenant ses mains, ses jambes, gonflant son ventre , suçant ses seins, endormis sur son dos. ...Elle a essayé de garder  les jolies images  de cette mère  d'avant la razzia. page 28

Esclave, elle ne sait pas exactement ce que c'est.  C'est le mot de l'absence , du village en feu, le mot après lequel il n'y a plus rien.  Elle  l'a appris et  puis elle a continué à vivre, comme font les petits enfants qui jouent  et ne savent pas qu'ils sont en train de grandir et  d'apprendre. page 30

Cet après-midi-là, son amie Sira  marche à ses côtés, elles paressent un peu pour aller chercher  cette herbe  demandée par la mère , il y a quelque chose d'indolent, le vent s'apaise, le soleil a perdu sa dureté et c'est peut-être  à cause de cette douceur  qu'elles sont, Sira et elle, si insouciantes et distraites. Elles voient deux hommes et elles ne se méfient pas. Ni poudre, ni fusil, ni cheval, ce sont deux hommes dont le village  n'est pas si éloigné. Des voisins. pages31, 32

Ils sont attachés les uns aux autres. Les hommes devant. Trois. Les chaînes au  cou des deux autres. Les femmes derrière.  Trois. Les chaines autour du cou. Reliées au cou des deux autres.  Tous sont nus, comme elle. Il ya aussi une petite fille , à peine plus âgée qu'elle , qui n'est pas attachée  et à côté de qui on la place , elles sont entre deux gardiens, elles ferment la marche.  page 44

Ceux qui n'ont pas d'esclave à vendre, vendent quelque chose qu'ils ont volé ou bien un membre de leur famille, Bakhita a vu ça une fois, dans ce village dépeuplé par la famine, ce jeune homme famélique qui avait proposé une petite fille, défigurée de maigreur. Les gardiens avaient craché au sol, pour qui il les prenait? Ils avaient cinglé la petite d'un coup de cravache et aussitôt, elle était tombée , preuve qu'elle ne valait rien.  page 49

On va décider  de qui partira pour la côte, l'immense marché de Khartoum, là où vivent trois grands marchands qui se partagent le trafic. Jusque là, ils n'ont fait que passer de main en main, d'intermédiaire en intermédiaire, la destination finale se rapproche. page 63

Et puis, soudain, il y a les champs. Au début, elles n'y croient pas (Bakhita et Binah) , tout est flou et irréel, ces champs, soudain, c'est comme une illusion. Le ruisseau, Binah l'entend  avant de le voir, un bruit qui cogne contre le vent, un tout petit bruit qui se mêle à son souffle large. ..Elles boivent longtemps, et quand elles n'ont plus soif, elles continuent de boire , jusqu'à vomissement, elles boivent comme des chevaux imprudents. Elles boivent et se lavent, sentent le flux glissant  et tiède de l'eau, les larmes de reconnaissance  se mêlent à l'eau de la rivière. page 77

Et soudain, Binah pousse Bakhita du coude: "C'est pas ta maman, là-bas? Ta maman. Là-bas?
La femme ne ressemble en rien à la maman de Bakhita, ni la taille, ni le visage, ni la couleur  de la peau et que ferait-elle ici,  dans ce village qui n'est pas le sien? ...Elles se taisent et se mettent à pleurer, découragées et déçues. page 80

Avec la caravane, elles marchent sur cette terre du Soudan ouverte sous le ciel immense et souillée par le troc et le trafic.  Elles marchent et Bakhita comprend que le temps de la fuite est un temps perdu (Elles ont tenté de fuir) , le monde des esclaves est le sien, mais il y a toujours , pour la maintenir en vie,  un espoir. page 92

La soif fait mal jusqu'à des endroits que Bakhita ne connaissait pas. Des endroits à l'intérieur d'elle qui se tordent , et ses jambes lui font tellement mal qu'on dirait qu'elles ne sont pas à elle. page 97

Après trois mille kilomètres de marche, la caravane arrive au centre du Soudan, au grand centre caravanier  d'El Obeid, la capitale du Kordofan. La vile vit du commerce  de la gomme arabique recueillie sur les acacias, et des esclaves qui vont vers l'Egypte  et la Mer Rouge. De cette ville où elle arrive épuisée, Bakhita gardera d'abord le souvenir du bruit. page 101
 
A El Obeid, plusieurs jours durant, on leur a donné à boire et à manger, on les a  lavés, on a tondu ou tressé leurs cheveux, tué leurs poux, coupé leurs ongles, on les a  vêtus d'un pagne, on a mis des pommades sur leurs plaies, de l'huile  de palme sous leurs pieds, on leur a fait boire des herbes amères et mâcher des racines terreuses, on leur a permis de dormir , maintenant ils peuvent être vendus. page 108
 
Depuis que le gouverneur britannique Gordon Pacha, pourtant au service de l'Egypte, tente d'éradiquer la traite, c'est l'apogée , le grand trafic , on ne suit plus le Nil avec les vapeurs pour prendre les  esclaves  et l'ivoire tout autour du fleuve, on va chercher la marchandise plus loin, en Ouganda, au Sud Soudan,  et au Sud Darfour, un bon vivier le Darfour mais il faut y aller, traverser les déserts, les rivières infranchissables, on meurt en route à l'aller et au retour. N'empe^che, le pays est gavé de gens à vendre ...page 112
 
A la porte d'entrée, un Noir se précipite au - devant de l'homme il se prosterne, La Sidi, mon maître, sa voix est atroce , aiguë et enfantine , il ouvre grand la porte de la maison , et à la suite du maître, elles rentrent . dans la montagne profonde. page 116
 
..;Et puis elles entrent dans la chambre des filles du maître, Sorahia et Radia. A peine plus âgées qu'elles. Allongées sur une ottomane, elles mangent des fruits du bout des dents , la pièce a de larges fenêtres sans vitres, ni persiennes , l'une donne sur la colline , l'autre sur la place du marché. page 117
 
C'est ainsi qu'a commencé la vie au service  des maîtres. Celui-là était le premier. C'était un chef arabe, un homme riche qui aimait acheter , trafiquer, connaissait out le monde  et toutes les combines , avait longtemps fait affaire avec le gouvernement égyptien...page 122
 
Bakhita est restée trois ans au service des petites maîtresses. page 128
 
Quand Balhita commence à vivre aux côtés des petites maîtresses, dans cette grande chambre aux divans profonds , pleine de tapis, de coussins, de matelas de soie, ses chillas posés à même le sol, de consoles dorées, de plateaux de faïence  et d'argent , cette chambre dans laquelle Sorahia et Radia dorment, mangent, jouent, reçoivent leurs amies,  quand elle commence à vivre au harem, Bakhita pense que son nouveau prénom lui va bien. Bakhita la Chanceuse. page 130

Bakhita parle aux poules, aux chiens, aux merles, aux dernières étoiles qui s'effacent dans la nouveauté du jour, parle au bois qu'elle ramasse, à l'eau, au vent, elle demande s'il est possible que la lune se souvienne de son nom et il lui semble que le dernier lieu paisible, le seul abri est là, dans cet instant où la nuit disparaît pour céder sa place au jour.
La maison du général est riche mais austère... page 147

L'esclave bat l'esclave. les esclaves obéissent aux ordres. Bakhita les entend jurer contre ces jengas, ces "négresses", c'est la hiérarchie de l'enfermement, il y a les esclaves d'en haut et ceux d'en bas. Bakhita, elle, à cause de  - ou grâce à - sa beauté , n'est pas la plus mal lotie. page 152

On transporte Bakhita et Hawa , évanouies  et en sang sur leurs nattes, où elles restent plus d'un mois ( elles ont été battues par deux soldats , le maître regarde la torture). Il leur est impossible de vivre ailleurs que dans la douleur . Elles ont envahies par la souffrance , au bord de l'inconscience , elles ne pensent plus à rien, elles souffrent. Il n'y a ni clémence , ni secours. page 162

L'homme qui l'a achetée est un général turc, il dirige des armées d'esclaves au service du gouvernement turco-égyptien qui tient le Soudan sous la loi. Ses milices d'esclaves, soldats font régner l'ordre et recouvrent l'impôt, raflent le bétail, et les hommes. page 150

En ces années 1880, ces maîtres restent sourds à la menace qui s'avance . Un homme, le mahdi, le sauveur de l'islam , chef  religieux soudanais , s'oppose à l'occupant égyptien. Au peuple asservi, il promet la libération du Soudan et le renouveau de l'islam. Le gouvernement turco-égyptien ignore la colère du peuple et sa force, puisque la force , toujours , a été de son côté, elle leur appartient, comme les hommes. page 163

Les troupes de Mahdi sont de plus en plus nombreuses. Les esclaves-soldats des maîtres rejoignent les armées, les hommes vont se battre pour leur pays. Les batailles sont sanglantes, les offensives de plus en plus nombreuses, le ventre de la révolte gronde. page 165

Les maîtresses ont beau continuer leur vie comme si leur vie était un règne, la femme du général a beau fouetter les esclaves chaque matin avant la première prière , le système finit par s'enrayer ...Et un jour, ça cesse. Un jour le général ordonne qu'on arrête de battre les esclaves. Puis il quitte El Obeid. Il s'en va, on ne sait où; mais cet ordre-là; l'ordre ne plus donner de fouet aux esclaves, est glaçant. Quelque chose se prépare, quelque chose va arriver, et aucun changement , jamais n'est en leur faveur. On cesse de les battre mais que va-t-il se passer après? leurs corps ne sont pas habitués à ne pas être battus. page 175

Le général a décidé de rentrer en Turquie. Lui et sa famille vont quitter le Soudan au plus vite. Les préparatifs se font dans une panique furieuse, les maîtres doivent laisser à El Obeid tout ce qu'ils possèdent. page 179
 
Elle est achetée pour la cinquième fois, achetée par un homme qui s'appelle Calisto Legnani, consul italien à Khartoum. Et cet homme va changer le cours de sa vie. page 186
 
Le consul ne se décourage pas, de sa voix courte et presque éteinte, il demande : Chez toi, quels étaient les animaux? ...Vous changiez souvent de village?...Vous marchiez?...Elle éclate en sanglots...Elle est perdue . Elle a perdu les siens.
- "Je veux t'aider, il n'y a pas de quoi pleurer" 3Ton nom? Comment tu t'appelles? Elle s'incline lentement vers lui...elle dit de sa voix grave, en détachant chaque syllabe : " Non lo so". Et elle quitte la pièce à reculons. page 194
 
Bakhita s'adapte aux mœurs nouvelles, à la langue nouvelle, bercée par les récits d'Anne qui lui dit que la femme du Signore Legnani écrit à son mari et le supplie de rentrer chez eux, dans ce pays où se parle l'italien et qui s'appelle Italie. page 198
 
Les Britanniques ont pris le contrôle du pays, ils l'administrent avec arrogance de ceux qui n'ont jamais perdu. Ni leurs conquêtes, ni leur orgueil. page 201
 
Calisto Legnani est le dernier  Européen à traverser le désert avant la chute de Khartoum, le 26 janvier 1885.Ils sont quatre à partir: lui, Bakhita, Indir et Augusto Michieli, un ami du consul qui connaît bien le Soudan. page 201
 
Le premier soir, elle n'allume pas sa lampe...Elle s'habitue à dormir dans le lit, avec la peur de tomber  et ce manque de la terre, ce manque du sol et de ses vibrations. Elle fait comme a dit le paron, des efforts. dormir comme les autres. Parler comme les autres. Ressembler aux autres. dans cette lutte permanente, cette vie d'adaptation et de grande honte, elle va rencontrer un homme, le premier homme après son père qui l'aimera vraiment . Cet homme sur sa route, comme une étoile tombée du ciel. IL s'appelle Signore Illuminato Checchini mais tout le monde l'appelle...Paron Stefano Massarioto. pages 234, 235
 
La mère supérieure demande à Madre Marietta Fabretti de s'occuper personnellement de la Moretta (Bakhita)  Cette sœur  de cinquante-quatre ans , assistante supérieure des catéchumènes, est une femme d'un naturel joyeux et douée d'une grande patience. page 314
 
Pendant un an, Bakhita va apprendre une nouvelle langue, de nouveaux rites, de nouvelles histoires, des prières, des paroles et des chants, elle va s'appliquer  à rejoindre celles avec qui elle vit. page 319

Le 9 janvier 1890, à Venise, le matin est clair, le soleil généreux, c'est le jour de son baptême. page 352

Le 7 décembre 1893, l'Eglise ouvre ses portes à celle dont l'esprit n'avait pas de maison. Ce temps de noviciat qui dure presque deux ans, Bakhita le vit à l'inverse  de ce qu'il est censé être : une épreuve. Pour elle c'est enfin , le temps de la délivrance. page 373

Les classes de l'institut n'ont plus d'élèves  et les orphelines sont parties à Bergame. Le 23 mai 1915, l'Italie est entrée en guerre aux côtés de la France, de l'Angleterre et de la Russie. page 429

C'est comme ça que ça a commencé. avec des hommes qui avaient besoin de se regrouper. Se battre?. Etre Italiens. Etre fiers , aussi. Virils. Et pour beaucoup violents. pour régner enfin. Dans son groupe, son camp,  son village, son pays. Et pour s'affranchir. Dans la bagarre. Le saccage. Le meurtre. L'alcool. La cocaïne et le sexe. C'était leur temps. Le temps d'une nouvelle Italie. Le temps de leur jeunesse...Ils s'habillaient de noir  et la couleur devenait un drapeau. Ils avançaient dans les rues et c'était la terreur... Ils avaient des gourdins, des poings américains, des poignards, des révolvers et des grenades...Mussolini entre dans Rome. Mussolini est nommé Premier ministre. Mussolini crée la milice. Ramène l'ordre. La discipline et le respect. la guerre a créé martyre et sacrifice , mais le temps est venu de dominer la Méditerranée, et de se faire une place au soleil; la réunification a fait l'Italie. Il est temps de faire les Italiens.
A l'institut les orphelines reviennent . Plus  nombreuses et plus jeunes que jamais. De toutes petites filles si maigres que les maladies les emportent sans même qu'on ait eu le temps de les soigner...Comment se nourrir, où trouver la nourriture, comment la payer, avec quoi, la vie a augmenté de 450 0/0   page 446
 
Nous sommes en 1930. les opérations militaires se sont intensifiées en Lybie. On a parqué les femmes ,  les enfants et les vieillards dans des camps autour de Benghazi. Ils y sont morts de maladie ou de malnutrition.  L'armée DE Mussolini a lancé sur la pays des gaz moutarde. c'est "la place au soleil", la" conquête de la Méditerranée".  C'est l'Afrique qui fait rêver le Duce et le peuple à genoux. L'Afrique des barbares et des mendiants pouilleux , dont la conquête  rendra aux Italiens leur honneur  et leur puissance perdue. page 452
 
Mussolini s'enivre  de sa propre  puissance, engage ses armées à soutenir les nationalistes du Général Franco., pour la défense de "la civilisation chrétienne".  page 488
 
C'est en juilllet 1938 que paraissent les lois raciales qui établissent les bases du régime faciste. page 492
 
Le samedi 8 février 1947, à l'âge de soixante-dix- huit ans , Madre Gioseffa, Margherita, Fortunata, Maria, Bakhita  meurt à Schio. page 508

 
 
 
 
 
 


 
 
 

dimanche, janvier 07, 2018

HOMO DEUS ( Yuval Noah HARARI )
 
" Que deviendront nos démocraties quand Google et Facebook connaîtront nos goûts et nos préférences politiques mieux que nous-mêmes? Qu' adviendra-t-il de l'Etat providence quand nous , les humains, seront évincés du marché de l'emploi par des ordinateurs plus performants? Quelle utilisation certaines religions feront - elles de la manipulation génétique?
 
Homo Deus nous dévoile ce que sera le monde de demain lorsque, à nos mythes collectifs tels que les dieux, l'argent, l'égalité et la liberté, s'allieront de nouvelles technologies démiurges. Et que les algorithmes  de plus en plus intelligents, pourront se passer de notre pouvoir de décision. Car, tandis que l'Homo Sapiens devient un Homo Deus, nous nous forgeons un nouveau destin.
 
Best seller international - plus de 200 000 exemplaires vendus en France, traduit  dans près de 40 langues - Sapiens  interrogeait l'histoire de l'humanité , de l'âge de pierre à l'ère de la Silicon Valley. Le nouveau livre de Yuval Noah HARARI  offre un aperçu vertigineux des rêves et des cauchemars qui façonneront le XXI è siècle."
 
En 2014, plus de 2,1 milliards d'habitants étaient en surpoids, contre 850 millions qui souffraient de malnutrition.  D'ici 2030, la moitié de l'humanité devrait souffrir de surcharge pondérale. En 2010, la famine et la malnutrition  ont tué près de un million de personnes, alors que l'obésité en a tué trois millions. page 16
 
La pandémie (grippe espagnole) tua entre 50 et 100 millions de gens en moins d'un an. De 1914 à 1918, la Première Guerre mondiale  avait tué 40 millions. Page 20
 
En 2012, autour de 56 millions de personnes sont mortes à travers le monde ; 620 000 ont été victimes de la violence humaine ( la guerre en a tué 120 000 , le crime  500 000) . En revanche, on a dénombré  800 000 suicides , tandis que 1,5 million de gens mouraient du diabète. Le sucre est plus dangereux que la poudre à canon. page 25
 
L'économie mondiale ne se fonde plus sur les matières premières mais sur le savoir. page 26
 
Le terrorisme est  toutefois une stratégie de faiblesse , adoptée par tous ceux qui n'ont pas accès à la réalité du  pouvoir...Comment les terroristes parviennent-ils à faire les gros titres  et à changer la politique à travers le monde? En poussant leurs ennemis à surréagir. pages 28, 29

Tout au long de l'histoire , nombreux sont les penseurs , prophètes et gens ordinaires qui ont fait du bonheur , plutôt que de la vie, le bien suprême. ...
Pour Epicure, la poursuite du bonheur était une quête éternelle. Les penseurs modernes , en revanche, ont tendance  à y voir un projet collectif. page 41

Au XIXè et XXè siècles ...on fondait des écoles pour produire des citoyens  doués et obéissants qui serviraient la nation. A dix-huit ans, les jeunes devaient être non seulement patriotes , mais aussi alphabétisés, de manière à pouvoir  lire les consignes du brigadier et dresser les plans de bataille  du lendemain. Ils devaient connaître les mathématiques pour calculer la trajectoire d'un obus  ou déchiffrer le code secret utilisé par l'ennemi. ... Il en allait de même pour le service de santé. page 42
Même le système de protection sociale a été initialement organisé pour l'intérêt de la nation plutôt que dans celui des individus  nécessiteux. ...Au cours des toutes dernières décennies, la situation s'est renversée...Nous ne sommes plus ici pour servir l'Etat . C'est à lui de nous servir. page 43
 
Bien que les détails soient obscurs, la direction de l'histoire ne fait pas de doute. Au XXI ème siècle, l'humanité se fixera comme ... grand projet  d'acquérir des pouvoirs divins de création et de  destruction, et de hisser l'Homo sapiens au rang d'Homo deus...Nous désirons après tout être capables de reagencer nos corps et nos esprits  pour échapper à la vieillesse, à la mort et à la misère...page 59
 
Les pelouses bien entretenues exigeaient du terrain et beaucoup de travail...Elles n'apportaient rien de précieux en contrepartie...Les pauvres paysans ne pouvaient se permettre de gaspiller dans une pelouse une terre et un temps précieux...Les hommes en sont arrivés à associer les pelouses  au pouvoir politique , au statut social et à la richesse économique. Pas étonnant qu'au XIX è siècle, la bourgeoisie montante ait adopté la pelouse avec enthousiasme. Au début, seuls les banquiers, les avocats et les industriels pouvaient s'offrir ce luxe dans leurs demeures privées. Quand la révolution industrielle a élargi les rangs de la bourgeoisie et donné naissance à la tondeuse  et au tourniquet, des millions de familles ont pu s'offrir ce gazon.  Dans les banlieues américaines, une pelouse impeccable  a cessé d'être un luxe de nanti pour devenir un must de la classe moyenne. pages 73, 74, 75

Les gens ont peur du changement parce qu'ils craignent l'inconnu. Or la seule constante de l'Histoire est que tout  change. page 81

Au total, près de 200 000 loups  sauvages écument encore la terre, contre plus de 400 millions de chiens domestiques.  Le monde compte 40 000 lions  contre 600 millions de chats domestiques.; 900 000 buffles africains contre 1,5 milliard  de vaches, 50 millions de pingouins et 20 milliards de poulets. page 85

La Bible est un livre fourmillant  de miracles, de prodiges et de merveilles. La seule fois où un animal engage la conversation  avec un homme, c'est lorsque le serpent incite Eve à goûter au fruit défendu  de la Connaissance. ..L'expulsion du paradis frappe par sa ressemblance  avec la révolution agricole. Au lieu de permettre à Adam de cueillir des fruits sauvages, un dieu en courroux le condamne "à gagner son pain à la sueur de son front". pages 90, 91

Dans la plupart des langues sémitiques, "Eve" signifie serpent ou femelle du serpent. Le nom même de notre mère biblique ancestrale cache donc un mythe animiste archaïque  suivant lequel les  serpents ne sont pas nos ennemis mais nos ancêtres....Loin de descendre des serpents, dit la Genèse, les humains ont été créés par Dieu à partir de la matière inanimée. page 91

L'épopée mésopotamienne  de Gilgamesh raconte que, lorsque les dieux envoyèrent un grand déluge pour  détruire le monde, presque tous les humains et les animaux périrent. C'est alors seulement que les dieux imprudents s'aperçurent qu'il ne restait personne  pour leur faire des offrandes . La faim et la détresse les rendirent fous. Par chance, une famille humaine survécut grâce à la prévoyance du dieu  Enki qui avait invité son fidèle Utnapishtim à se réfugier dans une grande arche de bois avec  ses parents et toute une ménagerie. page 107

Qu' Homo sapiens soit l'espèce la plus puissance du monde ne fait pas de doute. Homo sapiens se plaît
 aussi à penser qu'il jouit d'un statut moral supérieur, et que la vie humaine a bien plus de valeur et que la vie humaine a bien plus de valeur que la vie des cochons, des éléphants et des loups, ce qui est moins évident. La vie humaine est-t-elle plus précieuse que la vie porcine pour la simple raison que la communauté des hommes est plus puissante que celle des cochons. Les Etats-Unis sont plus puissants que l'Afghanistan, cela signifie-t-il  que les vies américaines aient intrinsèquement plus de valeur que les vies afghanes. page 117

Parmi les étudiants (aux Etats-Unis) de niveau licence, 46o/o croient au récit biblique de la création, tandis que 14o/o seulement que les humains pensent que les humains ont évolué  sans supervision divine. page 119
 
L'esprit est toute autre chose que l'âme. Ce n'est pas une entité mystique éternelle. Ni un organe comme l'œil ou le cerveau. L'esprit est  plutôt un flux d'expériences  subjectives, comme la douleur et le plaisir, la colère et l'amour. Ces expériences mentales  sont faites de sensations,  d'émotions et de pensées étroitement liées qui étincellent un instant  et disparaissent aussitôt.
L'âme est une histoire que d'aucuns acceptent et d'autres rejettent. pages 122, 123
 
Pour monter une révolution, le nombre ne suffit jamais. Les révolutions sont généralement l'œuvre de petits réseaux d'agitateurs, non des masses. Si vous voulez lancer une révolution, ne vous demandez pas : " combien de gens  soutiennent mes idées?" , mais plutôt: "Parmi mes partisans , combien sont capables  de coopérer efficacement?" page 150
 
La Roumanie s'effondra  quand 80 000 personnes, sur la place  centrale de Bucarest, comprirent  qu'elles étaient plus fortes que le vieil homme à la toque  de fourrure sur le balcon. page 153
 
Il est relativement facile de reconnaître que l'argent est une réalité intersubjective. La plupart des gens admettent aussi volontiers que les anciens dieux grecs, les empires du mal et le système de valeurs des cultures étrangères n'existent qu'en imagination. Mais nous ne voulons pas accepter que notre Dieu, notre nation ou nos valeurs soient de simples fictions, parce que ce sont ces choses qui donnent sens à notre vie. Nous voilons croire que nos vies ont un sens objectif, et que la portée de nos sacrifices va au-delà des histoires que nous nous racontons. En vérité, pourtant, la vie de la plupart des gens n'a  de sens qu'à travers le réseau d'histoires  qu'ils se racontent.  page 164
 
Ainsi va l'histoire. Les gens tissent une toile de sens, y croient de tout leur cœur, mais tôt ou tard la toile s'effiloche; quand on se retourne vers le passé, on ne comprend pas comment on a pu la prendre au sérieux. ...Dans cent ans, notre croyance à la démocratie et aux droits de l'homme pourrait paraître tout aussi incompréhensible à nos descendants. page 167
 
A la fin du XIXè siècle, diverses puissances européennes revendiquèrent des territoires africains. Craignant que ces prétentions ne débouchent sur une guerre européenne générale, les parties concernées se retrouvèrent à Berlin en 1884 et se partagèrent l'Afrique comme un gâteau. Or une bonne partie du continent restait terra incognita pour les Européens. Les Britanniques, les Français et les Allemands disposaient de cartes exactes des régions côtières et savaient où, précisément, le Niger, le Congo et le Zambèze se jetaient dans l'océan. En revanche, ils ne savaient pas grand - chose du cours de ces fleuves à l'intérieur des terres, des royaumes et des tribus qui vivaient sur leurs rives, ou de la religion, de l'histoire et de la géographie locale. Cela n'importait guère aux diplomates européens. Sur une table bien astiquée de Berlin, ils déroulèrent une carte à moitié vide de l'Afrique, esquissèrent quelques traits ici ou là, et se partagèrent le  continent.
Quand le moment venu , les Européens s'y aventurèrent munis de leurs cartes, ils découvrirent que nombre de frontières  tracées à Berlin, rendaient mal justice à la réalité géographique, économique et ethnique de l'Afrique. Toutefois, pour ne pas éveiller des  tensions, les envahisseurs s'en tinrent à  leurs accords et ce lignes imaginaires devinrent les frontières effectives des colonies européennes. Dans la seconde partie du XXè siècle, avec la désintégration des empires européens, les colonies accédèrent à l'indépendance. ...Beaucoup de difficultés que traversent les pays africains actuels, viennent de ce que leurs frontières ont peu de sens. Quand les écrits fantaisistes des bureaucraties européennes se heurtèrent à la réalité africaine, ce fut la réalité qui dut céder. pages 186, 187
 
...En 1850, de notre ère, malgré les immenses réalisations des dynasties chinoises, des empires islamiques et des royaumes européens, la vie de la personne moyenne n'était pas meilleure -  et pouvait être pire - que celle des chasseurs-cueilleurs archaïques. En 1850, un paysan chinois ou un ouvrier d'usine de Manchester travaillaient plus longtemps que leurs ancêtres-cueilleurs ; leurs tâches étaient physiquement plus rudes , et mentalement moins épanouissantes ; leur alimentation était moins équilibrée ; leurs conditions d'hygiène incomparablement pires; et les maladies infectieuses bien plus répandues. page 194
 
Trop souvent, on confond la religion avec la superstition, la spiritualité, la croyance en des forces surnaturelles ou la croyance en des dieux. page 199

La révolution religieuse centrale de la modernité n'a donc pas été la perte de la foi en Dieu , mais le gain de la foi en l'humanité. page 244

L'humanisme nous a appris qu'une chose ne peut être mauvaise que si quelqu'un en souffre. Le meurtre n'est pas répréhensible parce que quelqu'un a déclaré un jour : "Tu ne tueras pas" .Il est mal parce qu'il inflige des souffrances terribles à la victime , aux membres de sa famille et à ceux qui la connaissaient . page 248

En 1968, le monde occidental fut balayé par une vague de contestation et d'émeutes. Lors du tristement massacre de Tlatelolco , les forces mexicaines de sécurité tuèrent des milliers d'étudiants; à Rome,  les étudiants affrontèrent la police italienne dans la bataille de Valle Giulia; et l'assassinat de Marin Luther King provoqua des journées  d'émeutes et de manifestations dans plus d'une centaine de villes américaines. En mai, les étudiants investirent les rues de Paris ; De Gaulle s'éclipsa un temps dans la base militaire française en Allemagne  et les nantis tremblèrent dans leurs lits, assaillis de cauchemars de guillotine.
En 1970, le monde comptait cent trente pays indépendants , mais seulement trente démocraties libérales, la plupart serrées dans un coin nord - ouest de l'Europe. page 287.

L ' islam, le christianisme et les autres religions traditionnelles restent des acteurs importants. Mais leur rôle est maintenant largement  réactif. Dans le passé, c' étaient des forces créatrices. Le christianisme, par exemple, a propagé la notion jusqu'ici hérétique, que tous les humains sont égaux, devant Dieu, changeant ce faisant les structures politiques, les hiérarchies sociales et même les relations entre genres. Jésus est allé encore plus loin . dans son sermon sur la montagne, affirmant que les faibles et les opprimés sont les préférés de Dieu, renversant la pyramide du pouvoir  et fourbissant des munitions pour des générations de révolutionnaires. Outre les réformes sociales et éthiques, le christianisme fut responsable d'importantes innovations économiques et technologiques. L'Eglise catholique instaura le système administratif le plus raffiné de l'Europe médiévale et fut pionnière en matière d'archives, de catalogues, d'horaires et autres techniques de traitement des données. Le Vatican était , dans l'Europe du XIIè siècle, ce qui se rapprochait le plus de la Silicon Valley. L'église créa les premières sociétés économiques d'Europe - les monastères qui, un siècle durant, furent le fer de lance de l'économie européenne et introduisirent des méthodes agricoles et administratives de pointe. les monastères furent les premiers à utiliser des horloges et des siècles durant, avec les écoles-cathédrales, ils furent les premiers centres du savoir les plus importants, contribuant à fonder les premières universités d'Europe, dont celle de Bologne, d'Oxford et de Salamanque. pages 297, 298
 
L'essor de l'Internet nous donne un avant-goût de ce qui nous attend. Le cyberespace est désormais essentiel à notre économie et notre sécurité. Les choix critiques entre différents modèles de web n'ont pourtant pas  été le fait  de processus politiques  démocratiques, alors même qu'il touchaient à des problèmes politiques traditionnels , comme la souveraineté , les frontières , la vie privée et la sécurité. Avez-vous jamais voté pour décider  de la forme de cuber-espace? page 402
 
Les électeurs ordinaires commencent à pressentir que le mécanisme démocratique ne leur donne plus de pouvoir. Le monde change tout autour d'eux, et ils ne comprennent  ni pourquoi ni comment. le pouvoir leur échappe, mais ils ne savent pas trop où il est passé. En Grande Bretagne, les électeurs imaginaient que le pouvoir avait sans doute échu à l'Union européenne: ils ont donc voté pour le Brexit. Aux Etats-Unis, ils imaginaient que l'establishment monopolisait tout le pouvoir;=: ils ont donc soutenu des candidats anti-establishment come Bernie Saunders  et Donald Trump.  La triste vérité est que personne ne sait où est passé le pouvoir. Que la grande Bretagne quitte l'Union européenne  ou que Donal Trump s'installe à la Maison Blanche, il est clair que les électeurs ne reprendront pas le pouvoir. Cela ne veut pas dire que nous reviendrons aux dictatures  du XXè siècle. page 404

 

mardi, janvier 02, 2018

LA HAINE DE L'OCCIDENT ( Jean Ziegler)
 
Où qu'il aille, dans l'exercice de ses fonctions internationales, Jean Ziegler est frappé par l'hostilité de principe que les peuples du Sud manifestent  à l'endroit de ceux du Nord. Jusqu'à rendre parfois impossible l'adoption de certaines mesures d'urgence en faveur des plus démunis.
Dans ces conditions, localiser les racines de la haine  que le Sud voue désormais à l'Occident, et réfléchir aux moyens propres à l'extirper, est devenu une question de vie ou de mort pour des millions d'hommes , de femmes et d'enfants à la surface du globe.
Comment contraindre le nouvel ordre du capitalisme mondialisé à cesser de soumettre le reste du monde à sa domination meurtrière, comment conduire l'Occident à assumer ses responsabilités ? Comment faire en sorte qu'au  Sud , l'horizon de l'état de droit ne soit pas récusé du fait des injustices  qui sont commises en son nom? Dans quelles conditions  le dialogue peut-il être renoué? 
Des réponses sont apportées à ces questions au long d'un parcours  documenté, riche en expériences de terrain - du Nigéria à la Bolivie, des salles de conférences internationales aux villages les plus déshérités de la planète - sur un mode toujours vibrant et engagé. En forme d'hommage , si l'on veut, aux deux puissantes  voix tutélaires qui hantent ce livre , celle d'Aimé Césaire et celle de Wole Soyinka.