mercredi, octobre 28, 2020
L' ARMEE DES PAUVRES ( B. Traven) 1937
mardi, octobre 20, 2020
LAKE SUCCESS ( Gary Shteyngart) 2020
A quarante-trois ans, Barry Cohen, New-Yorkais survolté à la tête d'un fonds spéculatif de 2,4 milliards de dollars, est au bord du précipice. Sous le coup d'une enquête de la Commission boursière, accablé par la découverte de l'autisme de son jeune fils, il prend une décision aussi subtile qu'inattendue et embarque dans un car Greyhound. Destination: le Nouveau Mexique où demeure celle qui jadis fut son premier amour et avec qui, il imagine pouvoir refaire sa vie. Un e vie plus simple, plus s aine, plus heureuse. Commence alors une folle traversée du continent. D'est en ouest, de highways et freeways, Barry découvre une autre Amérique: celle des marginaux, des pauvres, des déclassés. Pendant que sa femme entame une liaison avec un romancier, Barry fonce vers une improbable rédemption. Sans se départir de son humour loufoque, Gary Shteyngnart dresse le portrait d'une Amérique déboussolée à la veille de l'élection de Trump et nous entraîne dans un road-trip qui tient plus des montagnes russes que du voyage d'agrément.
BOF.....
dimanche, octobre 11, 2020
MARCHER LA VIE. UN ART TRANQUILLE DU BONHEUR David Le Breton. 2020
La marche connaît un succès planétaire en décalage avec les pratiques de sédentarité ou de sport en salle prédominant dans nos sociétés. Cette passion contemporaine mêle des significations multiples pour le même marcheur: volonté de retrouver un monde par corps, de rompre avec une vie trop routinière, de peupler des heures de découvertes, suspendre les tracas du jour, désir de renouvellement, d'aventure, de rencontre.
Une marche sollicite toujours au moins trois dimensions: on la rêve d'abord, on l'accomplit, et ensuite on s'en souvient, on la raconte. Même terminée, elle se prolonge dans la mémoire et dans les récits que l'on en fait: elle vit en nous et est partagée avec les autres.
Dans ce livre - ludique , intelligent et stimulant - , l'auteur revient sur le plaisir et la signification de la marche, et nous en révèle les vertus thérapeutiques face aux fatigues de l'âme dans un monde de plus en plus technologique.
Depuis une vingtaine d'années, la marche connaît un succès planétaire en décalage avec les valeurs les plus ancrées dans nos sociétés. Cette passion contemporaine mêle des significations multiples pour le même marcheur: volonté de retrouver le monde par le corps, de rompre avec une vie routinière, de peupler les heures de découvertes, suspendre les tracas du jour, désir de renouvellement, d'aventure, de rencontre.... La vie ordinaire est souvent faite d'une accumulation d'urgences qui ne laissent plus de temps à soi...pagre 14
Autrefois, on marchait pour arriver, par nécessité, à défaut d'avoir les moyens d'acheter une bicyclette, une mobylette ou une voiture. Aller à pied n'était pas un privilège mais une nécessité. Le chemin importait peu, seule la destination comptait. page 15 Dans les années 50, en France, on marchait en moyenne sept kilomètres par jour. Aujourd'hui, à peine trois cents mètres. page 16 ..Nelson Mandela parcourait chaque jour plusieurs kilomètres dans l'étroitesse de sa cellule. Il marchait pour reprendre corps dans son existence à travers l'affirmation de son désir là où les gardes lui imposaient de casser les cailloux. page 18
Dans le monde de l'hyperconnexion, les conversations deviennent rares. Quand elles existent, elles sont souvent rompues par des interlocuteurs toujours là physiquement mais qui disparaissent soudain après une sonnerie de leur portable ou dans le geste addictif de retirer ce dernier de leur poche dans la quête lancinante d'un message quelconque qui rend secondaire la présence bien réelle de leur vis -à -vis. La conversation s'efface au profit de la communication, et cette dernière implique la virtualité, la distance, la décorporation, l'absence physique ou morale. A l'inverse, la conversation sollicite une disponibilité, une attention à l'autre, la valeur du silence et du visage ..../Cheminer ensemble est un éloge de la conversation, de la disponibilité à l'autre. Quant au marcheur solitaire, il est dans un seul lieu, ouvert aux événements, plongé dans sa rêverie, dans un dialogue intérieur sans fin. pages 18, 19..;La marche est une plongée en soi de quelques heures ou de quelques semaines, un décrochage des soucis du quotidien.. Page 20 Marcher, c'est exister au sens fort . Page 22
Rousseau dit à maintes reprises: " J'aime à marcher à mon aise et m'arrêter quand il me plaît". page 29 Dans la marche prime le cheminement et non l'arrivée, pas après pas, tous ont leur importance. page 32 L'humain n'a pas de racines mais des jambes qui l'emmènent là où il le souhaite. page 36
L'humanité est désormais assise, encombrée d'un corps et d'une bipédie qu'elle voit de plus en plus comme un handicap. page 36 Emprunter une route, c'est négliger toutes les autres. page 43 Tout choix est sacrifice. on ne sait jamais ce que l'on perd ou ce que l'on gagne en décidant de prendre ce sentier plutôt qu'un autre. page 43 Sauf exception pour ceux qui se sont sérieusement égarés, le GPS est contraire à la philosophie de la marche. Il transforme le chemin en parcours., il le subordonne au but, et le dissout en pur passage indifférent. Il efface la poétique du monde. page 46
Le Boudha, le Christ, Mahomet sont d'abord des hommes à pied, livrés à leur seul corps et dont la parole se répand au rythme de leurs déambulations et de leurs rencontres avec les autres. page 67....En marchant, on change son corps, ses perceptions sensorielles, ses émotions, son temps, son espace. Le marcheur transforme sa connaissance du monde, il abandonne les écrans, ou n'en use qu'à de rares moments.. Page 83 Marcher c'est d'abord savoir s'arrêter, regarder, prendre son temps - un temps bien différent du temps humain - savoir attendre, garder en soi cette patience ...page 85 ( chez les Indiens Lakota) Le sol apaisait; fortifiait, lavait et guérissait. C'est pourquoi les vieux Indiens se tenaient à même le sol plutôt que de rester séparés des forces vives. S'asseoir ou s'allonger leur permettait de penser plus profondément, de sentir plus vivement; ils contemplaient alors avec une plus grande clarté les mystères de la vie et ils se sentaient plus proches des forces vivantes. page 99...Pour les Aborigènes australiens, les paysages ont été façonnés par leurs ancêtres lors de leurs déambulations. ..Les Aborigènes connaissent des cartes sonores issues du commencement du monde telles que leurs aînés les ont léguées. .Des chants décrivent avec précision des paysages innombrables, racontent les épisodes de la création, ils jalonnent tous les parcours. ( Bruce Chatwin : Le Chant des Pistes) page 103...Dans la cosmologie japonaise, l'homme est inclus dans la nature.. Page 103 Les mythologies andines voyaient également la terre comme un corps vivant avec des veines composées de rivières, les herbes figurant les cheveux etc....page 104 .. .Pour nos sociétés, la nature, les arbres, les animaux, sont radicalement distingués de l'humain. .page 105 Le voyage dans la géographie est toujours doublé par le voyage dans l'histoire, mais inaccessible le plus souvent car se sont des siècles, des millénaires parfois qui ont façonné l'espace. page 107...La marche solitaire , même de quelques heures, aiguise le sentiment de la présence au monde, elle confère une liberté de conscience et e mouvement. Le regard n'appartient qu'à soi, de même le temps et la méditation. Rien ne trouble le vagabondage de la pensée. page 117 La marche en solitaire est cosmique en ce qu'elle n'impose aucune distraction entre l'individu et le monde, elle sollicite les ressources intérieures, sans la diversion provoquée par les conversations avec les autres, ou la nécessité de tenir compte de leur présence et de partager leur emploi du temps. page 121 Marcher en couple ou avec un (e) ami (e) exige une attention à l'autre, chacun progresse à son rythme, dans sa propre intériorité, non sans partage quand un lieu ou une trouvaille arrête les regards. page 122 Le fait d'être à plusieurs à regarder la beauté d'un paysage, avec les commentaires des uns et des autres, arrache à la méditation, à la transcendance que le marcheur solitaire vit de plein fouet ou en couple. dans un silence de complicité. page 123
Marcher , c'est reprendre corps, cesser de perdre pied et de faire des faux pas. On ne sort pas seulement de chez soi, on sort surtout de soi. page 141 Plus jeune, je suis parti pour un voyage que je pensais sans retour. Je voulais disparaître. C'était au Brésil. J'y ai fait la traversée de la nuit pour me convaincre de vivre...Je marchais sans fin mais rien à l'époque ne ralentissait ma chute, le sentiment que mon existence n'avait pas de sens . c'est le retour seulement qui m'a soudain donné la conviction d'une sorte de renaissance ...Les voyages...ne mènent jamais qu'à soi quel que soit leur itinéraire., même le plus invraisemblable...;Finalement le vrai voyage, c'est de se quitter soi, non pas de partir ailleurs. page 155...;Une marche solitaire sollicite toujours au moins trois dimensions: on la rêve, d'abord, on l'accomplit, et ensuite, on s'en souvient, on la raconte. Même terminée, elle se prolonge dans la mémoire et dans les récits qu'on en fait. page 156...;On ne marche pas avec le même abandon quand le portable est toujours sous la main...On emporte son univers personnel avec soi, on n'est plus dans l'émerveillement du monde, dans la présence à ce qui est, mais on reste dans une dimension profane, rassurante , sécurisante.. Au retour , le marcheur n'a plus rien à raconter car il a dilapidé en menue monnaie la valeur de ses souvenirs par ses connexions innombrables. page 157
vendredi, octobre 09, 2020
ROUGE IMPERATRICE ( Léonora Miano) 2019
Dans un peu plus d'un siècle, nous voici à Katiopa: un continent africain presque entièrement unifié, devenu prospère, où les Sinistrés de la vieille Europe sont venus trouver refuge.
Les Fullasi, descendants d'immigrés français, qui avaient quitté leur pays au cours du XXI è siècle , parce qu'ils s'estimaient envahis par les migrants, sont désormais appauvris et recroquevillés sur leur identité.
Le chef de l'Etat veut expulser ces populations inassimilables, mais la femme dont il tombe amoureux est partisane de leur tendre la main.
La rouge impératrice, ayant ravi le coeur du héros de la libération du Continent, ne risque-telle pas de désarmer sa volonté?
Par les "durs " du régime, il faut à tout prix séparer le couple contre- nature, car cette passion menace de devenir une affaire d'Etat.
Jouant avec les codes de l'utopie et les techniques narratives de la série, cette vaste fresque poétique et politique, d'une ampleur rares, opère un renversement ironique: l'obsession nationaliste et le malaise des minorités y sont mis en scène dans un environnement panafricain.
J'ai lu une quarantaine de pages et je n'ai pas "accroché", J'arrête la lecture.