Psychiâtre, psychanaliste et victimologue, Marie-France Hirigoyen s'est spécialisée dans l'étude de toutes les formes de violence: familiale, perverse et sexuelle.
Dans toutes les sociétés développées, la montée de la solitude est devenue un phénomène social majeur. Alors que les interactions entre individus sont permanentes, voire envahissantes, de nombreuses personnes éprouvent un sentiment douloureux d'isolement. Et, en même temps, beaucoup d'autres ont choisi de vivre seules. Dans ce livre , riche de nombreux cas issus de son expérience clinique, Marie-France Hirigoyen montre que cette réalité est le fruit de cette mutation profonde des rapports hommes/femmes , encore inaboutie.
La solitude est différente de l'isolement car elle dépend pas de l'extérieur mais d'un état intérieur. page 14
Un espace libre est nécessaire pour s'interroger sur soi, sur ses désirs, page 15
Il y a désir de ce qui manque . Il n'y a pas désir de ce qui ne manque pas (Socrate) Page 125
L'isolement que chacun rencontre dans sa vie privée n'est que le reflet de l'individualisme qui prévaut de longue date.
L'individu est au centre de notre monde mais il y est seul. page 125
Par peur du vide et de l'angoisse qu'il peut produire, nous nous agitons, nous courons d'une activité à l'autre sans nous laisser la moindre pause. page 128
dans un monde d'apparence, ce qui importe, ne n'est pas ce que l'on est mais ce que l'on donne à voir, ce ne sont pas les conséquences lointaines de nos actes, mais les résultats immédiats et apparents. page 131
Alors qu'autrefois on se mettait en couple dans le but de fonder une famille et de transmettre des valeurs à la génération suivante, beaucoup attendent donc aujourd'hui que la vie de couple répare leur malaise intérieur, comble leur vide. page 72
Accepter une solitude relative, c'est aussi se donner les moyens de sortir de la futilité et d ela superficialité d'un monde narcissique. page 73
C'est bien sûr une force de ne pas être dépendant de ce que les autres peuvent penser , mais cette position n'est pas facile à tenir. page 169
Loin d'être toujours le signe d'un trouble de caractère, le fait d'être seul peut être, au contraire, - de plus en plus- souvent d'ailleurs- celui d'un riche personnalité. page 184
La capacité de rester seul est une ressource précieuse qui permet d'être en contact avec ses sentiments les plus profonds, de développer son imagination créatrice et de mieux supporter la perte.
page 185
Accepter la solitude, c'est cesser de dépendre du regard de l'autre et assumer sa propre responsabilité de ce que l'on est, savoir ce que l'on vaut par soi-même, compter sur soi et non sur les autres. page 188
La capacité d'être seul est souvent le fait de personnalités fortes, dont le caractère a été forgé dans l'enfance, ou bien elle peut avoir été imposée par les circonstances de la vie, puis acceptée et apprivoisée, pour finir, parfois, par être revendiquée comme un choix. Ces personnes ont trouvé dans la solitude une liberté à laquelle il leur est ensuite difficile de renoncer. page 190
Le rapport à la solitude constitue une étape importante de maturation. Elle nous permet de chercher en nous, nos dimensions intérieures et de nous ouvrir à la création car, quand on est seul, toute sensation, toute pensée se trouvent aiguisées. "Pénétrer en soi-même et ne voir personne durant es heures, voilà ce à quoi il faut être capable de parvenir". R.M. Rilke page 190
Pour vivre, écrit Christian Bobin, il faut avoir été regardé au moins une fois. Et après, quand cette chose-là a été donnée, vous pouvez être seul. La solitude n'est jamais mauvaise "
La Grâce de la solitude)