lundi, décembre 29, 2008

MOBY DICK (Herman Melville)

Gros pavé de 800 et quelques pages!!

Quiequeg, natif de l'île de Rokovoko, veut embarquer sur un baleinier, le capitaine le refuse mais il arrive malgré tout à se hisser à bord.
En vain, le capitaine le menaça-t-il de le jeter par-dessus bord; même un coutelas posé sur ses poignets nus reta sans effet: Quiqueg était fils de roi; et Quiequeg ne broncha pas. Tant d'intrépide obstination désespérée, tant de courage et un désir farouche de visiter la Chrétienté étonnèrent le capitaine qui finit par céder: il lui offrit libéralement l'hospitalité de son bord. Toutefois, notre jeune et magnifique sauvage, ce prince de Galles des mers, ne contempla jamais la cabine du capitaine: on le nomma au poste d'équipage et ils firent de lui un baleinier. Tel le tzar Pierre le Grand qui se montrait content de besogner dans les chantiers des ports de l'étranger, Quiequeg n'avait non plus ni honte ni dédain de tâches apparemment ignominieuses, qui pouvaient enrichir le plus heureusement ses aptitudes et son pouvoir d'éclairer ses ignorants compatriotes.. Car, ce qui le poussait, au fond, - ainsi qu'il me l'a dit- , c'était le désir ardent d'apprendre chez les chrétiens les moyens et les arts qui pourraient rendre ceux de son peuple plus heureux- plus heureux, oui, et surtout meilleurs qu'ils n'étaient. Mais hélas! la pratique de la vie des chasseurs de baleine eut tôt fait de convaincre Quiequeg que les chrétiens eux-mêmes pouvaient être à la fois des malheureux et des misérables, et à un degré infiniment pire que les sujets de son père....Ce monde , se dit-il, est tout aussi mauvais , calamiteux et pervers sous toutes les latitudes; pourquoi changer? Je mourrai tel que je suis né: païen. Page 122
En se mettant à pousser la brouette, à son tour, il me raconta l'amusante histoire de son premier contact avec cet engin. C'était à Sag Harbour. Pour qu'il transportât son pesant coffre jusqu'à son logement, les armateurs de son vaisseau, lui avaient prêté une brouette. Il n'en avait jamais vu et ne savait le moindre du monde comment s'en servir; mais ne voulant paraître ignorant, il avait arrimé solidement son coffre sur le véhicule et s'en était allé, portant le tout sur son dos. "Mais , voyons, Quiequeg, tu aurais tout de même pu savoir! ...m'exclamai-je. les gens n'ont-ils pas rigolé?" Page 125

mardi, décembre 16, 2008

SALOGI'S (Barlen Pyamootoo)

Barlen Pyamootoo est né à l'île Maurice et ce livre a pour titre le nom de sa mère: Salogi et raconte sa vie.
...lui expliquer que la vie , c'est des coups durs à encaisser, parce qu'il n'y a rien d'autre à faire. page8
Tout pouvait se jouer lors d'un mariage: des jeunes gens s'y affichaient pour rencontrer l'âme soeur, les parents enquêtaient discrètement sur la famille et les sentiments de l'amoureux ou l'inverse, et des marieurs se démenaient dans l'arrière-cuisine pour conclure des alliances. Cela peut paraître pittoresque mais dans les années cinquante, le mariage et la messe étaient les seules échappées des pauvres, des opportunités pour les jeunes de rêver à l'amour et à une autre vie. Et c'est donc à un mariage, celui de son cousin Canavaldi à Cure-Pipe, que ma mère a rencontré mon père. page 38
J'ai eu cette chance d'avoir beaucoup lu dans mon enfance et mon adolescence et de porter en moi des histoires qui , aujourd'hui encore, m'obsèdent, m'éreintent, parfois, me brisent et des personnages étranges et vaguement effrayants qui appartiennent à des époques révolues et habitent à jamais des pays inconnus, mais dont le corps et la voix pourraient être miens. J'ai eu aussi la chance d'avoir été nourri par tant de langues si différentes: le créole, ma langue maternelle, mon substrat; l'anglais et le français à l'école, sauf dans la cour de récréation où rayonnait le créole; le tamoul que j'apprenais également à l'école, mais qui appartenait surtout aux cérémonies religieuses; le bhojpuri, une langue indienne courante à la campagne, dans laquelle mon père et ma mère conversaient; et d'autres langues encore qui me parvenaient sans écho d'une boutique chinoise, de la radio ou d'une salle de cinéma. page 81