Dans ce pays, tout particulièrement, un paradis, même s'il est peuplé d'indigents, autant de richesse inutile devrait ébranler toute forme d'indifférence....En Patagonie, ce n'est pas seulement l'argent qui fait défaut mais l'imagination, l'audace....Ce n'est pas leur faute mais celle de la dictature - elle a produit une génération de parents pleins de ressentiment - et de la dissolution de l'Etat. Il y aurait tant à faire ici. Il suffirait d'esprits plus ouverts, d'un Etat qui finance simplement l'irrigation au goutte-à-goutte, l'énergie éolienne et le goudronnage des voies de communication. page 167
Les éleveurs ont misé sur la globalisation et la globalisation les a écrasés. page 181
Derrière la fenêtre, un vent antarctique a soufflé toute la nuit, pareil à celui qui a dû faire perdre la tête à Amundsen et à Scott. page 183
Je pense au regard un peu paradoxal des gens qui, comme moi, voyagent beaucoup et finissent involontairement par devenir des sortes de correcteurs de voyages...Il me semble que le voyageur , qu'il le veuille ou non, finit par réécrire non seulement le souvenir de ses voyages mais aussi le paysage qu'il a traversé. On n'a d'yeux que pour les gens et les rencontres, les découvertes donnent aux voyages une dimension unique, inestimable...Plus que les paysages contemplés, le souvenir des gens rendra la mémoire du voyage plus puissante et plus précise. page 185
dans cette immense vacuité, impossible de ne pas remarquer que la richesse de la Patagonie à l'aube du XXIè siècle n'est plus liée au pétrole, au bétail, ou à l'activité portuaire mais au tourisme. ...Pour le moment les seuls visiteurs sont les Européens discrets et silencieux, admirateurs de l'immensité vide et adeptes de la pondération. Mais un jour, arriveront les Américains du Nord et ce sera le carnaval des dollars. Il faudrait se préparer à recevoir la richesse qu'ils sont capables de dispenser mais aussi de contrôler les désastres qu'ils provoquent inexorablement. pages 195, 196
Il s'agit d'un canyon...On l'appelle le Pinturas, certainement parce que les parois donnant au nord sont couvertes de centaines de peintures rupestres: mains, cerfs, silhouettes et toutes ces choses peintes sur les rochers il y a des milliers d'années pour marquer son identité, convoquer les gibiers ou les dieux eux-mêmes...page 200
...Me voici maintenant dans ce lieu isolé du monde, sans télé, sans radio, et le silence est une bénédiction. page 201
En Patagonie, les crochets donnent parfois lieu à d'heureuses découvertes. dans la vie aussi. page 205
Avec un mélange de chagrin et de culpabilité, je sens que notre voyage se termine. J'ai toujours été un exilé et je connais bien ce sentiment....J'ai dû vivre un exil forcé de presque dix ans, il a déterminé mon existence, l'a modifié page 225
Il n'y aura jamais d'investissements en Patagonie si on ne prépare pas le changement: voilà ce que les responsables locaux se refusent à comprendre. Mais pour cela, il faut éduquer, goudronner, établir des colons et leur donner des crédits, il faut mettre à profit l'énergie peu coûteuse et exercer un contrôle impitoyable sur l'homme, ce terrible ennemi de la nature. page 229
De nombreux nazis ont trouvé sur la cordillère des paysages alpins,, des versions germaniques de la Forêt Noire ...cette protection offerte aux nazis en fuite est la plus grosse dette envers l'humanité contractée par Juan Domingo Péron âge 230
La Patagonie est sans doute merveilleuse mais ces territoires vides, ces immensités parfaites qui nous ramènent toujours à la véritable dimension de notre petitesse, à notre fugacité et à notre importance infinitésimale sont également accablants...Il serait bon que tous ces leaders mondiaux, tous ces présomptueux , tous ces paons ... viennent prendre un bain de Patagonie .Le monde serait sans doute différent. Meilleur.Page 232