lundi, novembre 26, 2012

LE FEU DE SHIVA (Suzanne Fisher Staples)

Un autre livre sur l'Inde, bien plus court que le précédent.

Un jour où un cyclone dévaste un village au sud de l'Inde, naît une petite fille, Parvati.Elle grandit entourée de l'hostilité des villageois  persuadés qu'elle a des pouvoirs surnaturels. Les pas de danse de la fillette semblent provoquer des événements étranges. Seule, sa mère ; croit en elle. Parvati n'a qu'un rêve: danser comme le dieu Shiva. Un grand maître de danse indienne découvre ses talents et l'invite à Madras où elle se soumet à un programme rigoureux  d'étude et de discipline. Une  rencontre avec un jeune homme exceptionnel va faire basculer sa vie.

Parvati doit affronter les superstitions, les inégalités sociales, les préjugés pour parvenir à ses rêves.

mercredi, novembre 21, 2012

DES LANTERNES A LEURS CORNES ATTACHEES ( Radhika JHA)

L'héroïne originale et symbolique de ce roman est une vache. Une  vache surgit de la forêt et c'est le début d'une grande histoire qui va faire de l'humble Ramu et de sa femme Lakshmi les sauveurs de leur village. Jusque là, leur village de Nandgaon vivait à l'écart du monde, dans une sorte de paradis préservé: pas de route, le chef du village prenait seul les décisions  et tout le monde se remettait à lui pour sa vie privée, de travail etc...
A l'insu de tous, Lakshmi fait inséminer la vache venue de la jungle . Tout le village va être bouleversé. Le veau qui naît est bien plus grand et fort que les autres, devenue vache, elle donne bien plus de lait. ramu et son épouse en donne à ceux qui sont dans le besoin et en vendent à l'extérieur. Ainsi; ils peuvent s'offrir une maison avec un toit qui ne fuit pas, une bicyclette etc...Pendant ce temps, les villageois font confiance à leurs dieux, déesses, prêtres, chef du village, craignent la modernité etc..

Manoj propose d'inséminer la vache:
"Que faire sahih s'il est dans notre destin  d'être pauvres? Comme il est dans le vôtre d'être riches.
-Ce n'est pas vrai, je ne suis pas riche.Mais nul n'est destiné à être pauvre.Cela c'était vrai autrefois. Aujourd(hui, il est possible de faire des choses dont on n'aurait même pas rêvé  il y a quelques années....Pourquoi devriez-vous rester pauvres alors que la science pourrait faire de vous des hommes riches? questionna-t-il avec passion. page 110

Patel, (chef du village) finit par dire Keshu,  sans lever les yeux , vous êtes un père pour nous,:vous nous avez donné de la terre pour bâtir nos maisons, des champs où nos femmes peuvent se rendre sans péril pour leur honneur et un lavoir aussi A notre tour, nous avons essayé d'être des fils loyaux. Jamais nous ne vous avons refusé d'accomplir une tâche.Grâce à  nos soins, vos champs ont embelli et vos bêtes se sont multipliées. Nous avons servi vos enfants et leurs familles avec la même dévotion, et nous continuerons à le faire....Jusqu'à présent, nous n'avons jamais eu besoin d'un dieu; c'était vous notre dieu. Aujurd'hui, je vois un homme . page 438

lundi, novembre 12, 2012

TOUT BOUGE AUTOUR DE MOI (D. Laferrière)

Je n'ai pas lu le livre en entier  (le séïsme qui a détruit Port-Au-Prince  en 2010) mais une personne m'a indiqué qqs pages intéressantes. Voici ce que j'ai noté:
La folie
"Les  problèmes de la santé mentale sont au bas de la liste des maladies courantes. De toute façon, la folie n'est pas considérée comme maladie mais comme un mauvais coup du destin. C'est consolant de savoir que dans les pays pauvres, on n'exclut pas les fous. Ils occupent leur fonction de fou avec le droit de faire le fou. Par contre, dans les pays plus fortunés où ils reçoivent des soins particuliers, le fou est mis à part. Il n'a  aucune fonction sociale. Il fait honte , on le cache. Page 161

Le rire et la mort:
Les hommes ne sont pas arrivés à domestiquer la mort. Elle reste tribale, triviale et tripale.C'est la mort qui est à l'origine de la vie, et non le contraire. page 162

Vie collective:
Vivre en groupe exige un tact constant si non ne veut pas bousculer les autres.Les plus pauvres ont une longueur d'avance, ils sont habitués à se frôler constamment et n'ont pas peur de se toucher.Tandis que d'autres éprouvent une réelle répulsion à se frotter à des individus qu'ils jugent d'une classe inférieure. page 175

L'hôpital
Dans ce pays, on ne va  à l'hôpital que quand la douleur devient insoutenable. Autrement, on ne s'estime pas malade. Vaut mieux ne pas être malade si on ne peut s'acheter des médicaments.Ainsi, on passe de la santé à la mort. La maladie est un luxe qu'on ne peut se permettre  sans moyens. Alors, on meurt sans avoir été malade. de mort subite. page 176

dimanche, novembre 11, 2012

POUR SEUL CORTEGE (Laurent Gaudé)

En plein banquet à Babylone, Alexandre Le Grand s'écroule terrassé par la fièvre. Ses généraux se pressent près de lui, redoutant la fin mais préparant la suite, se disputant l'héritage et le privilège d'emporter sa dépouille.

Je suis déçue par ce roman de Gaudé. Après Eldorado, Ouragan, je pensais me plonger dans ce nouveau livre. Suis restée sur ma faim. Ceci est mon impression personnelle.

samedi, novembre 03, 2012

LES DESORIENTES (Amin Maalouf)

Ce nouveau roman de Maalouf parle de son pays natal, des personnes inséparables lors de leur jeunesse  qui se sont dispersés, brouillés et perdus de vue, et qui se retrouvent à l'occasion de la mort   de l'un d'eux. Même si ce récit n'est pas une autobiographie, aucun personnage n'est complètement imaginaire.

" Je suis né sur une planète, pas dans un pays. Si, bien sûr, je suis né aussi dans un pays, dans une famille, dans une maternité, dans un lit...Mais la seule chose importante, pour moi comme pour tous les humains, c'est d'être venu au monde. Au monde! Naître, c'est venir au monde, pas dans tel ou tel pays, pas dans telle ou telle nation."' page 59

De la disparition du passé, on se console facilement; c'est de la disparition de l'avenir qu'on ne se remet pas".page 67

Je ne communique pas mes jugements, je ne suis pas un donneur de leçons, l'observation du monde ne suscite chez moi qu'un dialogue intérieur, un interminable dialogue avec moi-même" page72

Le téléphone est insidieux et trompeur. Il installe entre les interlocuteurs une fausse proximité; il favorise l'immédiateté et la superficialité; et ce qui est plus grave, il ne laisse aucune trace. page 164

J'ai toujours eu de l'aversion à la fois pour les riches et pour les pauvres. Ma patrie sociale, c'est l'entre-deux. Ni les possédants, ni les revendicateurs. J'appartiens à cette frange médiane qui, n'ayant la myopie des nantis, ni l'aveuglement des affamés, peut se permettre de poser, sur le monde,  un regard lucide. page 171

Une carapace est protectrice autant qu'elle est pesante, on ne peut s'en défaire sans se mettre à nu. page 207

La plupart des hommes traversent la vie, du berceau jusqu'à la tombe, sans jamais prendre le temps de se demander où va le monde et de quoi sera fait l'avenir....Il faut parfois s'élever au-dessus de la vie quotidienne pour se poser les questions essentielles. page 257

La religion, c'est important mais pas plus que la famille, pas plus que l'amitié, et pas plus que la loyauté. Il y a de plus en plus de gens pour qui la religion dépasse la morale. Ils te parlent du licite, de l'illicite, du pur, de l'impur, avec des citations à l'appui. Moi, j'aimerais qu'on se préoccupe plutôt de ce qui est honnête, et de ce qui est décent. Parce qu'ils ont une religion, ils se croient dispensés d'une morale. page 270

J'ai lu ce témoignage d'un ambassadeur israëlien, dans les années cinquante et  soixante: "Notre mission était devenue délicate, parce qu'il nous fallait persuader les Arabes qu'Israël était invincible, et persuader l'Occident qu'Israël était en danger de mort" Avec le recul, on peut dire que ce diplomate et ses collègues ont remarquablement réussi dans cette mission contradictoire Il ne faut s'étonner , dès lors, que les Occidentaux et les Arabes ne posent pas le même regard sur l'état d'Israël, ni sur l'itinéraire du peuple juif. Page 294

Il y a des moments où l'on a besoin d'être complètement seul avec ses propres délibérations intimes, et où la moindre intervention est ressentie comme une agression. Page 324

Un minoritaire a envie de taire sa différence plutôt que de la mettre en lumière ou de la porter en étendard. Il ne se dévoile que poussé dans ses retranchements - ce qui d'ailleurs finit par se produire. Page 400

Les évangiles contiennent tant d'éléments qui , aux yeux de l'historien sceptique que je suis, sont trop convenus pour être vrais. Selon l'esprit du temps, il fallait que les Apôtres soient douze - comme les douze mois de l'année, comme les douze tribus d'Israël, comme les douze dieux de l'Olympe; et que Jésus meurt à trente - trois ans - l'âge emblématique auquel était mort Alexandre. Il fallait qu'il  n'ait ni frère ni soeur, ni femme, ni enfant, et qu'il soit né d'une vierge.  Bien des épisodes sont manifestement embellis, et peut-être empruntés à des légendes antérieures afin que le mythe soit conforme aux attentes des fidèles....Pour moi, ... la grandeur du christianisme, c'est qu'il vénère un homme faible, bafoué, persécuté, supplicié, qui a refusé de lapider la femme adultère, qui a fait l'éloge du samaritain hérétique et qui n'était pas sûr de la miséricorde du ciel. ( à propos de Eli, Eli , lama shabaqtani"page 402

On parle souvent de l'enchantement des livres. On ne dit pas assez qu'il est double. Il y a l'enchantement de les lire et il y a celui d'en parler. Page 454

C'est l'Occident qui est croyant jusque dans sa laïcité, et c'est l'Occident qui est religieux , jusque dans l' athéïsme. Ici, au Levant, on ne se préoccupe pas des croyances, mais des appartenances.  Nos confessions sont des tribus, notre zèle religieux est une forme de nationalisme. Page 501