mardi, juillet 31, 2012

CE QU'IL ADVINT DU SAUVAGE BLANC ( François Gardee)

"Au milieu du XIXè siècle, Narcisse Pelletier, un jeune matelot français, est abandonné sur une plage d'Australie. Dix-sept ans plus tard, un navire anglais le retrouve par hasard: il vit nu, tatoué, sait chasser et pêcher à la manière de la tribu qui l'a recueilli.. Il a perdu l'usage de la langue française et oublié son nom.
Que s'est-il passé pendant ces 17 années? C'est l'énigme à laquelle se heurte Octave de Vallombrun, l'homme providentiel qui  recueille à Sydney celui qu'on surnomme désormais "le sauvage blanc".


Ce récit est tiré d'une histoire vraie. C'est une réflexion sur l'altérité et sur le complexe de supériorité culturelle.

Quand il parvint au sommet de la petite falaise, il découvrit qu'il était seul. La chaloupe n'était plus tirée sur la plage, ne nageait pas sur les eaux turquoise. La goélette n'était plus au mouillage  à l'entrée de la baie, aucune voile n'apparaissait même à l'horizon. Il ferma les yeux, secoua la tête. Rien n'y fit. Ils étaient partis. Page 9

Alors, il découvrit qu'il était seul. Il poussa un hurlement , qu'aucun navire ne pouvait entendre...Page 11

( Octave de Vallombrun a recueilli Narcisse et est en réunion dans le bureau du gouverneur anglais à Sydney)."Je n'écoutai pas les bavardages des autres participants, qui se félicitaient de ce que aucun  de leurs compatriotes (anglais) n'ait atteint ce degré d'abaissement, et qu'il fallait  décidément  être français pour tomber aussi bas" page 40

Les progrès de Narcisse m'apprennent  d'autres choses, que je ressens confusément  et ne parviens pas à mettre en ordre. Peut-être ne saurais-je jamais rien de ces nègres australiens- mais ce que j'entrevois à travers le parcours de Narcisse est porteur d'enseignements d'une autre nature, et qui ne me semblent pas moins importants...Narcisse ne parvient pas  à écrire, ni à penser le futur, ni à raconter son séjour. Je croyais au début  que son esprit  n'était qu'une page blanche sur laquelle mes leçons allaient se graver, ou une cire molle sur laquelle j'imprimerai ma marque  page105

Il faudrait reconnaître comme civilisées les coutumes barbares que Narcisse révèle chaque instant?   Cela ne se peut. page 110

Je regarde Narcisse qui regarde la mer. (en route vers la Grande Bretagne) Quatre mois déjà que nous passons toutes nos journées, ensemble le sauvage blanc, muet, effrayant, apeuré, est devenu ce compagnon de voyage souriant et réservé qui n'attire pas l'attention et moi, ai-je  été transformé par cette aventure? Les observations que je fais, minent leurs certitudes. Qu'est-ce qu'un sauvage? et si Narcisse était devenu complètement sauvage, quel jour et à quelle heure est-il redevenu civilisé ? page 134

La Société de Géographie a procédé, à ma demande, à une  recension de tous les cas connus . Aucun n'est resté dix-huit ans  dans une solitude absolue.Aucun pour tout dire n'a ainsi adopté entièrement les moeurs et la langue  des sauvages. Le cas d'un jeune homme blanc, devenu complètement  sauvage, oubliant entièrement ses origines, semble sans exemple. ...On connaît, à l'inverse,  des sauvages amenés en Europe et qui se sont adaptés à notre mode de vie...Ainsi, le sauvage vivant au milieu des Blancs adopte nos usages, alors que le Blanc précipité  parmi eux conserve les bienfaits de la civilisation, des années durant - à la seule exception connue et pour cela fascinante de Narcisse. Peut-on mieux démonter la supériorité du Blanc sur le sauvage? La force d'attraction ainsi mise en valeur, et qui s'exerce toujours dans le même sens, confirme xe que le bon sens suggère. A l'exception de Narcisse. page 233

Narcisse -est employé au Service des Phares- ne fait que reproduire le savoir appris des sauvages, me direz-vous? Certes. Mais il y a donc  un savoir des sauvages? Quel est-il?  Quels autres trésors contient-il? page 254

Dialogue entre De Vallombrun et Narcisse: "Tu étais seul sur la plage..le navire était parti et tu ne savais pas s'il reviendrait...
- Après...après...ce n'était pas Narcisse., parvint-il à dire dans un souffle.
-Entre les deux, qui  étais-tu?
Il releva son visage , noyé de larmes silencieuses et finit par dire, d'une voix agonisante : " Parler, c'est comme mourir".page 297 ( Narcisse disparaît à jamais après ce dialogue)

"Parler , c'est comme mourir" Parler, c'est parler de l'indicible de ces journée là-bas, c'est raconter , c'est mettre en mots ses souvenirs que je sollicitais sans cesse et à jamais frappés d'interdit.S'il répondait à mes questions, il se mettait dans le danger le plus extrême. Mourir, non pas de mort clinique, mais mourir à lui-même et à tous les autres. Mourir de ne pas pouvoir penser  à la fois ces deux  mondes. Mourir  de ne aps pouvoir être en même temps blanc et sauvage. page 299,300


mardi, juillet 24, 2012

UN SULTAN A PALERME ( Tariq Ali)

Cet écrivain indien raconte l'époque - 1153- où islam, chrétienté, judaïsme cohabitaient en Sicile . Cependant, ce récit explore la période charnière où la tolérance  à l'origine du rayonnement de la Sicile du XIIè siècle, cède la place à la violence entre chrétiens et musulmans..
Le personnage central, Idrisi, cartographe, musulman,  achève sa dernière navigation autour de la Sicile avant d'achever sa Géographie universelle., voulue par le roi chrétien Roger -alias Sultan Rujari., grand protecteur des intellectuels musulmans.

Roman plein de rebondissements politiques, religieux, manipulations etc...Je l'ai trouvé intéressant sur le plan historique.

vendredi, juillet 20, 2012

SOUS L'ETOILE DE LA LIBERTE (Sylvain Tesson)

Petit livre sur les 6000km à travers l'Eurasie sauvage sur les traces des échappés du goulag. S. Tesson  a fait ce rude voyage en 8 mois de mai  à décembre 2003- à la rencontre de survivants du système concentrationnaire, c'est une célébration de l'esprit d'évasion et un hommage à ceux qui choisissaient la liberté au prix du froid, de la faim, de la solitude.
L'auteur a voulu refaire le parcours de Salavomir Rawiez, auteur d'"A Marche Forcée," qui a inspiré le film "Les Chemins de la Liberté" adapté en 2010 par Peter Weir.

"Des centaines d'hommes ont lutté contre le vent, le froid et la faim pour reconquérir leur liberté volée. Des Russes, des Bouriates, des Mongols, des Chinois ont réussi à gagner les Indes  fuyant les totalitarismes qui se répandaient sur l'Eurasie au cours du xxè siècle. Que font les Tibétains qui passent actuellement  l'Himalaya pour échapper à la coercition des Hans? Ils s'enfuient à marche forcée, sur les chemins de la liberté....L'évadé est un homme révolté. Il donne espoir aux oppressés. Il souffre pour eux et endosse le poids d'une responsabilité transcendante: il est chargé de dire au monde entier que l'individu peut triompher des machineries  répressives. La puissance étatique ne peut pas arrêter l'homme en marche". préface

Conversation avec Inagda-Yakoutsk: "Vous n'avez jamais songé à vous évader Inagda? - Moi?  Mais pour s'évader, il faut savoir où aller!" page 38

L'évadé est un sédentaire contraint de passer  par le nomadisme extrême pour reconquérir sa nature. page 63

La yourte exprime l'élan de l'âme. On y résume l'univers: par l'ouverture cerclée au sommet où convergent  les arceaux de charpente, on veille à la bonne marche des étoiles. La colonne de fumée qui s'en échappe figure le pilier du ciel. La tente-astrolabe, orientée sur les points cardinaux, donne un sens à l'espace. A la fois, boussole et phare, nid et foetus, la yourte ne présente aucun angle auquel le cavalier risquerait de se cogner.. Elle est le seule marque de l'homme dans la steppe...La yourte est l'écriture d'un peuple qui n'a transmis ni fondations, ni ruines. Les nomades sont condamnés au mouvement perpétuel. Cette fuite en avant qui est leur malédiction (ou leur nature) ne leur permet pas de laisser quoi que ce soit derrière eux de pierre  ou de bois. pages 64, 65

Avant de partir, je pensais que la solitude serait mon pire ennemi. Je ne la connaissais pas, et c'est une compagne merveilleuse. On devrait l'appeler Félicité.  Elle est le plus beau cadeau que l'on puisse faire à son âme. Elle maintient l'équilibre entre soi-même et le monde extérieur, elle renoue le lien entre l'être et le cosmos. La solitude est un moyen de transport, un infatigable attelage.. Elle fait parfois souffrir. Je me suis surpris à parler tout haut pour la chasser. Je l'ai maudite dans les steppes où ne pousse même pas un arbre pour s'appuyer ou se pendre. Lorsque je sombrais pendant la journée dans une courte et profonde sieste et que, après avoir rêvé des miens et de mes amis, je m'éveillais, seul, dans le néant, environné de vide, la solitude alors étreignait mon coeur. Le reste du temps, elle gonflait mon âme comme le vent se prend dans la voile. page 87

Une évasion ressemble à un couloir de  mort  qui, en définitive,  mènerait à la vie. Page 98


mardi, juillet 17, 2012

LA FEMME SANS SEPULTURE ( Assia Djebar)

"Une Femme sans sépulture , c'est Zoulikha, héroïne oubliée de la guerre d 'Algérie, montée au maquis au printemps 1957 et portée disparue deux ans plus tard, après son arrestation par l'armée française. Femme exceptionnelle, si vivante dans sa réalité de mère, d'amante, d'amie, d'opposante politique, dans son engagement absolu et douloureux, dans sa démarche de liberté qui scelle sa vie depuis l'enfance et qui ne l'a jamais quittée, sa présence irradiante flotte à jamais au-dessus de Césarée."

Pages d'histoire de cette guerre franco-algérienne vues du côté algérien, écrites en français mais très souvent pensées en arabe, ce qui révèle la langue parlée dans ce pays sans compter avec les langues locales. Ce livre ressuscite un destin de femme et empêche l'oubli de ces années qui ont précédé l'indépendance de ce pays.

samedi, juillet 07, 2012

PHOTO DE GROUPE AU BORD DU FLEUVE ( Emmanuel Dongala)

E. Dongala est né en 1941 d'un père cpngolais et d'une mère centrafricaine, il a quitté le Congo au moment de la guerre civile en 1997. Il vit actuellement aux Etats-Unis.
Description décapante des rapports de pouvoir dans une Afrique contemporaine dénuée de tout exotisme.Un groupe de femmes cassent des blocs de pierre dans une carrière au bord d'un fleuve africain. Elles viennent de savoir que la construction d'un  aéroport a fait considérablement augmenter le prix du gravier, et elles ont décidé ensemble que le sac qu'elles cèdent aux intermédiaires coûterait désormais plus cher et que Méréana - le personnage central du roman- serait leur porte-parole dans cette négociation. 
Ces casseuses de cailloux découvrent la force collective et retrouvent l'espoir dans la lutte entre elles et les "acheteurs de cailloux". Attaquées par la troupe, emprisonnées pour certaines, elles font bloc contre le gouvernement et lui tiennent tête. 


dimanche, juillet 01, 2012

LES HEURES SOUTERRAINES (Delphine de Vigan)

J'ai été déçue par ce roman . C'était le premier que je lisais de cet écrivain.

LES SOLIDARITES MYSTERIEURES ( Pascal Quinard)

Pendant mes vacances, ce roman ne m'a pas passionné.

LA LISTE DE MES ENVIES (Grégoire Delacourt)

J'ai lu ce livre mais il ne m'a pas accroché.

LA MER NOIRE (Kéthévane Davrichewy)

Ce livre raconte les souvenirs d'une vieille dame qui a quitté précipitamment la Géorgie en 1919, avec sa famille, pour fuir l'invasion bolchévique dans son pays qui venait de se déclarer indépendant. La vie se refait peu à peu dans l'univers parisien. La communauté géorgienne garde les traditions, rêve de retourner au pays etc....

"Je meurs des mots que personne ne prononce" page 94

"Pourquoi chercher à tout prix à s'intégrer? Nous sommes différents.Je le ressens chaque fois qu'on cherche à me connaître. J'ai presque honte de me présenter. Je ne dis pas que j'ai à rougir de mes origines, mais j'ai peur de la différence. Je le sens, dans leurs yeux, quand nos mères marmonnent des phrases incompréhensibles pour eux, ...quand on n'arrive pas à prononcer mon nom. Cette barrière me laisse sans force".  page 104