dimanche, janvier 07, 2018

HOMO DEUS ( Yuval Noah HARARI )
 
" Que deviendront nos démocraties quand Google et Facebook connaîtront nos goûts et nos préférences politiques mieux que nous-mêmes? Qu' adviendra-t-il de l'Etat providence quand nous , les humains, seront évincés du marché de l'emploi par des ordinateurs plus performants? Quelle utilisation certaines religions feront - elles de la manipulation génétique?
 
Homo Deus nous dévoile ce que sera le monde de demain lorsque, à nos mythes collectifs tels que les dieux, l'argent, l'égalité et la liberté, s'allieront de nouvelles technologies démiurges. Et que les algorithmes  de plus en plus intelligents, pourront se passer de notre pouvoir de décision. Car, tandis que l'Homo Sapiens devient un Homo Deus, nous nous forgeons un nouveau destin.
 
Best seller international - plus de 200 000 exemplaires vendus en France, traduit  dans près de 40 langues - Sapiens  interrogeait l'histoire de l'humanité , de l'âge de pierre à l'ère de la Silicon Valley. Le nouveau livre de Yuval Noah HARARI  offre un aperçu vertigineux des rêves et des cauchemars qui façonneront le XXI è siècle."
 
En 2014, plus de 2,1 milliards d'habitants étaient en surpoids, contre 850 millions qui souffraient de malnutrition.  D'ici 2030, la moitié de l'humanité devrait souffrir de surcharge pondérale. En 2010, la famine et la malnutrition  ont tué près de un million de personnes, alors que l'obésité en a tué trois millions. page 16
 
La pandémie (grippe espagnole) tua entre 50 et 100 millions de gens en moins d'un an. De 1914 à 1918, la Première Guerre mondiale  avait tué 40 millions. Page 20
 
En 2012, autour de 56 millions de personnes sont mortes à travers le monde ; 620 000 ont été victimes de la violence humaine ( la guerre en a tué 120 000 , le crime  500 000) . En revanche, on a dénombré  800 000 suicides , tandis que 1,5 million de gens mouraient du diabète. Le sucre est plus dangereux que la poudre à canon. page 25
 
L'économie mondiale ne se fonde plus sur les matières premières mais sur le savoir. page 26
 
Le terrorisme est  toutefois une stratégie de faiblesse , adoptée par tous ceux qui n'ont pas accès à la réalité du  pouvoir...Comment les terroristes parviennent-ils à faire les gros titres  et à changer la politique à travers le monde? En poussant leurs ennemis à surréagir. pages 28, 29

Tout au long de l'histoire , nombreux sont les penseurs , prophètes et gens ordinaires qui ont fait du bonheur , plutôt que de la vie, le bien suprême. ...
Pour Epicure, la poursuite du bonheur était une quête éternelle. Les penseurs modernes , en revanche, ont tendance  à y voir un projet collectif. page 41

Au XIXè et XXè siècles ...on fondait des écoles pour produire des citoyens  doués et obéissants qui serviraient la nation. A dix-huit ans, les jeunes devaient être non seulement patriotes , mais aussi alphabétisés, de manière à pouvoir  lire les consignes du brigadier et dresser les plans de bataille  du lendemain. Ils devaient connaître les mathématiques pour calculer la trajectoire d'un obus  ou déchiffrer le code secret utilisé par l'ennemi. ... Il en allait de même pour le service de santé. page 42
Même le système de protection sociale a été initialement organisé pour l'intérêt de la nation plutôt que dans celui des individus  nécessiteux. ...Au cours des toutes dernières décennies, la situation s'est renversée...Nous ne sommes plus ici pour servir l'Etat . C'est à lui de nous servir. page 43
 
Bien que les détails soient obscurs, la direction de l'histoire ne fait pas de doute. Au XXI ème siècle, l'humanité se fixera comme ... grand projet  d'acquérir des pouvoirs divins de création et de  destruction, et de hisser l'Homo sapiens au rang d'Homo deus...Nous désirons après tout être capables de reagencer nos corps et nos esprits  pour échapper à la vieillesse, à la mort et à la misère...page 59
 
Les pelouses bien entretenues exigeaient du terrain et beaucoup de travail...Elles n'apportaient rien de précieux en contrepartie...Les pauvres paysans ne pouvaient se permettre de gaspiller dans une pelouse une terre et un temps précieux...Les hommes en sont arrivés à associer les pelouses  au pouvoir politique , au statut social et à la richesse économique. Pas étonnant qu'au XIX è siècle, la bourgeoisie montante ait adopté la pelouse avec enthousiasme. Au début, seuls les banquiers, les avocats et les industriels pouvaient s'offrir ce luxe dans leurs demeures privées. Quand la révolution industrielle a élargi les rangs de la bourgeoisie et donné naissance à la tondeuse  et au tourniquet, des millions de familles ont pu s'offrir ce gazon.  Dans les banlieues américaines, une pelouse impeccable  a cessé d'être un luxe de nanti pour devenir un must de la classe moyenne. pages 73, 74, 75

Les gens ont peur du changement parce qu'ils craignent l'inconnu. Or la seule constante de l'Histoire est que tout  change. page 81

Au total, près de 200 000 loups  sauvages écument encore la terre, contre plus de 400 millions de chiens domestiques.  Le monde compte 40 000 lions  contre 600 millions de chats domestiques.; 900 000 buffles africains contre 1,5 milliard  de vaches, 50 millions de pingouins et 20 milliards de poulets. page 85

La Bible est un livre fourmillant  de miracles, de prodiges et de merveilles. La seule fois où un animal engage la conversation  avec un homme, c'est lorsque le serpent incite Eve à goûter au fruit défendu  de la Connaissance. ..L'expulsion du paradis frappe par sa ressemblance  avec la révolution agricole. Au lieu de permettre à Adam de cueillir des fruits sauvages, un dieu en courroux le condamne "à gagner son pain à la sueur de son front". pages 90, 91

Dans la plupart des langues sémitiques, "Eve" signifie serpent ou femelle du serpent. Le nom même de notre mère biblique ancestrale cache donc un mythe animiste archaïque  suivant lequel les  serpents ne sont pas nos ennemis mais nos ancêtres....Loin de descendre des serpents, dit la Genèse, les humains ont été créés par Dieu à partir de la matière inanimée. page 91

L'épopée mésopotamienne  de Gilgamesh raconte que, lorsque les dieux envoyèrent un grand déluge pour  détruire le monde, presque tous les humains et les animaux périrent. C'est alors seulement que les dieux imprudents s'aperçurent qu'il ne restait personne  pour leur faire des offrandes . La faim et la détresse les rendirent fous. Par chance, une famille humaine survécut grâce à la prévoyance du dieu  Enki qui avait invité son fidèle Utnapishtim à se réfugier dans une grande arche de bois avec  ses parents et toute une ménagerie. page 107

Qu' Homo sapiens soit l'espèce la plus puissance du monde ne fait pas de doute. Homo sapiens se plaît
 aussi à penser qu'il jouit d'un statut moral supérieur, et que la vie humaine a bien plus de valeur et que la vie humaine a bien plus de valeur que la vie des cochons, des éléphants et des loups, ce qui est moins évident. La vie humaine est-t-elle plus précieuse que la vie porcine pour la simple raison que la communauté des hommes est plus puissante que celle des cochons. Les Etats-Unis sont plus puissants que l'Afghanistan, cela signifie-t-il  que les vies américaines aient intrinsèquement plus de valeur que les vies afghanes. page 117

Parmi les étudiants (aux Etats-Unis) de niveau licence, 46o/o croient au récit biblique de la création, tandis que 14o/o seulement que les humains pensent que les humains ont évolué  sans supervision divine. page 119
 
L'esprit est toute autre chose que l'âme. Ce n'est pas une entité mystique éternelle. Ni un organe comme l'œil ou le cerveau. L'esprit est  plutôt un flux d'expériences  subjectives, comme la douleur et le plaisir, la colère et l'amour. Ces expériences mentales  sont faites de sensations,  d'émotions et de pensées étroitement liées qui étincellent un instant  et disparaissent aussitôt.
L'âme est une histoire que d'aucuns acceptent et d'autres rejettent. pages 122, 123
 
Pour monter une révolution, le nombre ne suffit jamais. Les révolutions sont généralement l'œuvre de petits réseaux d'agitateurs, non des masses. Si vous voulez lancer une révolution, ne vous demandez pas : " combien de gens  soutiennent mes idées?" , mais plutôt: "Parmi mes partisans , combien sont capables  de coopérer efficacement?" page 150
 
La Roumanie s'effondra  quand 80 000 personnes, sur la place  centrale de Bucarest, comprirent  qu'elles étaient plus fortes que le vieil homme à la toque  de fourrure sur le balcon. page 153
 
Il est relativement facile de reconnaître que l'argent est une réalité intersubjective. La plupart des gens admettent aussi volontiers que les anciens dieux grecs, les empires du mal et le système de valeurs des cultures étrangères n'existent qu'en imagination. Mais nous ne voulons pas accepter que notre Dieu, notre nation ou nos valeurs soient de simples fictions, parce que ce sont ces choses qui donnent sens à notre vie. Nous voilons croire que nos vies ont un sens objectif, et que la portée de nos sacrifices va au-delà des histoires que nous nous racontons. En vérité, pourtant, la vie de la plupart des gens n'a  de sens qu'à travers le réseau d'histoires  qu'ils se racontent.  page 164
 
Ainsi va l'histoire. Les gens tissent une toile de sens, y croient de tout leur cœur, mais tôt ou tard la toile s'effiloche; quand on se retourne vers le passé, on ne comprend pas comment on a pu la prendre au sérieux. ...Dans cent ans, notre croyance à la démocratie et aux droits de l'homme pourrait paraître tout aussi incompréhensible à nos descendants. page 167
 
A la fin du XIXè siècle, diverses puissances européennes revendiquèrent des territoires africains. Craignant que ces prétentions ne débouchent sur une guerre européenne générale, les parties concernées se retrouvèrent à Berlin en 1884 et se partagèrent l'Afrique comme un gâteau. Or une bonne partie du continent restait terra incognita pour les Européens. Les Britanniques, les Français et les Allemands disposaient de cartes exactes des régions côtières et savaient où, précisément, le Niger, le Congo et le Zambèze se jetaient dans l'océan. En revanche, ils ne savaient pas grand - chose du cours de ces fleuves à l'intérieur des terres, des royaumes et des tribus qui vivaient sur leurs rives, ou de la religion, de l'histoire et de la géographie locale. Cela n'importait guère aux diplomates européens. Sur une table bien astiquée de Berlin, ils déroulèrent une carte à moitié vide de l'Afrique, esquissèrent quelques traits ici ou là, et se partagèrent le  continent.
Quand le moment venu , les Européens s'y aventurèrent munis de leurs cartes, ils découvrirent que nombre de frontières  tracées à Berlin, rendaient mal justice à la réalité géographique, économique et ethnique de l'Afrique. Toutefois, pour ne pas éveiller des  tensions, les envahisseurs s'en tinrent à  leurs accords et ce lignes imaginaires devinrent les frontières effectives des colonies européennes. Dans la seconde partie du XXè siècle, avec la désintégration des empires européens, les colonies accédèrent à l'indépendance. ...Beaucoup de difficultés que traversent les pays africains actuels, viennent de ce que leurs frontières ont peu de sens. Quand les écrits fantaisistes des bureaucraties européennes se heurtèrent à la réalité africaine, ce fut la réalité qui dut céder. pages 186, 187
 
...En 1850, de notre ère, malgré les immenses réalisations des dynasties chinoises, des empires islamiques et des royaumes européens, la vie de la personne moyenne n'était pas meilleure -  et pouvait être pire - que celle des chasseurs-cueilleurs archaïques. En 1850, un paysan chinois ou un ouvrier d'usine de Manchester travaillaient plus longtemps que leurs ancêtres-cueilleurs ; leurs tâches étaient physiquement plus rudes , et mentalement moins épanouissantes ; leur alimentation était moins équilibrée ; leurs conditions d'hygiène incomparablement pires; et les maladies infectieuses bien plus répandues. page 194
 
Trop souvent, on confond la religion avec la superstition, la spiritualité, la croyance en des forces surnaturelles ou la croyance en des dieux. page 199

La révolution religieuse centrale de la modernité n'a donc pas été la perte de la foi en Dieu , mais le gain de la foi en l'humanité. page 244

L'humanisme nous a appris qu'une chose ne peut être mauvaise que si quelqu'un en souffre. Le meurtre n'est pas répréhensible parce que quelqu'un a déclaré un jour : "Tu ne tueras pas" .Il est mal parce qu'il inflige des souffrances terribles à la victime , aux membres de sa famille et à ceux qui la connaissaient . page 248

En 1968, le monde occidental fut balayé par une vague de contestation et d'émeutes. Lors du tristement massacre de Tlatelolco , les forces mexicaines de sécurité tuèrent des milliers d'étudiants; à Rome,  les étudiants affrontèrent la police italienne dans la bataille de Valle Giulia; et l'assassinat de Marin Luther King provoqua des journées  d'émeutes et de manifestations dans plus d'une centaine de villes américaines. En mai, les étudiants investirent les rues de Paris ; De Gaulle s'éclipsa un temps dans la base militaire française en Allemagne  et les nantis tremblèrent dans leurs lits, assaillis de cauchemars de guillotine.
En 1970, le monde comptait cent trente pays indépendants , mais seulement trente démocraties libérales, la plupart serrées dans un coin nord - ouest de l'Europe. page 287.

L ' islam, le christianisme et les autres religions traditionnelles restent des acteurs importants. Mais leur rôle est maintenant largement  réactif. Dans le passé, c' étaient des forces créatrices. Le christianisme, par exemple, a propagé la notion jusqu'ici hérétique, que tous les humains sont égaux, devant Dieu, changeant ce faisant les structures politiques, les hiérarchies sociales et même les relations entre genres. Jésus est allé encore plus loin . dans son sermon sur la montagne, affirmant que les faibles et les opprimés sont les préférés de Dieu, renversant la pyramide du pouvoir  et fourbissant des munitions pour des générations de révolutionnaires. Outre les réformes sociales et éthiques, le christianisme fut responsable d'importantes innovations économiques et technologiques. L'Eglise catholique instaura le système administratif le plus raffiné de l'Europe médiévale et fut pionnière en matière d'archives, de catalogues, d'horaires et autres techniques de traitement des données. Le Vatican était , dans l'Europe du XIIè siècle, ce qui se rapprochait le plus de la Silicon Valley. L'église créa les premières sociétés économiques d'Europe - les monastères qui, un siècle durant, furent le fer de lance de l'économie européenne et introduisirent des méthodes agricoles et administratives de pointe. les monastères furent les premiers à utiliser des horloges et des siècles durant, avec les écoles-cathédrales, ils furent les premiers centres du savoir les plus importants, contribuant à fonder les premières universités d'Europe, dont celle de Bologne, d'Oxford et de Salamanque. pages 297, 298
 
L'essor de l'Internet nous donne un avant-goût de ce qui nous attend. Le cyberespace est désormais essentiel à notre économie et notre sécurité. Les choix critiques entre différents modèles de web n'ont pourtant pas  été le fait  de processus politiques  démocratiques, alors même qu'il touchaient à des problèmes politiques traditionnels , comme la souveraineté , les frontières , la vie privée et la sécurité. Avez-vous jamais voté pour décider  de la forme de cuber-espace? page 402
 
Les électeurs ordinaires commencent à pressentir que le mécanisme démocratique ne leur donne plus de pouvoir. Le monde change tout autour d'eux, et ils ne comprennent  ni pourquoi ni comment. le pouvoir leur échappe, mais ils ne savent pas trop où il est passé. En Grande Bretagne, les électeurs imaginaient que le pouvoir avait sans doute échu à l'Union européenne: ils ont donc voté pour le Brexit. Aux Etats-Unis, ils imaginaient que l'establishment monopolisait tout le pouvoir;=: ils ont donc soutenu des candidats anti-establishment come Bernie Saunders  et Donald Trump.  La triste vérité est que personne ne sait où est passé le pouvoir. Que la grande Bretagne quitte l'Union européenne  ou que Donal Trump s'installe à la Maison Blanche, il est clair que les électeurs ne reprendront pas le pouvoir. Cela ne veut pas dire que nous reviendrons aux dictatures  du XXè siècle. page 404

 

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