vendredi, août 05, 2011

TAXI (Khaled Al Khamissi)

Cinquante-huit conversations avec des chauffeurs de taxi du Caire. Chacune porte sur un aspect de la vie sociale, politique, économique de l'Egypte.

"On se demande pourquoi l'économie est foutue! s'exclame le taxi. Ce sont les gens qui la foutent en l'air. Vous y croyez, vous? En Egypte, les gens paient plus de vingt milliards de livres chaque année en factures de téléphone. Vingt milliards, ça veut dire que, si non ne se parlait pas pendant deux ou trois ans, l'Egypte serait transformée. Les Egyptiens sont tarés, je vous le jure. Ils n'ont pas de quoi manger mais chacun se balade avec son téléphone portable et une cigarette à la bouche. ...L'argent de tous les Egyptiens atterrit dans les poches de quatre sociétés: Egypt Télécom, Mobinil, Vodaphone et Eastern Tobacco Company". page 23

C'est vrai que Moubarak a réussi à tenir le gouvernement depuis qu'il est arrivé et a évité que l'Egypte n'entre en conflit avec un autre état. Les Américains disent à droite, on va à droite...à gauche, on va à gauche...on y court aussi. page 46

...Le gouvernement vit dans son monde, et nous, dans le nôtre. page 54




Celui qui n'est pas allé en prison sous Nasser n'ira jamais en prison, celui qui ne s'est pas enrichi sous Sadate, ne s'enrichira jamais, et celui qui n'a pas mendié sous le règnede Moubarak ne mendiera jamais. page 70




On a montré une image parfaite de la démocratie (pour les élections) . Mais je vais vous dire la vérité. La démocratie n'existe dans aucun pays du monde. Bien sûr, chez nous, ce n'est pas la peine d'en parler mais elle n'existe pas non plus à l'étranger. Aux Etats-Unis, les gens votent pour un parti ou pour l'autre alors qu'en fait, les deux sont pareils. Ils sont un seul parti, mais avec deux noms. Comme ici, où on vote soit pour Moubarak soit pour Moubarak. Et en Europe, aussi c'est pareil, tout se ressemble. La différence entre nous et eux, ce n'est pas la démocratie. parce que la démocratie est une illusion, elle n'existe que dans les livres, chez eux comme chez nous. La différence, c'est le droit. Ils ont un droit qui est appliqué et nous, non. C'est ça la différence. pages 75, 76


Le gouvernement veut apparaître comme une démocratie face aux Américains pour qu'ils continuent à le subventionner et que l'économie ne s'effondre pas. page 117


L'être humain en Egypte vaut autant que la poussière dans un verre fendu. Le verre peut se casser facilement et la poussière s'envoler dans les airs... C'est impossible de l'attraper, et de toute façon, ça ne servirait à rien parce que c'est juste un peu de poussière qui s'est envolée. L'être humain dans ce pays n'est qu'un peu de poussière qui vole, il n'a aucune valeur. page 148

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