lundi, août 03, 2009

LE TRESOR DE LA SIERRA MADRE (B. Traven)

Quand la nourriture vient à manquer, le sentiment que la mendicité est indigne d'un Américain vous quitte pour de bon. page 40.

Le pétrole de même que l'or ne vaut rien à l'état naturel. Il n'acquiert de valeur qu'une fois transporté là où le besoin se fait sentir. page 42
Pat (le chef des constructions de derricks) les contraignait à des nuits très courtes. Ils travaillaient jusqu'à onze heures du soir à la lueur des lampes à gaz et à cinq heures du matin, ils étaient de nouveau à trimer. "Il faut profiter de la fraîcheur matinale" disait-il en les réveillant. Le midi, ils avaient à peine avalé leur café et commencé à se curer confortablement les dents que Pat s'activait et les pressait:" Bien sûr qu'il fait chaud, les gars. Je le sais. C'est les tropiques, ici. mais au Texas aussi, il fait chaud parfois. Dieu sait que je n'y suis pour rien. Je dois mener ce satané contrat. Plus vite nous aurons fini, plus vite nous sortirons de cet enfer et retournerons en ville pour nous boire des verres bien frais."...Ces contrats permettaient à Pat McCormick d'amasser une petite fortune...Il gagnait. Il gagnait toujours. Il pouvait bâtir deux camps dans un délai qui ne permettait même pas à ses concurrents d'en construire un seul. page 63
(Dobbs et son compagnon en ont assez du pétrole et rêvent de chercher de l'or).Quoi qu'il en soit, disait Howard, (le vieil homme), quoi qu'il en soit l'or est quelque chose de diabolique, croyez-moi, les gars. D'abord, il change complètement votre caractère. Quand vous en trouvez, votre âme change du tout au tout. C'est inévitable. Vous aurez beau en avoir amassé plus que vous n'en pourrez porter, eh bien, je mets ma main à couper, plus vous en aurez, plus vous désirerez en avoir. C'est tout à fait comme jouer à la roulette. Encore un tour. Et ainsi de suite, encore et encore. On ne distingue plus le bien du mal. On perd tout jugement. Voilà ce qu'est l'or..."Celui qui n'est jamais allé chercher de l'or ne sait pas comment ça se passe, là-bas, une fois sur place. Je sais par expérience qu'il est plus facile de quitter une table de jeu quand la chance est avec vous que d'abandonner sa concession après y avoir déjà pris un bon magot"...page 74
"Tant que vous ne trouvez rien, la noble fraternité continue d'exister" page 76 (dit Howard, un vieux chercheur d'or.)
"L'or est aussi bénit que maudit. Tout dépend de la personne qui le possède... Ce que les gens ne comprennent pas , c'est qu'on peut tout à fait se passer d'or...L'or ne change pas l'homme mais le pouvoir qu'il lui donne, change son âme. Et pourtant, ce pouvoir n'est qu'imaginaire; si les autres hommes ne le reconnaissent pas, il perd tout effet." page 91
A débattre de l'enregistrement de leur titre ( de propriété de la concession), ils comprirent que leur statut social avait changé. Chaque once d'or supplémentaire les éloignait du prolétariat pour les rapprocher de la classe moyenne des nantis; Jusque là, ils n'avaient jamais rien possédé méritant d'être protégé des voleurs. Avec les richesses, venait le désir de les mettre à l'abri. Le monde ne ressemblait plus à celui qu'ils habitaient quelques semaines plus tôt. Ils appartenaient désormais à la minorité de l'humanité. Ceux qu'il avaient considéré comme leurs frères de misère, ils les tenaient dorénavant pour des ennemis dont il fallait se méfier...Ils avaient franchi le premier pas qui fait de l'homme l'esclave de son bien. page 109
L'or que les élégantes portent aux doigts, ou qui couronne la tête d'un roi, cet or est bien souvent passé entre les mains de créatures dont la seule vue donnerait le frisson au roi ou aux élégantes. Assurémént, ce métal est plus souvent lavé dans le sang des hommes que dans l'eau savonneuse. Un noble souverain, désireux de montrer sa grandeur d'âme, agirait très sagement en portant une couronne de fer. L'or est fait pour les voleurs et les escrocs. Voilà pourquoi ce sont eux qui en possèdent la plus grande partie.Le reste appartient à ceux qui ne se soucient pas de sa provenance ou des mains par lesquelles il est passé. page 124
En quatre cents ans de pouvoir absolu, l'Eglise catholique s'est davantage préoccupé de remplir les coffres de Rome de richesses purement matérielles que d'inculquer à ses sujets les véritables principes de l'Evangile. Les gouvernements des pays modernes et civilisés ont une conception différente de l'éducation tout à fait différente de celle de l'Eglise, et ces gouvernements ont également une oponion bien à eux quant au plus apte à gouverner, de l'Etat ou de l'Eglise. page 162
Ces hommes (des brigants) ne sont jamais à court d'idées et savent comment les mettre en pratique. Depuis leur enfance, les églises leur montrent le chemin à suivre. Elles sont pleines de peintures et de statues représentant toutes les tortures auxquelles les blancs, les chrétiens, les inquisiteurs et les abbés ont pu penser. Ces images conviennent parfaitement à un pays dans lequel la plus puissance des religions a voulu montrer qu'il était tout à fait possible de tenir des hommes en esclavage, sans leur assigner d'autre but que d'accroître la gloire et les richesses des dirigeants. Que signifie l'âme humaine pour cette grande Eglise? Dans les pays civilisés, les fidèles ne se posent pas de questions sur l'origine de sa grandeur et la provenance de ses richesses. Voilà pourquoi il ne faut pas blâmer ces bandits pour leur cruauté...page 181
Personne n'a été loyal envers eux ( les bandits) ; comment pourraient-ils l'être envers toi? Il est impossible qu'ils tiennent leurs promesses puisque celles qu'on leur a faites n'ont jamais été tenues. Ils se contenteront de prononcer un Ave Maria avant de te massacrer, ils se signeront, et il en ira de même quand ils auront fini. Nous ne serions pas très différents d'eux si nous avions été les victimes, nous aussi, au cours des quatre cents dernières années, de la tyrannie et de la superstition, du despotisme, de la corruption et d'une religion pervertie. pages 189, 190
L'or ne vaut rien s'il n'est pas là où les hommes en ont besoin. page 202
(Un riche fermier indien) J 'ai au-dessus de ma tête un soleil d'or, la nuit, une lune d'argent et la paix règne sur mes terres. A quoi bon rechercher d'autres richesses? L'or et l'argent n'apportent aucun bienfait. Toi, que t'apporteront-ils. Vous autres blancs, vous tuez, vous volez, vous mentez et vous trahissez par l'amour de l'or. Bien qu'il vous pousse à vous détester, vous croyez qu'il vous apportera l'amour des autres. Pleins de haine et de jalousie, vous souillez la beauté de la vie par la possession de l'or. Nous aimons regarder ce métal. Sa beauté est éternelle. Il nous sert à parer nos dieux et nos femmes. Nous aimons contempler des bagues, des colliers et des bracelets qui en sont faits, mais nous avons toujours été maîtres de notre or, pas ses esclaves, et nous lui accordons aucune valeur car il ne se mange pas. Notre peuple a mené bien des guerres, mais jamais pour la possession de l'or. Nous avons lutté pour de la terre, pour des rivières, pour des gisements de sel, pour des lacs, et surtout pour nous défendre des tribus sauvages qui essayaient de s 'emparer de nos champs ou de nos récoltes...page 210
Si un gouvernement ne permet pas que les individus aient leurs idées, en matière économique ou politique, et s'il vient à s'effondrer, les populations, incapables de faire face à des conditions nouvelles seront plongées dans le chaos. page 222

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