mercredi, novembre 18, 2020

LE PAYS DES AUTRES ( Leïla Slimani) 2020

  En 1944, Mathilde, une jeune Alsacienne, s'éprend d'Amine Belhaj, un Marocain combattant  dans l'armée française. Après la Libération, le couple s'installe au Maroc, à Meknès, ville de garnison et de colons.  Tandis qu'Amine tente de mettre en valeur un domaine constitué de terres rocailleuses et ingrates, Mathilde se  sent étouffée par le climat rigoriste du Maroc. Seule et isolée à la ferme avec ses deux enfants, elle souffre de la méfiance qu'elle inspire en tant qu'étrangère et un manque d'argent. Le travail acharné du couple portera -t-il ses fruits?  Les dix années que couvre le roman sont aussi  celles d'une montée inéluctable des tensions et des violences qui aboutiront en 1956, à l'indépendance  de l'ancien protectorat.

Tous les personnages de ce roman vivent dans  "Le pays des autres": les colons comme les indigènes, les soldats comme les paysans ou les exilés. Les femmes, surtout, vivent dans le pays des hommes et doivent lutter pour leur émancipation. Après deux romans au style clinique et acéré, Leila Slimani, dans cette grande fresque, fait revivre une époque et ses acteurs avec humanité, justesse, et un sens très subtil de la narration. 

( Le jeune couple arrive à la ferme où ils vont vivre.) Ils arrivèrent au sommet d'une colline aux flancs râpés. Plus de fleurs, de cyprès, à peine quelques oliviers....Une impression de stérilité se dégageait de cette colline. On n'était plus en Toscane pensa Mathilde, mais au far west. Ils descendirent de la carriole et ils marchèrent vers une petite bâtisse blanche et sans charme, dont le toit consistait en un vulgaire morceau de tôle. Ce n'était pas une maison, mais une vulgaire enfilade de pièces de petite taille, sombres et humides. L'unique fenêtre, placée très  haut pour se protéger des invasions de nuisibles....Mathilde , malgré la douceur de l'air, se sentit glacée. Les projets qu'Amine lui exposait la remplissaient d'inquiétude. page 18

" Nous allons vivre chez ma mère en attendant. ( que le fermier s'en aille de la ferme) Mathilde sauta sur ses pieds et se mit à rire. " Tu n'es pas sérieux? " Elle avait l'air de trouver la situation ridicule, hilarante. Comment un homme comme Amine....pouvait-il lui faire croire qu'ils allaient vivre chez sa mère. Mais Amine ne goûta pas la plaisanterie. Il resta assis..." Ici, c'est comme ça". Cette phrase elle l'entendra souvent. A cet instant précis, elle comprit qu'elle était une étrangère, une femme, une épouse, un être à la merci des autres. Amine était sur son territoire à présent....page 22

Mathilde s'assit sur le lit..; Que faisait-elle ici? Elle ne pouvait s'en prendre qu'à elle-même et à sa vanité. C'est elle qui avait voulu vivre l'aventure, qui s'était embarquée, bravache dans ce mariage....Page 25

" Ne fais pas la petite fille. Tu es ma femme maintenant . Ta vie est ici." page 26

Dans les lettres qu'elle écrivait à sa soeur, Mathilde mentait. Elle  prétendait que sa vie ressemblait aux romans de Karen Blixen , d'Alexandra David- Neel, de Pearl Buck. ...Elle se décrivait en bottes et chapeau, altière sur un pur-sang arabe. Elle voulait qu'Irène soit jalouse, qu'elle souffre à chaque mot, qu'elle crève d'envie, qu'elle enrage.  page 28

C'est dans la cuisine (de sa belle-mère) qu'elle apprit l'arabe. Elle finit par s'y imposer et Mouilala accepta qu'elle s'assoie pour regarder....Selma, qui apprenait le français à l'école, lui servait d'interprète... Elle grondait Mouilala qui se fichait que sa fille ait de bonnes notes et qu'elle soit assidue...Mathilde avait tenté de convaincre Mouilala que Selma pourrait gagner , par l'éducation, son indépendance et sa liberté. Mais la vieille femme avait froncé les sourcils.  page 32

A chaque lettre, Mathilde demandait à Irène de lui envoyer des livres. Des romans d'avbentures, des recueils de nouvelles qui auraient pour décor des pays froids et lointains. Elle n'avoua pas qu'elle ne  se rendait plus à la librairie, dans le centre de la ville européenne....Deux femmes l'avaient bousculée. La plus brune s'était mise à rire: " Regarde celle-là. C'est un Arabe qui l'a engrossée". ..page 37

Quand elle s'installa à la ferme, au printemps 1949, elle se sentit libre de mentir sur la vie de  propriétaire terrienne  qu'elle y menait. ...Souvent  elle écrivait: " J'aurais voulu que tu me voies " et elle ne mesurait pas que là se trouvait l'aveu de son immense  solitude. page 37 Quel intérêt y aurait-il eu à dire la vérité à Irène? A raconter qu'elle passait ses journées à travailler, comme une folle, comme une illuminée, son bébé de deux ans dans le dos. .;Amine apparaissait très peu dans  ses récits. Son mari était un personnage secondaire autour duquel planait une atmosphère opaque.  page 38 Comment aurait-elle pu avouer que l'homme qu'elle avait rencontré pendant la guerre n'était plus le même? ....page 39

Amine ne lui parlait que de travail. Des ouvriers, des soucis, du prix du blé, des prévisions météorologiques. ...Amine ne s'intéressait qu'à la ferme et au labeur. Jamais  de rire , de danse, de temps à ne rien faire, à parler. Ils ne se parlaient pas, ici. Il s'adressait à elle comme à une petite fille dont il fallait faire l'éducation. page 40

Lorsque Amine l'avait épousée, Mathilde avait à peine  vingt ans....;Il avait vingt-huit. page 41

Amine rentra au Maroc en 1945, à vingt-huit ans, victorieux et marié à une femme étrangère. Il se battit pour reprendre possession de son domaine, former ses ouvriers, semer, récolter, voir loin et large, comme l'avait dit une fois le maréchal Lyautey. page 48

Dans cette maison, loin de tout, Mathilde avait peur, elle regrettait ses premières années au Maroc, où ils avaient vécu  dans la médina  de Meknès, au milieu des gens du  bruit, de l'agitation humaine. Quand elle s'en ouvrait à son mari, il se moquait d'elle.  page 60...Elle caressait l'épaisse chevelure de sa fille qui chuchota: "Je ne veux pas aller à l'école. je veux rester avec toi. Mouilala ne  sait pas lire, Ito et Tamo non plus. Qu'est-ce que ça peut faire? " Mathilde sortit brutalement de sa léthargie..." Ni ta grand'mère, ni Iton ne l'ont choisi". page 61

(Sa fille est conduite à l'école) C'est elle qui avait voulu l'inscrire ici, dans une école de Français, où pointait le clocher d'une église, où se disaient des prières pour un dieu étranger. ...page 65

Aïcha portait avec elle un lourd fardeau de honte. Honte de ses tenues, que  sa mère cousait pour elle. Des blouses grisâtres auxquelles Mathilde ajoutait parfois une petite coquetterie. Des fleurs sur les manches, un liseré bleu au niveau du col.  Mais rien n'avait l'air du neuf. Rien n'avait l'air à elle.  Tout semblait usé. Elle avait honte de ses cheveux. C'est ce qui lui pesait le plus. .......La coiffure d'Aïcha lui valait les moqueries les plus humiliantes. Au milieu de la cour , on ne voyait qu'elle.  Silhouette menue, visage d'elfe, chevelure énorme, explosion de mèches blondes et rêches qui, quand le soleil tapait,  lui faisaient une couronne dorée. page 70

Aïcha détestait cette maison...Aïcha avait peur de tout....Elle doutait d'être capable de se défendre. ...Aïcha , surtout, avait peur du noir. Du noir profond,  dense, infini, qui entourait la ferme de ses parents. page 75

Tous les matins, avant la classe,  les jeunes filles se rendaient dans la chapelle....Aïcha  s'y rendait avec une détermination et une gravité qui contrastaient avec son âge. Quelques mètres avant la porte, il lui arrivait de  s'agenouiller et de s'avancer ainsi, les bras en croix, les graviers lui transperçant la chair, le visage impassible...On lui avait dit que la souffrance rapprochait du Ciel. Elle y croyait. page 79

A la récréation, ...Adossée au mur de la classe, le visage tourné vers le soleil d'hiver qui réchauffait ses os et l'apaisait, Aïcha observait les petites filles qui jouaient... Car Aïcha n'était pas tout à fait une indigène, ni une de ces Européennes, filles de paysans, d'aventuriers, de fonctionnaires de l'administration coloniale qui sautaient à pieds joints sur la marelle. Elle ne savait pas ce qu'elle était , alors elle restait seule, contre le mur brûlant d ela classe. page 83

Aicha avait entendu ses parents se disputer. Amine s'emportait contre cette école de chrétiens où sa fille n'avait pas sa place.  page 85

Parfois, il (Amine) était si accablé de fatigue et de soucis qu'il aurait voulu s'allonger par terre... et dormir pendant des semaines..     ...page 88

Depuis des semaines, Mathilde  répétait qu'elle voulait   un Noël  comme autrefois en Alsace. page 108

Petite, Mouilala n'avait pas eu le droit d'aller à l'école avec ses frères.  Puis, Si Kadour, son défunt mari, avait construit la maison de la médina. Il avait fait une concession aux coutumes avec cette fenêtre unique à l'étage aux persiennes toujours fermées dont Mouilla avait défense de s'approcher...Lorsque Amine était enfant, il avait parfois vu  sa mère espionner par les interstices les mouvements de la rue et poser son index sur sa bouche pour sceller entre eux un secret. ....Pour Mouilala, le monde était traversé par des frontières infranchissables. Entre les hommes et les femmes; entre les musulmans, les juifs et les chrétiens...La paix demeurait si chacun restait à sa place. page 111

Amine aimait sa femme, il l'aimait....mais il lui arrivait de douter de lui-même.  Quelle folie lui était passée par la tête? comment aurait-il pu penser qu'il pourrait vivre avec une Européenne?  une femme aussi émancipée que Mathilde? page 112

(Dans le train) La première classe était interdite aux indigènes et elles ( deux Européennes) n'en revenaient pas de la bêtise et de l'impudence de ces analphabètes.  page 116

Adolescente, Mathilde n'avait jamais pensé qu'il était possible d'être libre toute seule, il lui paraissait impensable, parce qu'elle était une femme, parce qu'elle était  sans éducation, que son destin ne soit  intimement  lié à celui d'un autre.  page 124

S'il avait pu, il lui aurait offert l'hiver et la neige, et elle s'y serait crue dans son Alsace natale.  page 126

(Dragan , un médecin hongrois et son épouse ont invité Mathilde et Amine chez eux, à Meknès) Il aimait les femmes non pas comme un séducteur mais comme un ami, comme un frère. Dans sa vie d'adulte, qui avait été marquée  par l'exil et l'errance, les femmes lui étaient toujours apparues comme des alliées....D''elles , il avait appris un mélange de résignation et de combativité, il avait compris que la joie était une vengeance contre ceux qui voulaient vous nier. page 158

Pendant l'été 1954, Mathilde écrivit souvent à Irène mais ses lettres restaient sans réponse.  Elle pensait que les troubles qui agitaient le pays,  étaient responsables de ces disfonctionnements et elle ne s'inquiéta pas du silence de sa soeur.  page 169

" Des gens  qui vivent en paix ne devraient pas vivre comme cela" répétait Mathilde que la misère révoltait.  Son mari et elle se rejoignaient dans une même aspiration au progrès pour les hommes: moins de faim, moins de douleur. Chacun se passionnait pour la modernité. page 184

(Le père de Mathilde est décédé) Dans les jours qui suivirent, Mathilde fut inconsolable.    Amine perdit patience et lui reprocha de négliger la ferme et les enfants.  " On dit adieu aux morts et on continue à vivre" page 197

( Position d'Omar, le frère d'Amine)Amine avait survécu. Pire, il était revenu de la guerre en héros, le torse alourdi par des médailles, La bouche pleine de récits fantastiques. En 1940, Amine avait été prisonnier et il avait fallu feindre l'angoisse et le désespoir. En 1943, il était revenu et Omar avait joué la comédie du soulagement, puis de l'admiration quand son  aîné avait décidé de retourner sur le front comme engagé volontaire......Omar haïssait son frère autant qu'il haïssait la France. La guerre avait été sa vengeance, son moment de grâce. Omar avait fondé beaucoup d'espoir sur ce  conflit et il avait pensé qu'il en sortirait doublement libre. Son frère serait mort et la France  serait vaincue. page 210

 Mourad ( l'aide de camp d'Amine pendant la guerre est venu chez son ex-commandant) Il n'avait rien pour vivre: un lit de camp, une couverture qu'il pliait chaque  matin avec un soin irritant, une gamelle et un  grand broc d'eau pour une sommaire toilette. ..Il utilisait les toilettes extérieures, celles qu'on avait installées dans la cour de la cuisine pour Tamo, la bonne, qui n'avait pas le droit de pisser là où pissait Mathilde. Aux ouvriers, Mourad imposa une rigueur toute militaire et il fallut moins de trois semaines pour que les gens du bled le  haïssent......Il était pire que certains Français.....C'était un traître, un vendu...page 249

( La famille fête Noël ) Omar se baissa, saisit Mourad au col et lui cracha au visage. " Sale vendu! Pauvre trouffion! tu te fais exploiter par les Français. Tu es un traître à l'islam, un traître pour ton pays".  " Je m'en vais. je ne sais pas ce que je fais dans cette maison de dégénérés, à célébrer un dieu qui n'est même pas le mien.  Tu devrais avoir honte de mépriser ton peuple. Tu ferais mieux de te méfier". page 258

Pour Selma, la disparition d'Omar ouvrit une époque de joie et de liberté. Plus personne désormais ne la surveillait, ne s'inquiétait de ses absences et de ses mensonges. page 272

 (Une voisine, française, de Selma) " J'ai appris que vous n'alliez plus au lycée."  Selma haussa les épaules. " Pour quoi faire? Je n'y comprends rien". - Vous êtes une idiote. sans instruction, vous n'arriverez jamais à rien." Selma fut surprise. jamais , elle n'avait entendu Mademoiselle s'exprimer ainsi, faire preuve auprès d'une jeune fille d'une telle sévérité.  " Il s'agit d'un garçon? " Selma rougit , et si elle avait pu, elle se serait enfuie en courant et ne serait jamais revenue dans cette maison. Ses jambes  se mirent à trembler et Mademoiselle Fabre posa une main sur son genou.  " Vous pensez que je ne comprends pas? Vous imaginez sans doute que je n'ai jamais été amoureuse".  " Faites qu'elle se taise, Faites qu'elle me laisse m'en aller. "pensa Selma, mais la vieille femme continua, effleurant du bout des doigts sa croix en ivoire..." Aujourd'hui, vous êtes amoureuse et c'est merveilleux. Vous croyez tout ce que les garçons vous disent. Vous vous imaginez que cela durera et qu'ils vous aimeront toujours autant qu'ils vous aiment à présent.  A côté de cela, les études ont peu d'importance. Mais vous ne savez rien de la vie! Un jour, vous aurez tout sacrifié pour eux, vous serez dépossédée de tout et dépendante du moindre de leurs gestes.  Dépendante de leur bonne humeur et de leur affection, à la merci de leur  brutalité. Croyez-vous quand je vous dis que vous devez penser à votre avenir et étudier. Les temps ont changé. Vous n'avez pas à embrasser le même destin que votre mère. Vous pourriez devenir quelqu'un....;Vous serez ce que vous voudrez, pourvu que vous vous en donniez la peine. Et jamais, jamais vous ne demanderez de l'argent à un homme". Selma l'écouta;...Elle l'écouta avec autant d'attention que Mademoiselle Favre pensa qu'elle l'avait convaincue . "Retournez    au lycée .Préparez vos examens  et je vous aiderai si vous en avez besoin". ..Selma la remercia......page 282

(Amine est furieux contre Mathilde, Selma: il a vu en ville , dans une vitrine d'un photographe la photo de sa soeur , Selma et d'un inconnu français) " Jamais ma soeur n'épousera  un Français! " Il attrapa Mathilde par la manche et la tira de son fauteuil. Il la traîna dans le couloir plongé dans l'obscurité. " Tu m'as humilié! " Il lui cracha au visage , il la gifla. ...De sa grande main sombre, il attrapa une mèche de ses cheveux, l'obligea à se redresser et approcha son visage du sien.  " On n'a pas fini" lui dit-il en la cognant du poing. dans l'entrée du couloir qui menait aux chambres, il la lâcha. Elle se tenait devant lui, à genoux, le nez en sang.....Mathilde aperçut  la silhouette d'Aïcha qui les épiait..." Je vais toutes vous tuer"!  Dans sa main, il tenait un révolver dont le canon était pointé vers le beau visage de Selma.....page 315

Aïcha connaissait ces femmes aux visages bleus. Elle avait vu souvent, des mères aux yeux mi-clos, à la joue violette, des mères aux lèvres fendues. A l'époque, elle croyait même que c'était pour cela qu'on avait inventé le maquillage. Pour masquer les coups des hommes.  page 318

Amine lui avait parlé de la nécessité de se rebaptiser, de prendre un prénom musulman.... " Mariam dit-elle finalement, et l'adoul parut très satisfait de ce choix. " Qu'il en soit ainsi, Mariam. Bienvenue dans la communauté de l'islam". page 323....Selma et Mourad se retrouvèrent dans le bureau et que sous les yeux de Mathilde et d'Amine et de deux ouvriers qu'on avait fait venir pour servir de témoins, l'adoul les maria.  page 324  ( Selma est enceinte du Français avec qui elle  a été photographiée et qui s'est évaporé à la nouvelle de la grossesse de Selma).

En cet été 1955, le sang ne manquait pas. Il coulait dans les villes où les meurtres se multipliaient  en pleine rue, où des bombes déchiquetaient des corps.  Le sang se répandait dans les campagnes où es récoltes étaient brûlées, les patrons battus à mort. ...La peur régnait partout. page 330

"Mais nous, est-ce que nous sommes du côté  des gentils ou bien des méchants?  "  Aïcha s'était redressée et le regardait ( Amine) avec inquiétude. Il pensa qu'il ne savait pas parler aux enfants, qu'elle ne comprenait sans doute pas ce qu'il essayait de lui expliquer.  " Nous, dit-il, nous sommes come un arbre, à moitié citron et à moitié orange. Nous ne sommes d'aucun côté.  - Et  nous, aussi, ils vont nous tuer?  - Non, il ne nous arrivera rien. je te le promets. tu peux dormir sur tes deux oreilles. " page 358

Un monde était en train de disparaître sous leurs yeux. En face, brûlaient les maisons des colons. Le feu dévorait les robes des gentilles petites filles, les manteaux chics des mamans, les meubles profonds au fond desquels on range, enroulées dans des draps, des robes précieuses portées une seule fois. Les livres étaient réduits en cendres, comme les héritages venus de France et exhibés avec fierté au nez des indigènes. Aïcha ne pouvait détacher ses yeux de ce spectacle. jamais la commine ne lui parut aussi belle. Elle aurait ou crier tellement elle se sentait heureuse. Elle aurait voulu dire quelques chose, se mettre à rire.;...Mais Aïcha ne bougea pas. Elle s'assit auprès de son père et elle serra  ses jambes contre son torse.  "Qu'ils brûlent , pensa-t-elle . Qu'ils s'en aillent.  Qu'ils crèvent". page 366

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