mercredi, août 29, 2007

SOUS LES YEUX DE L'OCCIDENT (Joseph Conrad)

Razumov était un de ces hommes qui, vivant dans une période d'agitation des esprits et de la politique, restaient instinctivement en prise directe avec la vie quotidienne normale et usuelle. Il avait conscience de la tension émotionnelle de son époque, il y répondait même d'une manière vague; mais sa principale préoccupation était son travail, ses études, son avenir. page 17
Il n'était pas personnellement affecté. (Il vient de dénoncer un ami qui a été exécuté sur-le- champ)
Il pensait simplement que la vie sans le bonheur était impossible. Mais qu'était le bonheur?. Il continua de traîner ses pieds entre les murs de sa chambre. Attendre le bonheur. C'était tout. Rien de plus. Attendre la satisfaction d'un désir, d'une passion: amour, ambition, haine-la haine aussi, sans aucun doute. L'amour et la haine. Et c'était aussi le bonheur d'éviter les pièges de l'existence, de vivre sans crainte. Il n'y avait rien d'autre. Absence de peur - attendre. "Oh , qu'il est misérable le sort de l'humanité", s'écria-t-il mentalement; et il ajouta aussitôt: "Si ce n'est que cela, je devrais être heureux." Mais cette constatation ne le stimula pas.page 69

"Je vais vous dire ce que vous pensez, explosa-t-il sans élever la voix. Vous croyez avoir affaire à un complice secret de ce malheureux. Mais non, j'ignore s'il était malheureux. Il ne me l'a pas dit. C'était un misérable à mes yeux, parce que nourrir une idée fausse est un + grand crime que de tuer un homme. Vous ne nierez pas cela, je pense. je le haissais! Les visionnaires apportent éternellemnt le malheur sur cette terre. Leurs utopies inspirent à la masse des esprits médiocres le dégoût de la réalité et le mépris de la logique séculaire du développement de l'homme."page 91

La dernière chose que je veux vous dire est celle-ci : dans une véritable révolution- pas un simple changement de dynastie ou un banal remaniement des institutions - dans une véritable révolution, les personnes les + importantes ne viennent pas sur le devant de la scène. Une révolution violente tombe d'abord aux mains des fanatiques à oeillères ou d'hypocrites tyrants. Ensuite, vient le tour des intellectuels ratés et des prétentieux de l'époque. Tels sont les chefs et les meneurs. Les natures justes et scrupuleuses, nobles, humaines, dévouées, les intelligents et les altruistes pourront amorcer un mouvement- mais il leur échappera. Ce ne seront pas eux les maîtres de la révolution. Ils en seront les victimes: victimes de l'écoeurement, de la désillusion, du remords même. Des espors ridiculement déçus, des idéaux caricaturés, telle est la définition du succès révolutionnaire. Page 130
Notre cher disparu m'a dit un jour de ne pas oublier que les hommes servent toujours quelque chosed e+ grand qu'eux-mêmes. Une idée. page 325

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