vendredi, février 01, 2008

SI ON ME DONNE LA PAROLE ( Domitila)

Ce livre relate la vie d'une femme de la mine bolivienne 1960-1976)

Maintenant, je pense que si nous changions ce système de vie, si le peuple arrivait au pouvoir, avec les mesures qui seraient prises cela ne produirait plus. Toute notre vie changerait.Parce que la première chose que nous ferions serait de nous attaquer au problème de la mine (d'étain). Par exemple, on achèterait des machines neuves pour réduire le travail. On ferait un système d'alimentation qui tiendrait compte des dégâts physiques qui épuisent nos compagnons. Et puis, je pense que nos compagnons ne doivent plus mourir ainsi à la mine. Ils y entrent et ils y restent jusqu'à ce qu'ils puissent tenir une pelle ou un pic, et alors, ils ont juste le droit de s'en aller avec leur petite indemnité.
Si l 'Etat veillait au capital humain, la première chose qu'il ferait, ce serait de décréter qu'aucun mineur ne doit travailler plus de cinq ans à l'intérieur de la mine. Et, en même temps qu'il y travaille, l'entreprise doit lui apprendre un métier quelconque , par exemple à être un bon menuisier ou un bon cordonnier, pour qu'en sortant de la mine après cinq ans, il puisse l'exercer. Pour qu'il puisse avoir un moyen de gagner sa vie et qu'il ne s'épuise pas dans la mine jusqu'à la fin. page 28
En corrigeant les erreurs du passé, des dirigeants sains se sont formés au cours des vingt dernières années; et nous avons appris l'importance de bien choisir les dirigeants, de garder avec eux une grande solidarité en les contrôlant, en les soutenant et en les crtiquant quand ils n'agissent pas comme ils le doivent. page 36
L'important, pour nous, c'est la participation conjointe de l'hommeet de la femme. C'est seulement ainsi que nous pouvons obtenir des temps meilleurs, des gens meilleurs, et plus de bonheur pour tous. Parce que , si la femme continue à ne s'occuper que de son foyer et demeure ignorante des autres choses de notre réalité, nous n'aurons jamais des citoyens capables de diriger le pays. Car la formation commence dès le berceau. Et si nous pensons au rôle primordial que joue la mère pour forger de futurs citoyens, il est sûr que si elle n'a pas elle-même de formation, elle ne forgera que des citoyens médiocres, faciles à manoeuvrer. Mais, si elle est politisée, si elle a une formation, si c'est dès le berceau qu'elle forge ses enfants avec d'autres idées, ses enfants deviendront différents. page 39
Depuis que j'étais arrivée à XX, (la mine) j'essayais d'être attentiveà tout. J'écoutais les nouvelles à la radio. J'assistais aux manifestations et j'essayais de savoir ce qui se passait. Tout était nouveau pour moi. A Siglo XX, j'ai commencé à m'intéresser , à me rendre compte de la lutte et des souffrances des gens. Et cela a réveillé un grand respect pour mon père et pour la cause à laquelle il s'est donné. page 69
Au commencemnt, nous avions la mentalité qu'on nous avait inculquée: la femme est faite pour la maison, pour le foyer, les enfants, la cuisine, elle n'est pas capable d'autres activités , de caractère social, syndical et politique par exemple. Mais nous étions guidées par la nécessité et nous sommes aujourd'hui, organisées. page 71
(A la Conférence de l'Année de la femme, à Mexico en 1976) Eh bien , parlons donc toutes les deux (la présidente de la délégation mexicaine) . Mais, si vous permettez, je vais commencer par moi. Madame, cela fait une semaine que je vous connais. Tous les matins, vous arrivez avec une robe différente, moi pas.Tous les matins, vous arrivez, coiffée et maquillée et ça montre que vous avez le temps d'aller dans un salon de beauté élégant et de l'argent à dépenser, moi, pas. J'ai vu que tous les soirs, un chauffeur qui vous attend à la sortie pour vous ramener chez vous, moi pas. Et, à voir comment vous vous présentez , ici, je suis sûre que vous avez une maison élégante, dans un quartier aussi très élégant. Nous, les femmes de mineurs, nous n'avons qu'un petit logement prêté et, si notre mari meurt ou s'il tombe malade ou s'il est licencié de l'entreprise, nous avons quatre-vingt-dix jours pour quitter notre logement et nous nous retrouvons à la rue.. Et maintenant, madame, dites-moi: qu'est-ce que votre situation a à voir avec la mienne? Et ma situation avec la vôtre? Alors de quelle égalité entre nous allons-nous parler? Si vous et moi nous ne nous ressemblons pas, si nous sommes si différentes, nous ne pourrons pas pour l'instant être égales, même en tant que femmes, vous ne croyez pas? page 220

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