samedi, septembre 28, 2019

IDAHO (Emily Ruskovitch) 2018

Idaho, 1995.  Par une chaude journée d'août, une famille se rend dans une clairière de montagne pour ramasser du bois. Tandis que Wade, le père, se charge d'empiler les bûches, Jenny, la mère, élague les branches qui dépassent. Leurs deux filles, June et May, âgées de neuf et six ans, se chamaillent et chantonnent pour passer le temps. C'est alors que se produit un drame inimaginable, qui détruit la famille à tout jamais. Neuf années plus tard, Wade a refait sa vie avec Ann au milieu des paysages sauvages et âpres de l'Idaho. Mais alors que la mémoire de son mari s'estompe, Ann devient obsédée par le passé de Wade. Déterminée à comprendre cette famille qu'elle n'a jamais connue, elle s'efforce de reconstituer ce qui est arrivé à la première épouse de Wade et à leurs filles.
 
Idaho est un roman magnétique qui nous amène sur le chemin tortueux et imprévisible du souvenir. La voix particulière d'Emily Ruskovitch , elle, demeure inoubliable.

La mémoire de Wade avait tendance à disparaître par petits bouts. Un jour, il a fait le lit à l'envers, étendant les draps sur l'édredon. Mais le plus surprenant, c'est qu'il ait fait le lit. Sachant qu'habituellement c'était toujours elle qui s'en occupait, ce changement n'était pas pour déplaire à Ann.
....Un jour d'automne ensoleillé, allongée à côté de lui dans l'herbe, tandis qu'il somnolait, elle a senti l'ancienne vie de Wade, ses souvenirs, s'évaporer à travers sa peau. Elle a senti que tout le quittait, tout sauf elle. Alors elle s'est , à son tour, vidée des a propre vie pour être sur un pied d'égalité avec lui. Ils sont restés étendus l'un contre l'autre, tel un fragment de temps. Un nuage est passé devant le soleil et, à l'intérieur de Wade, il y a eu un basculement qu'elle a perçu. A ce moment-là, elle a laissé un basculement se produire à l'intérieur d'elle-même, et ainsi ils sont devenus les êtres qu'ils étaient habituellement, encore tout chauds de l'amnésie qu'ils venaient de vivre.  page 27

Ann a grandi à Poole, sur la côte sur de l'Angleterre. Néanmoins, elle est née ici, dans l'Idaho. Pas à Ponderosa  mais à Kellog, une petite ville minière de la Silver Valley...Page 33
...L'Idaho était la mine; l'Angleterre, la surface instable de sa vie....Elle décroché un poste de professeur de chant dans un établissement scolaire à Hayden Lake , au  nord de l'Idaho, à moins d'une heure de son lieu de naissance. page 34
 
"Parfois, l'espace d'un instant, j'oublie, a -t-il dit, et je crois que May et June sont encore en vie, et que c'est Jenny qui est morte. Comme si on avait du mal à survivre sans elle, et qu'on aurait donné n'importe quoi pour lui parler  un moment, pour qu'elle indique où elle avait rangé les choses qu'on ne trouve pas......page 55
 
Elle l'aimait tellement qu'elle n'aurait fait autre chose pour rien au monde. page 56
 
Aujourd'hui, Ann s'étonne parfois que Wade et elle n'aient pas attendu plus longtemps. Il a perdu ses filles début août. Fin août, Jenny a renoncé à son droit à un procès, a plaidé coupable et, au début d'une audience qui n'a duré que vingt minutes, a été condamnée à la réclusion à perpétuité avec une peine de sûreté de trente ans. Au cours de cette audience, le juge a été troublé par son absence d'instinct de conservation, par sa volonté inflexible d'affirmer sa culpabilité. Il a cherché à la pousser à s'expliquer mais elle s'est contentée de dire qu'elle avait assassiné son enfant et qu'elle voulait mourir pour ce crime.
Le divorce a été prononcé en octobre. En février, Wade a fait son retour dans la vie d'Ann, et , en juin , ils se mariaient. page 60
 
Petite, elle (Ann) se faisait une idée précise de ce que signifiait être adulte: être adulte voulait dire posséder une maison que l'on remplissait d'objets comme celui-ci.  Des objets auxquels vous ne teniez pas individuellement, que vous n'aviez pas le souvenir d'avoir choisis ni même achetés, mais qu'au fil du temps, la vie s'était chargée de collectionner pour vous et qui, par conséquent, parlaient pour vous.  Dans l'esprit enfantin d'Ann, de tels objets étaient nécessaires, ennuyeux, beaux et, quand vous grandissiez, pouvait être atténué par l'assurance que ces objets procuraient. Ils étaient une protection, comme si collectivement ils détenaient un pouvoir magique, formant une sorte de bouclier épars. page 86
 
Mais Wade, s'étant depuis longtemps éloigné de son chagrin, se trouve désormais à l'intérieur de ce brouillard, incapable de voir au-delà. Pendant des années, il avait pu faire comme s'il n'avait pas peur d'être un jour atteint de démence, lui aussi. Même si cette peur pointait son nez dans certains moments d'émotion intense, en général, il parvenait à l'étouffer. page 148
 
Je n'ai pas terminé la lecture de ce roman....

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