lundi, février 10, 2020

LE VENT NOUS PORTERA ( Jojo Moyes) 2019

" Je crois que vous aimez ces montagnes autant que moi. Là-haut, vous pouvez respirer. Vous n'entendez pas l'incessant bavardage de la ville. Aucun regard sur vous. Il n'y a rien que vous, les arbres, les oiseaux,la rivière, le ciel et la liberté.....Là-haut, c'est bon pour l'âme."

Alice a soif d'aventures,  et se sent à l'étroit  dans la bonne société anglaise. Aussi, s'empresse t-elle d'épouser le bel Américain qui succombe à son charme, saisissant l'occasion d'un nouveau départ. Mais le rêve américain  est mis à rude épreuve dans la petite ville du Kentucky où elle atterrit , et ses désillusions de la vie conjugale ne se font pas attendre.
Lorsqu'un projet de bibliothèque itinérante  voit le jour, Alice se porte volontaire: c'est l'occasion rêvée  d'échapper à son quotidien étouffant. Elle se lie d'amitié  avec quatre bibliothécaires, parmi lesquelles la fascinante  Margery, qui ' a peur de rien , ni de personne. Ensemble, elle sillonnent à cheval  les montagnes du Kentucky pour apporter des livres  dans les zones les plus reculées, bravant tous les dangers. Mais s'il y a bien une chose dont ces porteuses d'histoires  ne manquent pas, c'est le courage. 
Un roman profondément émouvant sur l'épopée de la culture et l'émancipation féminine. 
A partir d'une histoire vraie. Les bibliothèques itinérantes ont été créées sur l'initiative de la première Dame des Etats-Unis, Eleonor Roosevelt, suite à la Grande Dépression qui a suivie le crash de 1929

20 décembre 1937
La vie conjugale, lui avait-on dit, serait une aventure. Un voyage vers un nouveau pays! Elle avait épousé un Américain, après tout. Une nouvelle gastronomie,! Une nouvelle culture!  De nouvelles expériences! Elle s'était imaginée à New-York, impeccable en tailleur deux-pièces,  dans  des restaurants raffinés et dur des trottoirs fourmillants. Elle écrirait en Angleterre, se targuant de ses nouvelles expériences.  page 17

" Alice, à ta façon de rester en retrait, les gens commencent à penser que tu es  un peu...froide.
- Je suis anglaise, Bennett. Nous n'avons pas vocation à être....chaleureux.
- Je pense juste que plus tu t'investis, mieux c'est pour nous deux. Papa le pense aussi.
- Oh. C'est ce qu'il pense, hein?
- Ne sois pas comme ça.
Mrs Brady  lui décocha un regard.  page 21

Avec les dents aussi serrées que lorsqu'elle avait enduré le pensionnat et le Poney Club, Alice tenta des 'adapter à sa nouvelle vie dans cette petite ville du Kentucky. Ce fut une sacrée transition culturelle....
Elle trouvait la vie étouffante dans la spacieuse maison blanche , même si Annie , la gouvernante quasi muette, la soulageait de la plupart des tâches ménagères. ...;chaque surface  était couverte de photos de feue Mrs Van Cleve, de bibelots ou d'une infinie variété de poupées de porcelaine aux yeux fixes. Si Alice s'avisait d'en déplacer une d'un pouce, les deux hommes lui rappelaient qu'elles étaient " les favorites de Maman".  L'influence pieuse et austère de Mrs Van Cleve planait sur la maison comme un linceul. page 29

Elle finit par s'apercevoir qu'elle avait simplement troqué une prison domestique pour une autre. page 33

(Alice s'est proposée de distribuer des livres dans la campagne )
(Elle parle à Margery)
" Vous vivez à Baileyville?
- A deux pas de la ville. dans la maison qui m'a vue naître.
- Vous n'avez jamais vécu qu'à un seul endroit?
- Oui, et c'est très bien comme ça.
- Vous n'êtes pas curieuse?
- De quoi?
Alice haussa les épaules.
- Je ne sais pas. D'aller ailleurs , de découvrir autre chose?
- Pourquoi, Est-ce que c'est mieux d'où vous venez?
Alice songea au silence écrasant du salon de ses parents, au grincement sinistre de la porte d'entrée, à son père qui astiquait son automobile....
- Probablement pas.  page 53

Alors qu'elles étaient lancées au galop, Alice se pencha sur l'encolure de la jument et se sentit soudain heureuse...
- Mon Dieu, c'est tellement beau! s'exclama Alice.
Elle riva les yeux sur les énormes rochers couleur sable qui semblaient surgir de nulle part, formant des abris naturels...;Elle avait l'impression d'avoir atterri sur une autre planète, où la gravité n'opérait pas de la même manière. Elle se laissa traverser par tous les bruis du monde - les grillons dans l'herbe, les oiseaux qui planaient lentement en silence au-dessus de leurs têtes, le fouettement d ela queue des chevaux chassant les mouches de leurs flancs. page 54

Tous les jours de cette première semaine, Margery ^planifia l'itinéraire qu'elles prendraient avec Alice, et elles partaient dans le matin paisible. Alice humant l'air de la montagne à pleins poumons après l'atmosphère étouffante de la maison Van Cleve. ....Alice s'était habituée au petit cheval pie....Elle commençait à savourer le temps passé dans les montagnes, le silence inattendu du vaste paysage, la compagnie de Margery devant elle...
Pour la première fois depuis presque un an, Alice n'avait plus à se soucier du regard des autres. Il ne se trouvait personne pour faire des commentaires sur sa tenue  ou sa posture.....page 67

"Nous allons au terrain de base-ball à Johnson.
- Oh, très bien. Je vais venir vous regarder.
IL se passa la paume sur le sommet du crâne 'un air embarrassé.
- C'est un truc d'hommes. Les épouses ne sont pas conviées.
- Je ne dirai rien, Bennett chéri, je ne te dérangerai pas non plus.
- Ce n'est pas le problème...
- C'est juste que j'adorerais te voir jouer. Tu as l'air si....joyeux quand tu joues.
....-Comme je disais...c'est un truc d'hommes.
Alice déglutit.
- Je vois , une autre fois.
- Bien sûr! (soulagé, il parut soudain heureux) page 80
Alice s'efforça de ne pas trop réfléchir à  ce qui s'était passé la veille. Un jour, sa tante préférée lui avait dit que la meilleure manière d'avancer dans la vie était de ne pas s'appesantir sur des choses sans importance. ...Il n'y avait aucun intérêt à s'attarder sur le fait que Bennett était allé se saouler après la fin du match de base-ball. En rentrant, il s'était écroulé sur le lit près de la penderie... IL s'était à présent écoulé plus de six mois, assez longtemps pour qu'elle soit forcée d'admettre qu'il n'agissait pas un comportement normal d'un jeune marié., mais à quoi bon s'appesantir là-dessus?  A l'évidence, ils n'arrivaient pas à parler de ce qui se passait entre eux....page 83

( Margerie à Alice) " La plupart de matins, vous me faites l'effet d'une prisonnière qui retrouve sa liberté, déclara Margery en sirotant son café. page 96

" Est-ce que tu me trouves jolie, Bennett?
- Tu sais bien que oui.
Il avait la voix somnolente.
- Tu es content qu'on soit mariés?
- Evidemment.
Alice promena son doigt autour du bouton de chemise.
- Alors, pourquoi...
- Ne gâchons pas ce moment avec des discussions sérieuses, Alice....A quoi bon ressasser?  On ne peut pas profiter de la soirée  tout simplement? page 106

"Le mariage , dit-on, réduit de moitié les droits de l'un et double les devoirs de l'autre. " Louisa May Alcott ( Les quatre filles du docteur March. page 107

Alice était assise sur une chaise dans le coin, son papier à lettres sur les genoux, essayant de rédiger un courrier pour Gideon, mais sa main tenant son stylo ne cessait de se figer. Elle ne savait pas absolument pas quoi lui raconter. Tout le monde  en Angleterre croyait qu'elle menait une vie palpitante dans une Amérique dont le quotidien était fait d'énormes voitures et de grands moments. Elle ignorait commet révéler à son frère la vie qu'elle menait ici.Page 197

(Sven est amoureux de Margery, elle aussi) " Je ne suis pas en train de demander ta main, je te le promets. J'essaie simplement de comprendre. parce qu'il me semble qu'il n'existe pas une énorme différence.
- Margery posa ses couverts sur son assiette.
- Eh bien, il yen a une. Parce qu'aujourd'hui, je peux faire ce que je veux, et je n'ai pas de  compte à rendre à personne.
- Je t'ai dit que ça ne changerait pas. J'aurais espéré qu'après dix ans, tu saurais que je suis un homme de parole.
- C'est le cas. Mais c'est pas seulement la liberté d'agir sans avoir à demander la permission , c'est ma liberté d'esprit.  savoir que je peux disposer de moi-même. Aller où je veux. Faire ce que je veux;< Dire ce que je veux. Je t'aime;, Sven , mais je t'aime en tant que femme libre. (Elle se pencha et lui prit la main) Le fait que je sois avec toi par pure envie - et non parce qu'une bague me rappelle que j'y suis obligée - est une plus grande forme d'amour, tu ne crois pas?
- Je comprends ton raisonnement
- Alors quoi?
- Je  pense...Il repousse son assiette. je suppose que j'ai juste... peur.
- De quoi?
- Il soupira et retourna la main de Margery dans la sienne.
- Qu'un jour tu ne veuilles plus de moi
....- Je ne pourrai jamais me passer de toi. Il n'y a aucune chance que cela se produise.Mr Gustavsson.  Je serai avec toi, jour et nuit, aussi longtemps que tu pourras me supporter. Et tu es bien placé pour savoir que je ne dis jamais rien que je ne pense pas..pages 254, 255

(Margery  est enceinte et Alice vient de le découvrir)
- Enfin, je veux dire... Vous n'êtes pas mariés!
- Mariés! C'est ça qui t'inquiète? s'esclaffa Margery. Alice, tu crois vraiment que je me soucie de ce que les gens es environs pensent de moi? Enfin, Sven et moi sommes quasiment mariés. Nous élèverons cet enfant, et nous serons plus gentils avec elle  et l'un envers l'autre que la plupart des gens mariés par ici; Je l'éduquerai et lui apprendrai à distinguer le bien et le mal, et tant qu'elle aura un papa et une maman pour l'aimer, je me fiche de ce qu'en penseront les gens.
Alice ne pouvait se faire à l'ide qu'une femme puisse être enceinte de six mois et ne pas se soucier que son bébé risque d 'être un bâtard, et qu'il risque même d'être damné. Et pourtant, face à la certitude enthousiaste de Margery sa mine radieuse, on pouvait difficilement affirmer que tout cela était un désastre. page 424

Cette année-là, ce fut comme si le printemps avait oublié de se manifester.. Un jour, tout était gelé, et le jour suivant, une vague de chaleur déferla sur le comté de Lee.  page 468

Certaines choses sont un  cadeau, même si elles sont éphémères. page 480

La bibliothèque à cheval de la WPA fut en activité de 1936 à 1943. A son apogée, cette initiative permit de fournir des livres à plus de cent mille habitants des zones rurales. Aucun programme d'une telle ampleur n'a été mis en place depuis.
L'est du Kentucky reste l'un des endroits  les plus pauvres -et les plus beaux - des Etats-Unis. page 598

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