lundi, juin 01, 2020

LUNE PALE (W.R. Burnett)

Vers 1890, près de la frontière mexicaine, à  l'époque où le Far West sauvage se transforme peu à peu en une société démocratique, se joue le destin d'une famille puissante aux origines mêlées - mexicaines, indiennes  et américaines - dont le patriarche, Jake Starr, règne sur la petite ville de San Miguel grâce à un féodalisme autoritaire mais bienveillant. Quant à Doan Packer, un Américain au passé trouble et au fort charisme, arrive et s'éprend d'Opal, la fille de Jake, le conflit entre les anciens et les progressistes se trouve exacerbé. 
W. R. Burnett réussit le coup de maître d'imposer un  héros loyal, tourmenté et obstiné tout en le faisant évoluer dans la société équivoque et captivante dirigée par la famille Starr.
fable politique, histoire criminelle, et roman d'amour, Lune pâle est un western haletant, rythmé par les amitiés fidèles et la passion amoureuse, où l'Ouest américain dévoile ses eux visages - politicien et aventureux. 

Doan ne prêtait aucune attention aux hommes et examinait Opal Starr. Elle était mince et de taille moyenne, mais sa silhouette n'avait rien de frêle; elle paraissait devoir sa santé robuste à une vie  de plein air, et elles e mouvait avec une grâce souple et hautaine. Elle portait une jupe fendue, en daim jaune, et des bottes à éperons. Elle avait les cheveux assez foncés, striés de mèches blondes, et le teint clair. Mais ses pommettes étaient saillantes et ses yeux indiens, bien que gris. Etrange personne, songea Doan. Son visage était calme, immobile, et faisait penser à un masque: mais ses yeux étaient vifs, observateurs , et même indiscrets. page 33

Doan regardait calmement autour de lui, remarquant les étagères en verre avec leurs bouteilles , en rangs serrés; la bibliothèque débordant de livres, la table recouverte d'un linge blanc....
Certains des titres touchaient une corde sensible et le ramenaient brutalement vers son passé.
Crip s'approcha de lui.
- Mon Dieu! tous ces livres, dit-il avec effroi. tu crois qu'il les a vraiment tous lus?
le docteur entendit la remarque de Crip et il se mit à rire.
- Bien des fois, dit-il.
Oliver Twist, dit Doan. J'ai lu ça chez moi. Le même livre, je veux dire, la même couverture. Celui-ci aussi, je l'ai lu: Rob Roy. avec la même couverture.
Le docteur se retourna et considéra Doan avec étonnement.
- On peut dire que vous êtes une exception dans cette ville, dit-il. C'est tout juste si nous pouvons faire vivre un journal ici. page 56

"Doan, dit le docteur, en tirant sur son cigare, vous savez, vous m'intéressez. Dîtes-moi de me mêler de mes affaires, mais je voudrais vous poser une question. Que faisiez-vous chez vous?
Crip se pencha en avant pour mieux entendre. Il avait souvent eu envie de poser cette question à Doan.
- Eh bien, dit Doan, j'ai fait mon droit avec mon grand-père et j'ai été admis au barreau. Je ne connaissais rien au droit mais mon grand-père était un magistrat connu dans la ville, donc j'ai été admis. page 64

Mais bien qu'il fut fier d'Opal (sa nouvelle épouse), et en dépit du whisky et du vin, Doan n'était pas à son aise.  Les dimensions et l'élégance de la salle à manger le glaçait Les nombreux domestiques qui tourbillonnaient autour des convives le troublaient. Et il  s'était fait l'effet d'un intrus en prenant sa place au bout de la table.  Après tout, qui était-il? Un corniaud de sa campagne, rien d'autre.  Qu'est-ce qu'il lui valait  d'être assis dans ce grand fauteuil  tapissé,  environné de cristal, de  porcelaine et d'argent? page 128

"Il faut que nous gagnions, dit Opal. Il le faut. Que serait San Miguel si les Starr n'étaient plus au pouvoir? Inimaginable. Nous y sommes depuis 1881. j'étais encore une enfant, j'avais treize ans, je me souviens.  J'étais allée en calèche, au palais de justice avec Jake (son père)? Bref silence. Il faut que nous gagnons , Doan. , il le faut. page 180

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