mercredi, janvier 15, 2020

LE GHETTO INTERIEUR ( Santiago H. Amigorena) 2019

Vicente Rosenberg est arrivé en Argentine en 1928. Il a rencontré Rosita Szapire cinq ans plus tard , Vicente et Rosita se sont aimés et ils ont eu trois enfants. Mais lorsque Vicente a su que sa mère allait mourir dans le ghetto de Varsovie, il a décidé de se taire.
Ce roman raconte l'histoire de ce silence - ce qui est devenu le mien.


Le 13 septembre 1940, à Buenos Aires, l'après-midi était pluvieuse et la guerre en Europe si loin qu'on pouvait se croire encore  en temps de paix. page 13

Au sortir de la Première Guerre mondiale, la Pologne était à peine un pays. Il y avait cinq monnaies différentes, neuf systèmes juridiques, et de multiples disputes frontalières avaient toutes dégénéré en petites guerres:la guerre polono-ukrainienne;la guerre polono-lituanienne, la guerre polono- tchécoslovaque. page 26

Qu'est-ce qui nous fait sentir une chose plutôt qu'une autre?  Qu'est-ce qui fait que parfois nous disons que nous sommes juifs, argentins, polonais, français, anglais, avocats, médecins, professeurs, chanteurs de tango ou joueurs de football? Qu'est-ce qui fait que parfois nous parlons de nous-mêmes en étant si certains que nous ne sommes qu'une seule chose, une chose simple, figée, immuable, une chose que nous pouvons connaître et définir par un seul mot?  page 30

Vicente Rosenberg était rivé en Argentine au mois d'avril 1928 avec très peu d'argent e tune lettre de recommandation de son oncle pour la Banque de Pologne à Buenos Aires...Page 32

Il avait bien vu, après, à l'université, comment ses camarades l'avaient remercié d'avoir libéré leur patrie: par des insultes , en le traitant de "juif", comme si être juif l'empêchait d'être polonais page 51
En 1940, Vicente ne savait peut-être pas s'il était juif ou argentin, mais il savait qu'il n'était pas assez polonais pour se battre, comme il s'était battu pour défendre ce pays. page 51

Quelques années auparavant, Rosita ( son épouse) lui avait conseillé; s'il voulait vraiment que  sa mère vienne s'installer avec eux, d'écrire à son frère et à sa soeur, ou bien d'aller la chercher. mais Vicente n'avait rien fait. Il lui avait même avoué que depuis qu'il était arrivé en Argentine, il avait compris que l'exil lui avait  permis de devenir indépendant, et qu'il n'était pas si sûr  de vouloir vivre de nouveau avec elle.  S'éloigner de sa mère, en 1928, l'avait tellement soulagé - être loin d 'elle, aujourd'hui , le torturait tellement.   page 60

 "Pourquoi jusqu'aujourd'hui j'ai été enfant, adulte, soldat, officier, étudiant, marié, père, vendeur de meubles, mais jamais juif?  Pourquoi je n'ai jamais été juif comme je le suis aujourd'hui? - aujourd'hui où je ne suis plus que ça"?  page 69

..;Comme si cette origine juive était une grosse valise qu'il fallait se trimbaler pendant toute notre existence. Une grosse valise pleine de vieux manuscrits écrits d'une écriture illisible...d'une écriture illisible d'une langue qu'on ne parle même pas!  C'est comme si être juif, parce que ce n'est pas une nationalité, parce qu'on n'avait pas de territoire, devenait comme...un héritage tellement lourd...;tellement immense...page 76
..Un peuple sans Etat, une manière de survivre comme si on était vraiment une communauté qui n'est pas échafaudée sur des rois, sur une langue, sur une terre qu'on partage, ou sur des guerres qu'on a partagées..;m^me pas vraiment sur un dieu , puisque presque plus personne  n'y croit....mais juste quelques livres et un petit tas de souvenirs qu'on se rappelle à peine.
- Et aussi sur l'idée stupide que quelqu'un nous a choisis  non? Sur l'idée qu'un dieu nous a choisis pour quelque chose. Même si personne ne sait quoi au juste.  page 78

Je n'ai pas fini ce livre, je n'arrivais pas à m'y plonger.

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