jeudi, décembre 16, 2021

POUSSIERE DANS LE VENT ( Leonardo PADURA) 2021

 Ils ont vingt ans. Elle arrive de New-York, il vient de Cuba, ils s'aiment. Il lui montre une photo de groupe prise en 1990 dans le jardin de sa mère. Intriguée, elle va chercher à en savoir plus sur ces jeunes gens. Ils avaient  huit amis soudés depuis la fin du lycée. Les transformations du monde et leurs conséquences sur la vie à Cuba vont les affecter. Des grandes espérances jusqu'aux pénuries de la "Période spéciale" des années 90 après la chute du bloc soviétique, et à la dispersion dans l'exil à travers le monde. Certains vont disparaître, certains vont rester, certains vont partir.  Des personnages magnifiques, subtils et attachants, soumis au suspense permanent qu'est la vie à Cuba et aux péripéties universelles des amitiés, des amours et des trahisons.  

Depuis son île, Leonardo Padura nous donne à voir le monde entier dans un  roman universel. Son inventivité, sa maitrise de l'intrigue et son sens aigu du suspense nous tiennent en haleine jusqu'au  dernier chapître

Ce très grand roman sur l'exil et la perte qui place son auteur au rang des plus grands écrivains actuels, est aussi une affirmation de la force de l'amitié, de l'instinct de survie et des loyautés profondes. 

Après avoir achevé sa licence de lettres à la FIU, elle avait postulé et obtenu un poste minable à la bibliothèque de l'université tout en faisant un master dans une matière aussi inutile et fleurant le sous-développement que les études latino-américaines, avait été qualifiées par sa génitrice de gâchis de neurones....Mais que, pour comble de déchéance, elle tombe amoureuse  d'un balsero, un réfugié cubain, et que, cerise sur le gâteau , à peine quelques mois plus tard, elle aille s'installer avec ce type, dans un appartement immonde de l'immonde Hialeah, non, mais, je n'y crois pas.  page 22 

Grâce à cette capacité bien cubaine à défendre férocement son essence propre, l'adolescente devint presque militante d'une religion sans dieu, qui avait apôtre appelé Joseph comme le patriarche biblique: José Marti, poète prophétique qui plus est.  page 33

Marcos, habitué à ce que d'autres décident à sa place dans ce genre de questions ( les panneaux électoraux candidate Hilary Clinton)) , se fichait de l'occupant de la Maison Blanche en tant qu'il ne s'intéressait pas à lui; il vaut mieux qu'on m'ignore disait-il.  page 35

" Si ce n'est pas indiscret,...pourquoi  toi, es-tu parti de Cuba? Aujourd'hui, tout le monde s'en va, les jeunes comme toi s'en vont, c'est pas les raisons de partir qui manquent, mais toi.... - " Il fallait que je m'en aille...Je voulais une maison, une voiture, et là-bas....même pas la peine 'y songer."  - " Une maison, une voiture....ça peut-être une bonne raison...Moi, je suis parti pour suivre mes enfants. Eux aussi, voulaient avoir une maison, une voiture. En un seul bloc; une maison, une voiture....Mais toi, tu n'es pas comme ça? je le sens.... - " Non Casamayor, je suis comme  les autres. ...Un Cubain lambda qui habite maintenant à Hialeah et....page 43

Quatre mois après son arrivée, alors qu'il venait juste de débuter sa relation avec Adela, ...Marcos était déjà devenu associé commercial de Gros Nez. Son ascension avait été fulgurante et avait commencé à se forger quand il avait demandé à son employeur  de le laisser parler, lui, avec les fournisseurs nord, -américains.....Une semaine plus tard, il était passé du statut de nettoie-toute- la- merde-et - porte- tout ce- qui- est- lourd à celui de responsable de la comptabilité., des achats ....C'était peu après qu'il est devenu indispensable, le jour où il avait sauvé les ordinateurs du propriétaire du garage du virus qui menaçait de dévorer tous les fichiers techniques,  administratifs et financiers.... Six mois après, ...Marcos gagnait en moyenne trois mille dollars par mois.....page 52

Adela commença par constater que le rapport viscéral de son amant avec ses habitudes et sa culture d'origine, semblait imperméable   au territoire où il vivait à présent...Pourquoi une personne quitte-t-elle ainsi son pays? Pourquoi quelqu'un s'éloigne-t-il de son pays sans en sortir? ...Adela savait qu'on ne quitte jamais l'endroit où on est heureux, à moins d'y être forcé...page 62....." A Cuba, personne ne dit tout. Personne. ....Et ça tu l'apprends dès ta naissance. Tu veux la vérité? OK......On était trop loin dans le business" " dit Marcos)  - De quel business tu parles. Du fromage? " Il secoua la tête. - Des business dans l'entreprise où je travaillais....Là-bas, on volait et on revendait de tout....C'était comme ça avant que j'arrive, depuis des années....c'est des choses normales..."page 64...." Comme je te l'ai dit, il y a un million de gens qui vivent  de la débrouille qui vivent comme je vivais à Cuba.  Certains gagnent plein de fric, d'autres survivent, mais toujours en se débrouillant...La politique ne les intéresse pas et ils ne gobent pas les histoires d'avenir meilleur racontées par les politiques....page 70

" Ces horribles tasses! Tout ça, c'est volé? - Les voisins du quartier....dit Clara avec un sourire. Il y en a plusieurs qui travaillent à l'aéroport et ils embarquent même le kérosène pour les avions. ...Ils piquent tout ce qu'il y a....Les pilotes, les hôtesses rapportent tout ce qu'ils peuvent de l'étranger pour le revendre.... page 85

 " L'Union soviétique tombe en morceaux....Qui l'aurait dit , hein? - La mère le disait...Tu sais que ma soeur a fait ses études là-bas....- C'est Gorbatchev qui a tout foutu en l'air. - Tu ne crois pas plutôt que c'était foutu et que Gorbatchev, il a juste publié dans le journal, comme dit Walter. Tu crois vraiment qu'on peut rendre la société plus juste en donnant des coups de pied au cul...page 96

Le Clan s'appelait déjà le Clan quand plusieurs d'entre eux avaient découvert  1984, trois ans avant l'année choisie par Orwell pour situer sa fable d'anticipation politique. Elisa l'avait apporté au conclave, a ait eu accès au livre grâce à Irving....Apparemment , c'était Horatio, durant la dernière année de lycée, qui avait eu l'idée de baptiser leur petit groupe "Le Clan"...page 103

L'enfermement physique et mental auquel ils étaient soumis, sans vraiment en avoir conscience ( sauf Elisa, la British)  leur faisait voir le monde extérieur comme une carte divisée en deux entre deux couleurs antagoniques; les pays socialistes ( les gentils)  et les pays capitalistes ( les méchants) . dans les pays socialistes ( où il était en plus possible de se rendre) on construisait, avec ardeur, l'avenir radieux ( même si pas très joli disait Irving) d'égalité et de démocratie juste, régie par la dictature du prolétariat confiée à l'avant-garde  politique du Parti durant la phase de construction du communisme dont l'événement constituerait le point culminant de l'Histoire, le bonheur de l'humanité. dans les Etats capitalistes décadents, prédominaient le vol et la discrimination, l'exploitation de l'homme par l'homme, la violence, le racisme, l'hypocrite démocratie bourgeoise, des guerres comme celle du Vietnam y étaient générées. Il se produisait des scandales comme celui du Watergate, il s'instaurait des dictatures sanguinaires comme au Chili.....page 106....C'était là  qu'un frais dimanche soir de 1981, Clara et Dario avaient accueilli Horacio, Bernardo et Elisa oscillant entre euphorie et désenchantement après l'inquiétante lecture d'Orwell...Elisa sortit de son sac tissé latino-américain un exemplaire déjà bien usé de 1984 et le tendit à Clara. " Je vous laisse trois jours pour le lire.. Il faut absolument que vous le lisiez..." " C'est  de la littérature subversive, intervint Bernardo. de l'anticommunisme pur...." page 108

" Je n'ai pas ma place ici. Ils veulent que je sois d'une certaine manière et moi, je suis d'une autre. j'étouffe.   ( Walter)..." Tout ça, c'est de la folie, mec.  Vouloir aller vivre ailleurs, c'est presque un délit. ..On peut même enlever le "presque. " page 120

( Irving,  revient à Cuba après 15 ans à Madrid) Pour passer le contrôle, trente minutes de queue, tu débarques à Cuba, et c'est une queue qui t'attend." Le pays  des longues queues" se dit-il en lisant sur une affiche qu'il était arrivé dans un "paradis sous le soleil". "En quelle année avez-vous quitté Cuba? insista le représentant de l'autorité. - " En 1997...Non pardon, en 1996. Presque 15 ans - " Et le motif de votre voyage? L'exilé avait souvent réfléchi à cette question. - " Ma mère, comme je vous l'ai dit, est au plus mal. ...Ma soeur m'a demandé..."  " Bienvenue dit le policier. Et il avait souri. page 136

"(Walter s'est suicidé  - 1990 - ou a été tué, Irving est en prison) La cellule du bâtiment colonial où on l'avait mis contenait un lit avec sommier métallique recouvert d'un  fin matelas; il faisait humide et froid à cette époque de l'année. ...On lui servait ses repas à des intervalles qui lui semblaient parfois  plus courts et d'autres fois, plus espacés,  et toujours avec les mêmes ingrédients ( une assiette en plastique avec  du riz, un peu de potage aux petits pois ou aux haricots rouges, deux croquettes et un morceau de pain), ce qui ne l'aidait pas à savoir s'il s'agissait du petit déjeuner ou du déjeuner. On ne lui donnait jamais de café et le manque de caféine lui donnait des maux de tête permanents. page 165 (A la libration d' Irving) Horacio avait réussi à dégoter, je ne sais où, un poulet canadien et dodu, découpé par Clara de façon à ce que chacun  en ait un morceau  dans le riz au poulet qu'elle se mit à préparer, tandis que Liuba apportait une boite de croquettes à la viande made in Vietnam, qui avait  été distribuée par le ministère comme récompense pour  avoir atteint les objectifs dont personne  n'avait souvenir de l'existence ou de la réalisation. ...Le médecin (Dario) avait sorti un litre de White Horse... cadeau de ses patients...page 171

( Irving se rend en Espagne rendre visite à son ami Dario) Une heure plus tard,  tandis qu'il ( Dario) montrait  l'appartement de  Segur  de Calafell ( qualifié de super affaire)  tout en tenant par la main Montse, comme s'ils étaient de jeunes fiancés....Irving eut la pensée perverse que l'invitation de Dario était due au besoin que quelqu'un tel que lui, justement, soit le témoin et peut-être le porte-parole de son succès, symbolisé de manière spectaculaire par une maison de rêve. page 180..."Quitter Cuba , mon vieux,  c''est ce qui pouvait m'arriver de mieux. Et je remercie tous ceux qui m'ont poussé  à le faire. je ne sais comment je continuerais à vivre là-bas, ce serait sûrement de pire en pire. Là-bas, c'est sans remède, sans remède....En plus , tu as vu la femme que j'ai trouvée...Elle me traite comme un dieu...page 182

Jusqu'au 11 Septembre 2001, Adela  n'avait eu qu'une vie. Ce jour-là,  à neuf heures deux minutes du matin, à l'âge de onze ans et quatre mois,  l'adolescente avait commencé une autre vie, celle qui depuis avait été la sienne.... page 215

( Marcos  - aux USA à sa mère, Clara à Cuba) Marcos lui demanda de le prévenir immédiatement si elle  avait besoin d'un  médicament impossible à trouver à Cuba. ( Bernardo a un cancer. ) " Maman, il va très mal? - " Il a un traitement, ne t'inquiète pas...;Je garde la foi. - " Mais, c'est quoi, cette manie de ne pas dire les choses clairement! Sa chimio, il va la reprendre oui ou non?  Bon, d'accord, d'accord. Dis à Bernardo que je l'embrasse. ...Et je vous envoie cette semaine un peu d'argent pour que vous mangiez un peu mieux et que vous preniez des taxis si nécessaire. " Bernardo dit que ...si tu vois Obama, tu lui signales que, quand il est venu à Cuba, il n'est pas venu le voir...; page 236

Décrépite et prétentieuse, attirante et repoussante, aimable et agressive, exotique et familière, c'était l'image de la Havane. Et tout cela, en même temps.  (Adela) page 243...'.Quelques années plus tard, en fac, un voyage est organisé pour Cuba, Adela veut savoir des précisions sur  sa mère  quand elle vivait à La Havane. ) Sur la liste des diplômés de la faculté de médecine vétérinaire de La Havane, en 1982, il n'y avait aucune personne  du nom de Loreta Aguirre Bodes...Page 245

"La vie individuelle de chacun mérite le respect des autres.  Chaque personne est responsable de ses actes. ...Je peux juste dire que Loreta  m'a avoué  plusieurs fois qu'elle  avait envie d'une autre vie..." un moine bouddhiste)  page 249

Au fil des jours de l'intimité croissante, Loreta révéla enfin à son amant certaines des raisons, que durant des années, il crut véritables, expliquant l'existence d'une Loreta Aguirre Bodes qui s'appelait en fait Elisa Lucinda Correa ..Loreta lui avoua qu'elle avait dû dissimuler sa véritable identité pour pouvoir sortir de Cuba avec le passeport au nom de Loreta muni d'un visa anglais, que, des années auparavant, son père lui avait  remis.  Avec ce passeport ( parfaitement authentique, mais avec le nom changé,) elle était arrivée à Boston où elle avait aussitôt demandé l'asile politique aux Etats-Unis.  page 226...Bruno Fitzberg ne pouvait nier qu'il avait été heureux avec son épouse et sa fille ( Adela qu'il a adoptée) page 268

Quinto Horacio  était né à La Havane le 8 novembre 1958 et avait été baptisé ainsi car son père était un admirateur d'Horace.....Son père Renato Forquet avait quitté Cuba pour les Etats-Unis, le 9 janvier 1960, pour ce qui devait être un bref séjour....;Les mois devinrent des années...Renato, qui avait fait ses études aux Etats-Unis à l'orée des années 1950, considérait le communisme come une aberration politique . page 275..Quand en 1994, Horatio  avait quitté Cuba pour les Etats-Unis, il avait enquêté sur le destin de son père auprès de quelques vieux résidents cubains de Miami, en particulier franc-maçons comme lui. Plusieurs se souvenaient de lui, aucun ne savait où le trouver. Ce que Horatio finit par trouver à propos de son géniteur...une tombe discrète dans un cimetière de Tampa couronné d'une plaque.....Renato Forquet Sanchez, père et époux chéri, frère franc-maçon, était décédé  en mai 1994 à l'âge de soixante -quatre ans...page 276

En dépit des preuves et des conclusions de l'enquête, depuis le début, Horacio n'avait pas cru et ne croirait jamais  que Walter s'était suicidé. ...Mais s'il ne s'était pas suicidé, qui l'avait balancé dans le vie? page 290

Il y avait pénurie de tout, sauf de temps. Un temps horrible,  doté d'une étrange capacité de distorsion...l'intervalle entre deux repas se transformait  en étendue désolée et interminable de laquelle on n'était pas sûr de pouvoir sortir; les coupures de courant en série devenaient des périodes exaspérantes qui semblaient ne jamais finir; les heures nécessaires pour se déplacer d'un point à un autre de la ville  signifiaient  des séquences épuisantes sur une bicyclette chinoise ou des files d'attente infinies avant d'emprunter un transport public...La liste des choses qui manquaient ou avaient disparu était longue.  .Page 294

La crise  à l'intérieur de la crise se déclencha l'été de la très sombre année  1994, alors Horacio prit la décision....Partir, partir, partir. page 302 ( il y eut des manifestations et de la répression) Cinq jours plus tard, la soupape de la cocotte-minute fut enfin retirée et le gouvernement  annonça , de manière officielle cette fois, que les frontières étaient ouvertes pour que quiconque désirant s'en aller s'en aille, par ses propres moyens. .page 303..;Horatio avec huit autres passagers à bord, ..;Quittèrent l'embouchure du Cojimar le 17 août dans l'après-midi. page 304 Horatio ( à New-York) qui n'avait jamais eu de voiture, ni d'espoir réaliste d'en avoir une, se vit soudain entouré d'autos neuves, puissantes, rutilantes...page 306..Le jeune homme ( Marcos, fils de Clara et de Dario)  et l'homme ( Horatio, son oncle) qui l'avait vu naître se retrouvaient face à face pour la deuxième fois depuis que Marcos avait quitté Cuba, presque deux ans plus tôt. ...Les verres remplis, Horatio passa à l'attaque - " Bon, Marquitos, ce que tu m'as dit au téléphone quand tu m'as montré la photo d'Adela...C'est quoi ces conneries?  - " Avant, dis-moi une chose, qui était Elisa? - " Pourquoi tu me demandes ça? - Parce que je veux savoir. ....Je crois que c'est ma mère. Depuis que mon père ( Dario) est parti...Tu lui envoyais quelques dollars...Qu'est-ce qui s'est passé entre Elisa et toi? - " J'ai couché deux fois avec elle..;en septembre 1989, deux fois, c'est tout. - " Adela est née fin mai 1990. Bon, c'est ce que disent Loreta Fitzberg et l'acte de naissance..;- Marcos Marcos, tu es sûre que la mère d'Adela est Elisa et pas Loreta Fitzberg. _ " Celle qui s'appelle Loreta, c'est Elisa?  page 320

Dario  était parti sans faire d'adieux festifs dissimulant tant bien que mal le poids de l'excitation et de la peur qui le tenaillaient, le terrassaient presque, lui, le fugitif.. Sa décision de ne pas revenir  qu'il avait soigneusement gardée secrète, finit par se transformer en obsession  maladive..; il entrerait automatiquement dans la catégorie des déserteurs...page 332

1996 avait commencé depuis à peine deux semaines quand surgit la possibilité pour Irving de quitter l'île et de s'éloigner de ses peurs....Il avait accepté sans tiquer la fausse lettre d'invitation obtenue par Dario pour qu'il assiste à un séminaire de création graphique à Madrid  page 397..;De plus en plus souvent, Clara se demandait pourquoi autant de gens proches d'elle avaient opté pour l'éloignement. De son cercle intime, étaient déjà partis son ex-mari, Dario, puis Fabio et Liuba, et peu après Horatio. maintenant, c'était le tour d'Irving. que rejoindrait aussi vite que possible Joel. Et Elisa? Elisa aussi? Elisa très certainement.  page 370 La Clara de 1996 savait qu'elle souffrirait  de l'absence d'Irving qui laisserait un vie..page 379

( Horatio est revenu pour les obsèques de sa mère) " Depuis mon arrivée, j'ai l'impression que mon esprit et mon corps sont séparés. Comme si je ne savais plus qui je suis.  - "Parce que tu es parti, parce que tu es revenu, parce que tu es parti et maintenant, tu es revenu? bombarda Clara - Il fallait que je m'en aille... page 387

(Ramsès le jeune fils de Clara et de Dario" Ce que je voulais te dire, c'est que l'arrête la fac...Attends, attends..;Je vais me désinscrire. j'ai décidé de partir.  - "Tu as planifié ça avec ton père? - Il va l'aider, oui.......Je sais bien que je n'ai pas le droit de juger ta vie. mais, tu n'as pas le droit de décider de la mienne....page 394

( Loreta) Je suis partie de là-bas enceinte , que j'ai atterri à Boston chez une amie anglaise et c'est là que j'ai rencontré Bruno. Ensuite, mon changement d'identité..et tout le reste. page 431

Depuis son départ de Cuba, huit ans plus tôt, durant le chaud printemps 1992, l'existence du neurochirurgien ( Dario)  était entrée dans une dimension magique. page 468...Devenir catalan. Vivre et  penser  comme un Catalan. Parler catalan...Page 475 ... (Darion à son fils Ramsès) Tu vois, ça fait seize ans que je vis ici et  tu sais combien j'ai d'amis?  Aucun...Je connais  plein de monde, tu as vu qu'on dînait avec certains et qu'on se réunit tout le temps, des gens de l'hôpital; des amis de Montse ( son épouse)..;mais aucun n'est mon ami.... Mes amis, ce sont Irving, Joel, Horacio, Bernardo, c'étaient les pauvres Fablo et  Liuba...- " Et maman, tu ne l'as pas citée....- " Clara c'est autre chose. Clara et Horacio font partie d'une chose à part.  Une chose dont je ne parle jamais.;Ils sont sacrés...page 513

Le soir du 24 décembre 2015 pour la première fois depuis fois depuis vingt-cinq ans, la maison de Fontanat fut le cadre d'un dîner de Noël où rien ne manquait à l'appel.  page 559

Ce 3 juin 2016 était la quarantième jour après la mort de Bernardo et à neuf heures du matin, il avait cessé de pleuvoir.....Portant l'urne   en terre cuite qui contenait les cendres de Bernardo, Clara monta dans la voiture et demanda au voisin de prendre une drôle de direction: les environs du village de Managua..... " Arrête-toi ici. je crois que c'est ici. Clara descendit de la voiture près de la clôture en fil de fer barbelé d'une ferme qui avait l'air abandonnée. ...Les bottes pleines de boue, elle s'avança dans la campagne...Jusqu'à trouver un petit trou d'eau, alimenté apparemment par plusieurs sources des collines environnantes.  C'était l'endroit. ...Et elle sentit sur sa peau la main de Bernardo  lui caressant le visage et elle retrouva le moment où ses lèvres et celles de Bernardo s'étaient jointes pour la première fois, à l'abri de cette frondaison. Là, sans rien, ils avaient découvert  qu'ils pouvaient encore aspirer au bonheur au milieu de tous les désastres, les privations, et même les trahisons et les abandons. Ils le méritaient. Et ils y étaient parvenus. Ils avaient découvert, en plus, combien ils ils avaient tardé à savoir qu'ils étaient prédestinés à ce que leurs vies se croisent. Clara rouvrit les yeux...Alors, comme Bernardo l'avait demandé, elle versa dans les eaux pures de la source, les cendres de celui qui avait été son homme et son soutien, le meilleur être humain qu'elle avait connu de sa vie, pour que le courant les dissolve et les entraîne..... page 626...Quand ils revinrent à Fontanat, elle foula son sac , sortit les clés, ouvrit la porte et entra dans la maison où l'accueillirent la solitude, le silence et ses souvenirs. La coquille de Clara. page 627. 

Aucun commentaire: