dimanche, juillet 24, 2022

NEVERLAND ( Timothée De FOMBELLE) 2017

 "Je suis parti un matin d'hiver en chasse de l'enfance. j'avis décidé  de la capturer entière et vivante. "Regarde, elle est là, tu la vois?" Je l'avais toujours sentie battre en moi, elle ne m'avait jamis quitté. Mais c'était le vol d'un papillon obscur à l'intérieur, le frôlement d'ailes invisibles dont je ne retrouvais qu'un peu de poudre sur mes bras au réveil". 

Neverland est un retour au pays d'enfance, un irrésistible voyage vers ces hauts territoires perdus que nous portons en nous. 

Aujourd'hui, je suis incapable de dater ce grand passage. Il me semble seulement qu'un matin on se réveille adulte dans le  regard des autres. On hésite un moment.  On ne se sent ni préparé, ni volontaire pour le voyage. Mais, il y a ce regard, en face, qui nous considère...page 9

Je me souviens de ce besoin qui m'a envahi un jour d'attraper l'enfance pour la tenir, comme dans une cage entre mes mains fermées, et la montrer aux autres en écartant doucement les doigts. " Regarde, elle est là. Tu la vois? "page 11

Comment attraper l'enfance seule, et ne pas l'écraser au fond du filet sous le poids des grands qui étouffent tout. Je croyais qu'un pays la gardait à l'abri, même quand on grandissait...;Cela m'a pris beaucoup de temps. C'était un voyage incertain. j'ai dormi sous la lune...puis , un matin, je me suis agenouillé sur le sable des rivières. j'ai tamisé lentement , jour après jour. mais ce qui m'intéresse n'est pas ce qui reste dans le tamis. Ce qui m'intéresse est justement ce qui traverse, ce qui échappe, un sable plus fin qu'une fumée.  C'est l'enfance. page 13

J'avais les talons posés au bord de l'enfance, les mains dans les poches. Et je me penchais doucement en avant. page 23

L'enfant est une île. il ne sait rien et ne possède rien.  ..Pour lui, le lendemain n'existe pas. Le passé a déjà disparu. page 27

En grandissant, j' ai vu ralentir le moulin du temps.la joie durait plus longtemps, mais la peine aussi.  page 43....Ce trait de lumière sous sa porte qui m'a fait croire que lire, c'est attendre quelqu'un. page 46

Ma solitude  me faisait exister pour la première fois. Page 50....L'enfance n'habite pas la mémoire. Elle habite notre chair et nos os. ..;je sens encore bouger  en moi le corps de l'enfant.  Ce corps qui ne s'arrête jamais, petit moulin poussé par une force inconnue. L'enfant aux lèvres bleues qui se baigne depuis des heures. L'enfant endormi sur une valise. L'enfant qui s'habille tout seul dans la maison qui dort. L'enfant qui s'appuie  sur le vent en écartant les bras. L'enfant perdu dans la rue. L'enfant qui mange. L'enfant clown. L'enfant qui a mal. L'enfant qui court. L'enfant si bien caché qu'on l'a oublié. L'enfant qui pleure seul. Lenfant penché sur son genou blessé; Lenfant qui a chaud. L'enfant qui traîne un arbre mort; L'enfant sous la pluie. L'enfant avec, aux pieds, plus de boue que de bottes. L'enfant qui sourit de fatigue. ..L'enfant qui écoute une histoire. L'enfant avec des talons hauts. L'enfant qui tremble. L'enfant au soleil. L'enfant qui attend l'heure. page 71

Le chagrin est  une lame qui fend l'enfant en deux. La tristesse remplit sa chambre.  Elle occupe l'espace entier...L'air devient rare. Le jour n'entre plus. Il n'y a pas de lendemain possible. page 90

Je n'ai jamais pensé qu'un tiroir ou une armoire ou même un coffre étaient autre chose que des fenêtres qui s'ouvraient vers des mondes ignorés. page 97

J'apprenais que ce que l'on fait nous dépasse quelquefois. C'est une histoire de confiance et de liberté. On n'est jamais à l'abri que ça marche. page 102

Et je les ai vus s'éloigner tous les deux.  Quelqu'un s'était défait de moi pour le rejoindre.  Quelqu'un que j'avais raccompagné ici sans le savoir. Il me ressemblait. Je m'étonnais que ça n'ait pas fait encore plus  mal. Juste un point de côté quand il s'est détaché. La pluie a commencé à tomber. page 115



Aucun commentaire: