lundi, septembre 05, 2011

ORIGINES (Amin Maalouf)

"D"autres que moi ont parlé de "racines"...Ce n'est pas mon vocabulaire. Je n'aime pas le mot "racines", et l'image encore moins. Les racines s'enfouissent dans le sol, se contorsionnent dans la boue, s'épanouissent dans les ténèbres; elle retiennent l'arbre captif dès la naissance, et la nourrissent au prix d'un chantage : "Tu te libères, tu meurs!". ...Pour nous, seules, les routes importent. Ce sont elles qui nous convoient - de la pauvreté à la richesse ou à une autre pauvreté, de la servitude à la liberté ou à la mort violente. Elles nous promettent, nous poussent, puis nous abandonnent. Alors, nous crevons,, comme nous étions nés, au bord d'une route que nous n'avions pas choisie. page 9


Il est des relations d'amour qui fonctionnent sur le mode du manque et de l'éloignement. Tant qu'on est ailleurs, on peut maudire la séparation et vivre dans l'idée qu'il suffirait de se rejoindre. Une fois sur place, les yeux se dessillen : la distance préservait encore l'amour, si l'on abolit la distance, on prend le risque d'abolir l'amour. page 33


Nous sommes les générations arrogantes qui sont persuadées qu'un bonheur durable leur a été promis à la naissance - promis. mais par qui donc? page59


Nous avons constamment deux visages, l'un pour singer nos ancêtres, l'autre pour singer l'Occident. page 121 (l'auteur fait allusion à la tenue vestimentaire des Libanais au début du XXè siècle.)

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