jeudi, août 31, 2017

ZABOR  ou Les psaumes (Kamel DAOUD)
 
" Orphelin de mère, indésirable chez son père remarié, élevé par une tante célibataire, et un grand-père mutique, Zabor n'avait rien d'un enfant comme les autres. Il a grandi à l'écart de son village aux portes du désert., dormant le jour, errant la nuit, solitaire trouvant refuge dans la compagnie de quelques romans d'une bibliothèque poussiéreuse qui ont offert un sens à son existence. Très tôt en effet, il s'est découvert un don: s'il écrit, il repousse la mort; celui ou celle qu'il enferme dans les phrases de son cahier, gagne du temps de vie.
Ce soir, son demi-frère haï qui vient frapper à sa porte: leur père est mourant et seul Zabor est en mesure, peut-être , de retarder la fatale échéance. Mais a-t-il des raisons  de prolonger la vie d'un homme qui n'a pas su l'aimer?
Fable, parabole, confession vertigineuse, le deuxième roman de Kamel Daoud célèbre l'insolente nécessité de la fiction en confrontant les livres sacrés à la liberté de créer. Telle une Schéhérazade ultime et parfaite, Zabor échappe  au vide en sauvant ses semblables par la puissance suprême de  l'écriture, par l'iconoclaste vérité de l'imaginaire."
 
Ecrire est la seule ruse contre la mort. Page 13
 
L'univers est soit une moquerie soit une énigme. Page 16
 
J'écrivais dans une  langue étrangère qui guérissait les agonisants et qui préservait le prestige des anciens colons. Les médecins l'utilisaient pour leurs ordonnances, mais aussi les hommes de pouvoir, les nouveaux maîtres du pays et les fils immortels. Pouvait-elle être sacrée comme si elle descendait du ciel?  Personne n'avait de réponse  et on hochait la tête comme face à une vieille idole en marbre ou lorsqu'on passait près du cimetière des Français, à l'est.  page 16
 
Chez nous , lire se confondait avec le sens  de la domination, pas le déchiffrement du monde, cela désignait à la fois le savoir, la loi et la possession. Le premier mot du livre sacré est "Lis" mais personne ne s'interroge sur le dernier, me susurrait la voix épuisée du diable... Je me demandais aussi pourquoi l'injonction était faite au lecteur et pas à l'écrivant. Pourquoi le premier de l'ange n'était-il pas  "Ecris" Il y avait mystère. Que lire quand le livre n'est pas encore écrit?  S'agit-il de lire un livre déjà sous les yeux? Lequel? Je me perds. Page 17

L'écriture a été inventée pour fixer la mémoire, c'est la prémisse du don: si on ne veut pas oublier, c'est d'une certaine manière qu'on ne veut pas mourir ou voir mourir autour de soi. Et si l'écriture est venue au monde aussi universellement, c'est qu'elle était un moyen puissant de contrer la mort, et pas seulement un outil de comptables en Mésopotamie. L'écriture est la première rébellion, le vrai feu volé et voilé dans l'encre, pour empêcher qu'on se brûle. Page 19, 20

Tous mes cousins et cousines tournent en rond sans le savoir, s'abîment en prenant de l'âge et finissent par se marier jeunes et se goinfrer jusqu'à la maladie. La seule consolation à leur sort, est la somnolence, ou le paradis après la mort qu'ils peuplent de leurs rêves en répétant les versets qui le décrivent verdoyant et licencieux. Je suis le seul à avoir découvert une brèche dans le mur de nos croyances. J'en suis fier...page 21

On peut le prier (Dieu) en le regardant dans les yeux et pas seulement en courbant l'échine...Mon véritable nom , peut-être  (j'aurais dû commencer par son histoire, l'histoire de ce nom) Zabor.Pas le nom que mon père m'a donné , jeté négligemment, j'en suis sûr, alors qu'il aiguisait des couteaux ou dépeçait son centième mouton de la semaine...page 25

Personne dans notre maison, entre mon grand-père...et ma tante Hadjer, qui ne savait ni lire ni écrire, ...J'étais le premier investi d'un don formidable, dans l'univers consanguin de notre tribu. Je me souviens que, dès mes premières semaines de scolarité, j'accueillis l'écriture, avec les premières lettres de mon prénom secret et l'alphabet arabe, comme une occasion grandiose  de dissimulation et de rêveries. Pages 27, 28
 
La maladie du vieillard (son père) n'était plus un secret depuis des mois mais il avait mis un temps fou à ployer le genou vers le sol. Par orgueil, car il ne pouvait l'accepter, lui qui avait survécu aux colons, à la faim et à l'exil. C'était un homme qui répétait partout que, dans un rêve, Dieu lui avait promis la fortune et des troupeaux innombrables. Un homme terrorisé par le vide, qui tentait de le conjurer par l'abondance. page 42
 
Je déteste le vent parce qu'il est le symbole du précaire, du nomade. page 43
 
Je suis né quand j'ai compris que j'étais orphelin et que je devais tout recommencer, seul. Page 44
 
Des prieurs revenaient de la mosquée et certains me regardent , peu surpris. Je suis le fantôme du village. Je n'accomplis plus les prières depuis des années, ni le carême et je ne récite aucune invocation quand j'éternue ou quand je trébuche. L'appel du muezzin ne me concerne pas car je réveille les morts, pas les dormeurs , à ma façon. Page 53
 
On était un pays libre depuis deux décennies déjà mais le souvenir de la faim est un tatouage inquiet dans ma mémoire.
A certains moments de mon adolescence, je ne pouvais tolérer le moindre mot sorti de la bouche de mes proches , leurs soupirs, le récit de leur pèlerinage, de leurs orgasmes, de leurs salaires payés par l'Etat. Tout était odieux, petit et provoquait  ma moquerie. Je devins persiffleur par dépit. Rien n'échappait à ma risée... Un monde destiné à l'abattoir et au ridicule prétentieux dans sa façon d'expliquer le monde, dépourvu de récits capables de le sauver, sauf celui de son Livre sacré, récité sans cesse , pour conjurer l'angoisse. Je trouvais encore plus humiliant cette idée de paradis éternel qui vidait notre univers  et le transformait en salle d'attente, en campement de nomades. page 60
 
J'échange avec ma tante à propos de ma famille, de mes demi-frères et de mes rêves; (Cette fois, elle garde le silence. ..Je demande des nouvelles de la santé du vieillard . Elle me répond que ses fils vont le tuer, qu'ils n'attendent que sa mort mais qu'ils seront déçus. Je traduis il respire encore... Un blanc s'étend au milieu de la conversation et tous deux, nous savons que nous parlons d'elle. "Ce n'est pas le moment" répond-elle à ma question muette, puis elle ajoute: "Elle a deux enfants. Que vas-tu faire d'eux?" Je ne réponds pas, car moi-même, je ne sais pas.  La paternité m'angoisse comme la perte du sang. La responsabilité que j'ai  de maintenir vivants les miens m'oblige à la virginité et à l'abnégation. Je me mens aussi, car je veux sauver cette femme, lui rendre son corps et que je n'ai jamais pensé à ses enfants. Mais il y a d'autres obstacles: son statut de femme divorcée, mon père et mon secret intime, c'est-à-dire ma chair différente  quand je suis confronté à la nudité. Ma tante le sait, mais on n'en parle plus depuis mon enfance. Je ne suis pas circoncis, distinct des autres par le corps et par l'esprit. Par accident ou par peur, j'ai refusé le Pacte de chair, en quelque sorte. Hadjer (la tante)  craint le scandale, l'insulte, le déshonneur, et l'hallali des malveillants si cela s'ébruitait, ce qui serait possible avec une femme dans mon lit de vierge. Est-ce que je me sens humilié? Non, seulement, indécis  sur mon avenir , quelque chose se réveille en moi quand je convoque le visage de cette femme, mais ce n'est peut-être qu'une tentation sur mon chemin de consacré. page 64
 
Et où était situé le village de ma mère? On y arrivait en laissant sa peau entre les épines. "C'est ce qui l'a tuée." Comment étais-je revenu au village?  "Un oncle t'a ramené et t'a posé au  seuil de la maison de  la maison du haut, puis a disparu en laissant un peu d'argent et un passe-montagne en laine rouge, le bonnet cosmonaute". page 67
 
J'ai ouvert un livre sur les mythes perses . Je l'ai lu jusqu'au matin et j'ai conclu une nouvelle lettre à Djemila qui ne savait ni lire, ni écrire, pour lui expliquer mon ardeur et ma notion de salut. Inutilement. Est-ce-que j'aime cette femme?  Oui, je me sens coupable quand j'évoque son sort  et je sais que, pour elle, écrire ne suffira jamais à l'arracher à la mort et à lui redonner un corps entier. A vingt-quatre ans, , elle est divorcée (répudiée peut-être) avec deux fillettes et condamnée à vivre comme une décapitée en ne montrant que sa tête par la fenêtre. page 71
 
J'avais quatre ans et c'était mon premier jour dans la maison du bas où on avait décidé de nous exiler. Hadjer, déjà vieille à cette époque, s'affairait autour du fourneau pour préparer un café. Mon père avait réparé l'arrivée d'eau, avait jeté un regard sur la cour sèche et sans herbes, m'avait observé un moment pendant que je jouais avec des cailloux blancs, avait même ouvert la bouche pour dire quelque chose ...mais il tourna le dos - pour vingt ou trente ans, d'ailleurs...Ma tante eut l'intelligence de retenir son émotion, comme pour m'obliger à mûrir un peu et à quitter l'enfance pleurnicharde de l'abandonné. page 78
 
La première histoire de mon père , la vraie, est celle de la misère avant l'Indépendance. A cette époque, la pauvreté était si coriace que les femmes du douar se promenaient , affolées, les cuisses serrées, pour éviter les hommes violents mais aussi les enfants qui tentaient de revenir vers leur ventre pour se dérober à la faim. Manger les mères de l'intérieur, faute de pommes de terre ou de pain. On suçait les os, on volait les racines aux arbres...Pour trouver du travail chez les colons, il fallait se lever tôt, traverser presque un continent, arriver le premier chez le patron des fermes à l'est du village et attendre qu'il vous choisisse pour prendre soin de ses chevaux ou ramasser les récoltes dans le givre.  page 81
 
Je crois en Dieu mais je ne cherche pas à lui parler. page 86
 
Ecrire, c'est écouter un son, le préserver et tourner autour sans cesse, pour tenter d'en rendre la mélodie, s'en approcher le plus possible  pour le conduire de l'oreille à la bouche. page 90
 
...Je ne distinguai qu'une silhouette derrière un rideau, élancée, les hanches larges, , puis le rideau s'écarta et j'aperçus une femme aux cheveux  noirs...Les yeux de cette femme étaient étranges, fascinants comme des puits mais éteints, tristes. Elle semblait regarder le monde à travers ses paupières baissées. La mère de Nebbia était là mais dérobée , à moitié incarnée, comme morte. J'en fus saisi car me revinrent des rumeurs à son sujet, l'interdiction qu'elle avait de sortir, d'aller aux bains ou de rire  dans les mariages. Après le divorce, la femme s'immole lentement et devient  le centre de vigilance qui la dépèce. Elle n'est plus que feu à surveillé, sexe rusé, honte possible. Dès la répudiation, sa tête est  tranchée,, séparée de son corps et elle se consacre  à effacer celui-ci, à le rendre flou et  grossier sous les étoffes, à le vider des ses sens et de ses frissons...dans la rue, la répudiée est surveillée de près autant par les siens que par les hommes désoeuvrés. Cette femme n'appartenait à personne, elle devait aiguiser  appétits et médisances. pages 110, 111
 
Le mal existe-t-il? Je ne crois pas.  Il n'est qu'une conséquence.  L'effet d'une cause. page 112
 
Le destin est un cahier comportant des fautes que l'on peut corriger....Nous sommes les mots d'un grand récit, consigné quelque part, mais nous sommes, en quelque sorte, responsables de nos conjugaisons. page 112

L'histoire de Hadjer est magnifique: née brune et menue dans un pays qui aimait les peaux blanches et les femmes aux fortes hanches, elle se découvrit disgracieux depuis l'origine. Au fil des temps, personne ne vint réclamer sa main, malgré ses allées et venues aux bains, se danses endiablées durant les  mariages et le zèle des entremetteuses. Elle avait une longue chevelure, une belle peau et de grands yeux mais cela ne suffisait à briser le sort. 
page 115

Ma tante Hadjer,  sa solution fut fabuleuse: elle épousa , un jour, dans sa tête, un homme de haute taille au regard langoureux et aux longs cils, colérique, comme la force, viril mais doux car orphelin. Il s'appelait Amitabh Bachexhan, était indien, de religion hindoue, et toujours révolté. Hadjer en devint secrètement folle, je le compris à ses gémissements quand elle le regardait sur  l'écran. Page 116

C'est elle (Hadjer) qui insista pour que j'aille à l'école; c'est elle qui me conduisit, par des chemins désordonnés, vers ce don auquel elle ne croit qu'à demi, je pense. Quand j'eus cinq ans, elle m'habilla d'un tablier noir, me peigna les cheveux avec une vigueur vigoureuse pour mon crâne, m'aspergea de parfum fade,  et m'expliqua que je devais couper à travers sept ruelles vers l'ouest, avant de traverser "la route aux voitures". page 134
 
Je traçais sous son œil (le maître) , pendant qu'il inspectait nos rangs, un trait vertical à l'encre mauve, buvard sous la main. La pointe de la plume crissa sur le papier et s'arrêta...On devait refaire le même geste encore et encore., jusqu'à le maîtriser entre les lignes fines du cahier. Pour quel dessein? Je ne saisissais pas à cet âge, le lien entre l'encre et l'éparpillement du monde. La cordée de l'écriture. J'appris à écrire dans l'obéissance, sans accéder à l'inédit. L'écriture, l'alphabet restaient cantonner dans la case de l'exercice répétitif. page 137
 
Ecrire ou raconter est le seul moyen pour remonter le temps, le contrer , le restaurer ou le contrôler. page 150
 
Personne, dans notre tribu, ne savait lire ni écrire, et donc si ce don m'était échu, c'était pour donner du sens, c'est-à-dire perpétuer, consacrer les miens et les sauver de la disparition complète et idiote. page 159
 
Si le monde était un livre, le corps était son encre. page 176
 
On négocia longuement mon statut avec mon père...Ce statut me valut une sorte d'aura er m'autorisa à vivre sans école, sans travail et sans comptes à rendre. Reclus chez ma tante, dormant  le jour et visible la nuit, dans les rues, j'obtins un statut inédit : ni homme, ( je ne travaillais pas, je ne priais pas, je ne fréquentais pas les miens ), ni femme (à l'évidence).Mon corps était invisible comme celui des femmes, je n'occupais pas la rue, je ne fréquentais pas les cafés, je ne quittais la maison et ses murs que pour rendre visite à les malades; toutes mes informations sur le monde extérieur venaient de Hadjer et de ses fréquentations. page 194
 
Parfois, quand la saison est bonne, je croise  le retour des amateurs de vin qui vont boire dans les champs, discrets, un peu honteux, titubants mais stricts dans leur effort de paraître sobres. J'ai de la tendresse pour leur sort. Il n'est pas facile de boire dans un pays sans se faire lapider par les yeux ou même les pierres . Alors, on se cache. le bar des champs est une trouvaille amusante. page 200
 
Mon père est mourant et peut-être déjà mort...Mon cœur a fait un saut, face à une falaise imaginaire. La vérité: j'ai senti que j'avais droit à un nouveau prénom. La vérité, je la connais, quand le père se meurt, il n'y a plus rien entre vous et la mort. C'est votre tour . je me dis que  je n'ai pas d'enfants, et donc que je n'ai pas à mourir . page 240
 
Je n'ai jamais quitté Aboukir, même pas pour retrouver la tombe de ma mère dont je n'avais aucun souvenir. (Ma mère est le bruit d'un corps qui tombe et heurte violemment le sol. Elle n'a pas de prénom mais une  sorte de long gémissement...Je me souviens que je me suis endormi et que, au réveil, je ne l'ai plus revue.) Page 244
 
De ma période scolaire, je garde le souvenir persistant et la maitrise trébuchante d'un alphabet français, ses hampes et ses panses, élancements désarticulés, mais je n'avais en mémoire que quelques phrases, extraites de romans ou de poèmes.  L'écriture arabe me semblait encore fascinante mais elle s'épuisait à tourner en rond dans un seul livre , entre mon maître d'école , les versets et mes rêveries sur les histoires des prophètes et leurs épreuves ou déambulations. page 250
 
De mon apprentissage à l'école, je gardais l'essentiel, l'alphabet, la possibilité d'écrire, mais aussi des phrases, des chants, des poèmes de fin  de manuel scolaire et des extraits de livres. Mais c'était la première fois que je rencontrais un texte libre, sauvage, qui n'était pas destiné à une morale ou une leçon , mais était là, en infraction à l'ordre, gratuit,  et radical. Page 261 ( découverte d'un livre français La Chair de l'Orchidée)

Cette langue ( le français) eut trois effets sur ma vie: elle guérit mes crises, m'initia au sexe et au dévoilement du féminin et m'offrit le moyen de contourner le village et son étroitesse. C'étaient là les prémices de mon don, qui en fut la conséquence.  Cette langue était née d'un déchiffrement personnel, elle acquit la force  d'une souveraineté  car elle était royale et avait besoin d'un roi. Elle était précise avec des mots que je découvrais sans  cesse...Dernière vertu, elle était mienne dans le secret, intime, dérobée à la loi de mon père, à celle de l'école,  au droit de regard de ma tante et à l'univers imbécile et redondant des adolescents de mon âge. page 271

Mon apprentissage  de la langue fut une bataille gagnée contre la pauvreté du monde. page 272

Vers mes seize ans, deux ans après la mort de mon grand-père, alors que ma maitrise de la langue française était devenue admirable et vigoureuse, je découvris un autre livre. Du moins, une partie . C'était Les Mille et une Nuits...C'était la première fois que je tombais sur une œuvre majeure, des miens, traduite dans la langue de mon sexe. C'est un enseignant retraité qui m'en avait offert un tome, un peu usé, volumineux mais prometteur. page 292

Ma découverte de la langue française fut un événement majeur car elle signifiait un pouvoir majeur sur les objets et les sujets autour de moi. page 294
 
La nouvelle langue tenait tête à l'indicible, imposait un ordre mais déshabillait les corps. La création s'avançait vers moi, crue. La nudité était à la fois cette langue et son impossibilité. le sexe me mena à la solitude qui fait, qu'à vingt-huit ans, enfant d 'un riche boucher du village, héritier possible de milliers de moutons,  Instruit par la force du don et de l'accident, je ne suis ni circoncis, ni marié. Chaste et sensuel à la fois. Je quêtais, dans les vieilles maisons d'Aboukir, les romans, tous les romans possibles...page 296
 
Oh, je jure que j'ai tout lu dans le village. Le moindre mot. Le plus petit paragraphe possible. Tous les livres nouveaux ou déchirés que j'ai pu trouver...Tout ce qui transportait cette langue et que cette langue m'apportait dans son foisonnement. page 298
 
Mon père n'étant plus qu'une pierre, j'étais le fleuve transparent où celle-ci reposait et qu'elle lestait discrètement. page 320
 
Cette langue m'a libéré, mais la liberté ne sert à rien dans la solitude. page 325
 

Aucun commentaire: