lundi, avril 09, 2018

L'HOMME QUI NE MENTAIT JAMAIS ( Lao She)
 
"On retrouve  dans ces histoires toute l'éblouissante verve  mâtinée  d'esprit  critique de Lao She. Certaines ont l'éclat mordant de la face bouffonne; d'autres , ancrées de plus près dans la dramatique histoire de la fin des années trente, assombrissent leurs teintes pour évoquer la résistance contre l'envahisseur japonais. Toutes, cependant, puisent à une veine satirique qui s'étonne  des dérisoires  effort des hommes pour ajuster leurs rêves avec le réel, et leur image  d'eux-mêmes avec les faits."
"On retrouve ici avec joie, l'acidité et les paradoxes  de cet extraordinaire  raconteur d'histoires , cousin chinois de Dickens et de Mark Twain. Petite merveille." (Le Monde )

L'homme qui ne mentait jamais, 1936
Au moment où il allait se diriger vers la glace, il entendit un pas au-dehors. Il savait que c'était sa femme et il ressentit un grand bonheur, non qu'il fût heureux  de voir revenir sa femme, mais bien d'avoir reconnu son pas.  page 15

Partir de bonne heure, rentrer de bonne heure et gagner de l'argent pour subvenir aux besoins de sa famille constituaient son idéal et sa gloire. page 16
 
Lorsqu'il arriva au bureau, la grande pendule marquait huit heures trente-deux. Il était donc en retard de  deux minutes. Dans ses rêves, l'aiguille était toujours du bon côté du cadran. Il lui sembla, soudain, que le temps s'était dilaté de deux graduations. Les choses avaient changé d'aspect Il ne se reconnaissait plus. Jusque là, il était toujours arrivé du bon côté de huit heurs et demie. La vie n'est qu'une accumulation d'habitudes: on s'endort difficilement  dans un nouveau lit. Il se sentait perdu , perdu en dehors de ces deux minutes, comme s'il se fût, tout d'un coup, trouvé transporté sur une plage déserte. page 17
 
Vieille tragédie pour temps modernes. 1936
A ses yeux, son père appartenait au monde des immortels. C'était un immortel avec qui il était en contact  direct. Lorsqu'il vénérait les divinités traditionnelles... il le faisait avec sérieux et respect , mais cela restait un acte machinal. C'était seulement lorsqu'il se prosternait  devant son père qu'il éprouvait ce sentiment de profond respect et de chaleureuse communion. Ce n'était plus un rite  qu'il fallait bâcler. Il se sentait immergé dans le sang de son père et retrouvait l'innocence  du nouveau-né. page 25
 
Avant que Dacheng  (un fils du vieux Chen) eût réalisé qu'on lui avait donné un ordre,  sa mère avait déjà poussé la petite fille dans le salon. Sachant que  pour le vieux Chen, les femmes ne comptaient pas beaucoup, elle attendait la fin de la conversation derrière la porte. page30
Celui-ci (le vieux Chen) regarda sa petite - fille du coin de l'œil mais il ne lui dit pas de s'approcher, car, après tout, une fille emportait toute la richesse de la famille avec elle. Il ne voulait pas trop gâter son petit-fils et il ne pouvait pas, non plus,  aimer sa petite-fille. page 31
 
La neuvième partie (de mahjong) s'engagea. Les joueurs étaient de plus en plus bruyants. Politesse, manières, statut social,  éducation... semblaient avoir disparu et même jamais existé. Plus la nuit avançait, plus la grossièreté régnait. Une seule chose comptait désormais: les pièces qu'ils reposaient et qu'ils ramassaient. les sourires affables  avaient fait place aux regards cupides...page 40
 
Elle savait qu'elle n'était rien., rien d'autre que la femme de Lianbo, quatre syllabes qui la condamnaient à  rester clouée sur sa chaise. page 42
 
Pourtant, c'était un fait: à soixante ans , il (le vieux Chen) avait raté sa vie . Il avait beaucoup lu mais n'avait pas su tirer partie de ses connaissances." Je n'ai point de talents et l'Empereur m'a abandonné". Il ne parvenait pas  à se rappeler la suite. Du Fu, Bai Juyi, Si Dongpo (des poètes célèbres) avaient tous été fonctionnaires. Il éprouvait donc un sentiment de vide et de honte . page 47
 
"Nous ne nous sommes pas disputés. Je suis libre et personne n'a le droit de me dire qui je dois aimer. Pourtant, j'ai une idée. Tu m'appartiens et je veux que tu viennes habiter chez moi. (Lianbo à Xiao Feng)
- Pourquoi pas, dit-elle en baissant la tête.
- Comment? ..En tous cas, je sais que les femmes sont une calamité. Elles dévorent l'homme, elles boivent l'homme et, quand elles sont rassasiées, elles le persécutent....page 69
 
Devenir fonctionnaire avait toujours procuré des avantages. Même à la retraite, un commissaire au transport du sel ou un général avaient des revenus. Les anciens fonctionnaires et les nouveaux se serraient les coudes. Il fallait à tout prix se faire des relations ou épouser une femme qui comptait un fonctionnaire dans la famille. Un  homme qui parvenait à devenir fonctionnaire assurait le bonheur de trois générations. C'était parfaitement évident. page 74
 
Les yeux de ceux qui marchaient seuls semblaient chercher quelque chose et ceux qui marchaient par deux se donnaient la main ou se tenaient par le cou. page 79
 
Le vieux Chen n'avait jamais, jusque là , eu de problème pour pénétrer en taxi dans la cour du bureau de police mais aujourd'hui, l'entrée était gardée, par un homme armé d'un fusil, baïonnette ou canon, qui refusa de le laisser passer. Le vieux Chen exhiba sa carte de visite en demandant à voir le chef de la Sécurité publique. Il lui fut répondu que celui-ci ne recevait personne. Comprenant que la situation était sérieuse, le vieux Chen ne protesta pas et se fit conduire chez le président Qian. Il ne voyait pas quel délit avait pu commettre son fils, qui était forcément innocent. Peut-être avait-il offensé quelqu'un au bureau auquel cas, il suffirait qu'un ami s'entremette pour aplanir les choses. Au pire, on serait obligé de dépenser quelque argent pour acheter un petit cadeau et le malentendu se dissiperait comme une brume matinale. Cette supposition lui remit un peu de baume au cœur. page 107
 
L'ordonnance , 1934
L'un d'eux était accompagné d'un commentaire poli. "En cette période où la liberté de la parole n'existe pas, des mots tels que rouge, jaune, bleu, blanc ou noir risqueraient  de compromettre très rapidement  l'avenir de la publication. Or, les mots  que vous utilisez  semblent tous appartenir à cette catégorie".
La lecture provoqua chez Ru Yin une crise d'hilarité qui dura très longtemps. C'était donc vrai! L'écriture  était un instrument  qui pouvait tromper. L'auteur, le lecteur, le critique et le censeur sortaient tous de la même école. page 127
 
Au cours des vingt années qu'il avait vécues, personne ne lui avait donné un livre. En quoi un livre pouvait le concerner? page 130
 
Le crachoir  de Maître Niu. 1937
"Ne sais-tu pas que les gens d'un certain âge  éprouvent parfois le besoin de cracher?  Cracher dans la voiture est-il conforme aux règles d'hygiène? Alors pourquoi n'a-t-on pas installé un crachoir à l'intérieur? page 141
 
Retiens bien ceci: la décadence de la Chine est due au fait que les jeunes de ton espèce sont incapables d 'en baver un peu ni de faire  marcher leur tête. Ils ne savent que toucher leur salaire, s'amuser avec les filles et dire des idioties. page 142
 
Maître Niu avait fait fabriquer spécialement pour lui au Fujian cinquante crachoirs en laque incrustés d'argent. Ce fut pour lui un immense soulagement, car cela allait lui éviter beaucoup de problèmes. page 145
 
Les lunettes 1934
Song Xiushen faisait des études scientifiques mais, dans la vie de tous les jours, son comportement était tout le contraire de scientifique. Il croyait, par exemple, que les mouches des restaurants étaient désinfectées et lorsqu'il mangeait des nouilles à la sauce de sésame, il ne faisait pas le moindre effort pour les chasser. Il avait une paire d'yeux myopes et une paire de lunettes de myope qu'il ne portait que pour lire, car il ne mettait pas en doute la croyance communément répandue que porter des lunettes fait baisser la vue. Aussi, lorsqu'il marchait dans la rue, ou assistait  à un événement sportif, gardait-il toujours ses lunettes à la main. page 147

Notice nécrologique 1936
"Monsieur, je suis pauvre. Ma femme est morte depuis plusieurs années. j'élève tout seul mon fils Dali qui a huit ans. Je travaille du matin au soir; le reste importe peu. En rentrant, je rapporte à Dali deux mantous à la farine blanche. c'est pour lui que je vis. C'est lui qui représente la famille Feng. Toute la journée, je tire ma voiture. Alors, c'est sa tante, la sœur cadette de ma femme qui le garde. Tous les soirs, ils m'attendent à l'entrée de la hutong.  Dès qu'il me voit arriver de loin, il vient au-devant de moi en courant, en riant et en criant "papa!"  et je lui donne les mantous ou les crêpes que j'ai achetés pour lui....Hier, je suis rentré à quatre heures....Mais en arrivant chez moi, j'ai trouvé la tante en pleurs....Dali avait été enlevé par des gens de la hutong de la Planche. Je ne pouvais pas le croire, je savais qu'ils (les Japonais) kidnappaient  des enfants mais je  n'avais jamais entendu dire  qu'ils pouvaient kidnapper des enfants aussi pauvres que mon Dali, mon pauvre Dali qui n'a sur lui, en tout et pour tout, qu'un pantalon rapiécé. page 168

Un vieillard sentimental 1935
Même enrobées de sucre, les paroles  de consolation sont amères. page 183
 
Dans la pièce du sud, dormait son fils idiot...comment avait-il pu lui donner (la justice divine) un fils idiot?  Il y avait plus idiot que lui et pourtant c'était lui qui avait le fils idiot. Rien ne pouvait justifier une telle chose. Il ne pouvait compter que sur lui-même. Tout idiot qu'il fût,  son fils devait se marier. page 186
 
Ménage à trois. 1934
Après la débâcle qui avait suivi l'enfoncement du front, Ma Desheng et SunZhanyuan s'étaient retrouvés à la tête d'une petite fortune....Ils vivaient heureux. Ils s'étaient tous les deux fait confectionner un costume en tissu étranger ainsi qu'une veste ouatée bleu ciel dans les meilleurs endroits de la ville...jusqu'à ce jour, ils n'avaient rien connu d'autre que l'uniforme militaire  et la baïonnette...Pour être heureux, il ne suffisait pas de se promener toute la journée et de dormir la nuit dans un temple. Il fallait fonder un foyer...Or la situation était telle qu'ils ne pouvaient se marier tous les deux, car il aurait fallu qu'ils dépensent tout leur argent et la zizanie eût risqué de s'installer  entre les époux dès la première nuit dans la chambre nuptiale. Un seul pouvait donc se marier ; l'autre devrait rester donc célibataire. Mais lequel? Pouvait-on teneur compte de l'âge? Ils avaient tous les deux un peu plus de trente ans et n'étaient donc plus des enfants. Etant donné l'amitié qui les unissait et leur indéfectible loyauté, lequel aurait pu consentir à fonder un foyer  et abandonner son frère? Pouvait-on partager l'argent et partir chacun de son côté? La question ne pouvait même pas venir à l'esprit. Se séparer après avoir été amis pendant  dix ans ? C'était absolument impensable. page s203, 204, 205
Ce que nous cherchons pour vous,  c'est une femme qui lave votre linge, fasse la cuisine, ne soit pas trop difficile à nourrir, ne papote pas, ne chaparde pas, ne vous fasse pas cocu et soit de famille pauvre mais honnête.
Combien coûtait une femme de ce genre?  page 212
"Tu es notre femme à tous les deux. Inutile d'avoir peur....page 222

La chenille 1935
Dans notre rue, tout le monde l'appelait la Chenille. Toujours très bien habillé à l'occidentale avec un grand pardessus et des chaussures de cuir, on le remarquait; mais il était plutôt répugnant d'aspect avec sa tête en forme de calebasse et ses gros yeux de mouton qui semblaient ne pas avoir de prunelle. Ce qu'il avait de plus remarquable, toutefois était sa démarche car on ne pouvait pas vraiment dire qu'il marchait. Il se déplaçait en lançant son corps vers l'avant en un mouvement  étrangement saccadé qui n'était pas sans rappeler celui de la chenille. page 225

Li le noir et Li le blanc 1934
Quatrième Maître est jeune et ne me considère pas comme un tireur de pousse-pousse. Ils ont chacun un caractère différent. Quand il fait chaud,  Deuxième Maître me laisse m'arrêter pour souffler, mais Quatrième Maître , même quand il fait très chaud, me fait courir à toute vitesse. Par contre, quand nous bavardons, Quatrième Maître se demande pourquoi, en ce monde, certains sont condamnés à être tireurs de pousse-pousse et il s'indigne de cette injustice. Deuxième Maître  est très bon avec moi, mais il ne pense pas à mes frères. Alors, tu vois,  c'est Quatrième Maître  qui voit loin. Il ne s'occupe pas de mes jambes, mais il s'intéresse à ce qu'il y a en moi. Deuxième Maître s'occupe des petites choses. Il prend soin de mes jambes, mais il ne s'intéresse pas à ce qu'il y a "là-dedans". page 252
 
La mort d'un chien 1939
"c'est un appel à la résistance contre l'envahisseur" (japonais)
La paix, c'est la soumission. Nous ne pouvons plus supporter d'être bernés par quiconque. Nous avons le couteau sur la gorge, c'est d'accord, mais si nous fermons les yeux, la mort est certaine. Si nous ripostons, nous survivrons peut-être. On ne peut vivre qu'en renonçant à la vie, il nous faut verser notre sang. Il n'y a aucune autre voie! Aucune! page 264
Son père ne savait ni lire, ni écrire; il ne pouvait donc se poser de problèmes, ni se résoudre par des faux-fuyants. Sa bravoure devait être innée. Mais son père était-il vraiment ainsi? S'il l'était vraiment, alors il pourrait se pardonner et avoir quelque espoir. Cela voudrait dire  que seuls les illettrés avaient véritablement  du caractère et ils n'avaient pas besoin d'attendre que quelques intellectuels brandissent des banderoles et crient des slogans pour redresser la tête, ce qui était exactement le contraire de ce que pensait l'ennemi. page 288
(Le père de Tu Yifu a été emmené par les Japonais , il est rentré chez lui et raconte à son fils  ce qui lui est arrivé  ) "De toute façon , avec ces salauds, nous devons mener un combat à mort, c'est eux ou nous. Il n'y a pas d'autre solution. Je ne sais ni lire ni écrire mais je sais cela....Le fils de chienne m'a ordonné de m'agenouiller. Je n'ai rien dit, mais je n'ai pas bougé...Le fils de chienne  a repris la parole: "Tu ne perds rien pour attendre. Tôt ou tard, tu vas prendre une balle dans la tête"....Ils m'ont emmené dans une grande salle...Ils m'ont ordonné à nouveau de m'agenouiller et , toujours, sans rien dire, j'ai refusé encore une fois...Ils m'ont présenté  une feuille de papier  sur laquelle il y avait quelque chose d'écrit. Alors, j'ai prononcé les seules paroles que j'ai dites cette nuit-là.: " Je ne sais pas lire"! Ils m'ont demandé ce que ces caractères voulaient dire. Je n'ai rien répondu. Ils m'ont alors demandé  si c'était moi qui les avais écrits et qui avais signé. Je n'ai rien répondu. J'étais sûr cette fois qu'ils allaient me tuer....Je n'avais pas peur du tout, je craignais seulement que mes descendants m'oublient...Ce n'est pas parce que je suis borné, mais l'homme a un squelette et des vertèbres. ...Ils m'ont remis en joue. je les ai regardés, pourquoi avoir  peur d'eux? ...Ils ont gesticulé pendant des heures et ils n'ont jamais tiré...A l'aube, va savoir pourquoi , ils m'ont libéré. et ils ont même été très polis avec moi...;je ne sais ni lire et je sais à peine compter mais je sais une chose en tout cas: si tu te redresses et bombes le torse, personne n'osera te mépriser! Que dirais-tu d'une tasse de thé? Tu Yifu hocha la tête. page 293, 294, 295
 
Buffle en  Fer et Canard Malade 1934
Nul n'aurait pu croire en l( Buffle en Fer )'écoutant qu'il avait étudié hors de Chine et lu des livres dans une autre langue que la sienne, car aucun terme étranger  n'émaillait jamais son discours. Il ne pensait pas grand bien de la cuisine étrangère mais, lorsqu'il invitait,  il n'était pas celui qui mangeait le moins. Il ne portait pas de vêtements étrangers, ne savait danser et ne se bouchait pas le nez  quand ça puait dans la rue. Il ne pensait pas non plus qu'il était indispensable de manger des oranges américaines....S'il avait étudié l'agronomie,  c'était pour accomplir une grande œuvre sans faire de remous. ... Améliorer l'agriculture était une tâche d'importance  primordiale. Lorsqu'il parlait, il n'utilisait jamais  de termes techniques. Puisqu'il faisait des recherches  en agronomie, il ne pouvait oublier que l'agronomie , c'était l'agriculture , et que l'agriculture, c'étaient les paysans. Ainsi, dans son esprit, son travail de laboratoire avait un rapport étroit avec la vie des paysans. Il ne se considérait pas comme un savant... Depuis qu'il était rentré au pays, il travaillait dans une ferme d'Etat  où il faisait des expériences sur la sélection des semences. Page 299

Le nouveau Hamlet. 1936
Quand il se regardait dans la glace, il aimait son long visage maigre, son front blanc et haut, l'expression lasse de ses yeux,  ses lèvres minces et ses longs cheveux clairsemés peignés en arrière. Sa beauté n'était pas celle de monsieur Tout-Le- Monde.
Très sûr de lui, il s'habillait à l'occidentale avec le plus grand soin et accordait la plus extrême attention aux moindres détails de son physique  et de sa personnalité afin de préserver sa supériorité et sa dignité.
La perfection de son visage et de ses vêtements ne lui permettait pas toutefois de trouver la paix car, s'il était sûr qu'on ne pouvait rien trouver à redire à leur sujet, il n'en était pas de même de sa pensée, où régnait la plus grande confusion. On pouvait soigner son visage  et ses vêtements, mais mettre de l'ordre dans sa pensée, était une autre paire de manches. page 318
(Ce sont les vacances et Hamlet est rentré chez lui, son père a fait faillite) Son père ne lui avait pas envoyé d'argent, il pouvait lui pardonner. Son père était un petit marchand de fruits, il pouvait lui pardonner.  Son père radotait, il pouvait  aussi lui pardonner. Mais il y avait une chose qu'il ne pouvait pas pardonner: la phrase que son père avait prononcée : " Tu es étudiant à l'université, tu dois savoir ce qu'il faut faire". Cette phrase lui avait fait très mal. Il comprenait très bien la situation dans laquelle se trouvait  sa famille. Avant de rentrer, il avait un plan brillant, parfaitement au point. Malheureusement, il ne cadrait pas avec la conjoncture et volait en éclats en se heurtant à la réalité comme l'assiette du jongleur lorsqu'il commet une faute.
Après avoir réfléchi, il décida qu'il ne pouvait pas modifier son idéal en fonction de ses sentiments...Ce n'était pas dans les miasmes  des sentiments  qu'on pouvait découvrir la vérité...Il fallait qu'il trouve une solution pratique pour s'extirper de la boue et se retrouver les pieds au sec. Il ne pouvait pas de renier puisqu'il était détenteur de la vérité. Il fallait fuir!  page 341

Le nouvel Emile 1936
 ( Parodiant Jean-Jacques Rousseau, Lao She imagine un programme d'éducation  visant à former le parfait  révolutionnaire)
Bien que mon Emile n'ait vécu que huit ans, trois mois et quatre jours, je demeure persuadé  que ma méthode d'éducation ne comportait pas de grosses erreurs.  page 343
A la naissance, Emile pesait  six livres et demie...A peine né, il pleura. Je commencai à l'éduquer aussitôt.
- "Mon ami,  tais-toi.  La vie est une lutte, un combat.  Pleurer est une marque de faiblesse. Tu le sais bien sûr.  Alors, ne recommence pas!  C'est un ordre! Que ce soit la dernière fois!
Il émit encore quelques gémissements,  et s'arrêta. A partir de ce jour, on ne l'entendit plus pleurer. Mon brave Emile!
  page 344
Quand il eut huit ans, je  commençai à lui inculquer les principes de la politique . hélas , il tomba malade. Je n'aurais jamais pensé qu'il  pût ne pas se remettre  d'une maladie. page 355
 
 
 
 
 
 
 


Aucun commentaire: