jeudi, juillet 12, 2018

LE MONDE COMME IL ME PARLE ( Olivier De Kersauzon)

"Je suis un  nomade exalté par la découverte. Voilà, découvrir sans cesse....C'est le seul moment où l'on peut supposer que va surgir le "merveilleux". Fouiller le monde  de tous les côtés, c'est exaltant. Je suis comme un chercheur d'or. Ce n'est pas tant l'or que je cherche que le moment magique quand je vais le découvrir. C'est toujours, au vrai, l'émotion que je cherche. le nomadisme, c'est ça. Tous les jours, un chercheur d'or est tenu par sa capacité d'émerveillement. La magie. Le"merveilleux" est la raison  de tout ce que je fais. L'émerveillement, c'est la pluie d'or morale qui vous tombe dessus. Le tout, c'est de se trouver  dans les bons endroits, là où il pleut  de l'or".
 
Le plaisir est ma seule ambition. Je n'ai pas cherché à paraître, j'ai cherché à faire; et j'ai eu cette chance.  Ce n'est pas la chance qui fait les choses, mais rien ne se fait sans elle. ...Aller sur la mer, c'est aller  se promener aux limites de ses capacités et de son savoir.  Risquer. Oui, risquer sa vie. page 7
 
Il ne faut pas se méprendre: la terre commence là où la mer s'arrête - et non pas l'inverse. La mer n'est pas la fin de la terre, comme tout le monde le pense. page 9
Quand je suis su la mer, je suis chez moi. Plutôt, je suis chez elle. page 10
...La mer ne vieillit pas page 11
 
Les bonheurs d'hier nous rendent aujourd'hui plus heureux encore ( cela est vrai pour chacun) Je ne trie pas mes enchantements. Il n'y a pas de rupture.
Tous les jours en mer, j'ai appris quelque chose. Tous les jours, un élément neuf est venu conforter ma connaissance. page 13
 
Partir pour un tour du monde, c'est mettre le cap sur la féerie....
Couper une ligne d'arrivée, c' est quitter la joie de naviguer - d'où la tristesse.
Après un mois en solitaire, il est difficile de parler à quelqu'un... Aucun marin n'est bavard à l'arrivée. page 17
 
Je ne réunis mon équipage qu'une seule fois avant le départ d'une course ( et je le réunis avec les gens de mon équipe qui restent à terre, pour savoir si les hommes qui sont à bord veulent être prévenus en cas d'accident, dans leur famille. Chacun des membres d'équipage doit alors signer un document qui indique ( ou non,) s'il veut être informé en mer en cas de décès dans sa famille . Tout le monde doit se  déterminer avant le départ sur cette question. page 20
 
Mieux on commande, moins on parle.  page 23
Commander sur un bateau de course, c'est chercher l'harmonie entre les éléments et les hommes, c'est rechercher la perfection. page 25
Dans l'histoire politique mondiale,  il n'y a aucun marin qui soit devenu dictateur. page 32
La vie  a du sens mais la mort n'en a aucun.  Dans la vie, il y a des beautés, des joies, des goinfreries, des rires, des éclaboussures. Mais la mort.....
On n'a pas le droit de jouer avec la vie, c'est pourquoi il faut qu'elle soit remplie de belles heures. Il faut tout faire pour çà.
A part la mort, il n'y a rien de grave . page 38
 
 
Le monde de mon enfance  est viscéralement conservateur, non seulement en France, mais partout. Les gens ne sont pas libres. Je le constate chez nous, mais aussi dans les pays de l'Est, en URSS. page 44
 
Le bateau  m' a semblé le moyen le plus naturel pour m'évader.  page 47
 
Les paysans nous vouvoyaient, me donnaient du "Monsieur Olivier", et nous les tutoyions. Je ris de ce vieux monde. page 49
 
On n'échappe jamais à soi-même en fuyant sur l'océan; c''est l'inverse qui a lieu. page 59
 
...Je courais en solitaire et en solitude. Aujourd'hui, les types courent en solitaire mais plus en solitude....Le tour du monde il y a plus de vingt ans, on ne savait pas si on allait en revenir. Il n'y avait personne sur l'eau, autour de soi, pas un être vivant  qui puisse venir pour vous filer  un coup de main.  page 63
Aller au risque, c 'est toujours emprunter  la voie la plus dure, mais elle emmène quelque part. page 67
Tout le monde écrit des livres sur l'amour, très peu écrivent sur l'amitié. Pourtant, c'est un peu la même chose. Ce sont des moments privilégiés qui permettent d'anticiper le meilleur de l'autre au point  d'en être touché. L'amitié, comme l'amour, naît de l'appréhension de l'exceptionnel sur l'autre.  D'où l'émotion. page 68
 
La solitude  est le seul moment réel de notre vie. la vie réelle est dans la solitude. L'émotion est solitaire. Même le voyage amoureux est un voyage en solitaire.
Notre histoire est solitaire. Notre naissance est solitaire. Quand on meurt, on meurt seul; on a beau tenir la main d'un mourant de toutes ses forces, il part....Les choses fortes de notre vie sont solitaires, toujours....
J'aime la solitude. J'ai la nostalgie de l'homme seul. page 83
J'ai souvent du plaisir avec le groupe , mais je ne sais pas partager mes émotions...La vie est solitaire . Et puis j'ai le goût d'être seul. page 84
 
Je suis seul, donc je suis moi. Ce n'est pas avec les autres qu'on se connaît, c'est seul. ...On ne vit pas pour l'image  que vous envoie l'autre, mais pour être mieux en soi.
...La vraie histoire, c'est soi. Mieux on  se connaîtra et plus on sera indulgent avec l'autre. La meilleure manière d'aimer un peu l'autre, c'est de  se connaître bien.
..Bien se tenir avec soi, c'est prendre en compte et respecter ses pulsions fortes. page 88
 
Ce qui m'a toujours sidéré, chez l'être humain, c'est le manque de cohérence entre ce qu'il pense et ce qu'il fait. page 90
 
Ici, (en Polynésie) c'est le pays des belles lumières, des heures de gloire. Il y a en moi, une urgence de beauté. Plus le temps à perdre puisque je peux choisir. II faut être là où c'est beau. page 92
 
J'ai passé plusieurs fois le cap Horn mais je ne l'ai perçu qu'une seule fois, finalement avec cette densité....je me souviens de ma conversation avec le gardien du phare au cap. C'était en 2004, à bord du Geronimo. Le gardien m'interroge avec sa radio VHF:
" Where are you from?
- Brest
-Where are you going?
- Brest"
Le type me fait répéter plusieurs fois "Brest". Selon lui, il fallait qu'on aille quelque part mais pas là d'où nous venions. Pour lui, ça n'avait pas de sens que nous revenions à notre point de départ. Il a fallu que je lui explique que nous courions autour du monde.. j'ai senti , que ce gardien, dans son phare perdu dans la brume, ne  comprenait pas bien ce que je lui disais. Moment surréaliste. Ce dialogue n'avait aucun sens. page 101
 
De temps en temps, ce qu'a construit l'homme parle. page 105
Je me promène , sur la mer, avec mon bagage - le plus léger possible. Mais il y a des choses qui vous restent, des choses que vous abandonnez et des trucs qui vous collent un peu plus à la peau. Les gens que j'ai aimés, que j'aime ( et ça fait pas un dictionnaire), je les garde en moi, ils appartiennent à mon monde. Je n'ai pas de photos, pas de rapports avec les objets, mais avec les âmes, oui. Je garde des souvenirs, comme tout le monde. C'est terrible, d'ailleurs, les souvenirs: c'est ce qui aide à constituer des regrets. Les gens qu'on a aimés et qui ont disparu ont emporté une partie de soi. C'est comme si leur mort sclérosait ce qu'on a vécu avec eux. Leur mort nous fige. Leur mort nous fait mourir un peu.
Les souvenirs ne sont pas des promenades que je fais. ...Je m'organise, dans la tête, des rendez-vous de lumière. page 110
 
Je suis comme un chercheur d'or. Ce n'est pas tant l'or que je cherche que le moment magique quand je sais que je vais le découvrir. C'est toujours, au vrai, l'émotion que je cherche. Le  nomadisme, c'est ça. page 117
 
Je n'aime pas les intellectuels, j'aime les "intelligents". En France, pour des raisons culturelles, on a toujours pensé que certains, parce qu'ils étaient cultivés, étaient intelligents...Faire des études, c'est bien mais c'est insuffisant. page 127
Je  ne cède pas sur mes désirs et mes plaisirs. Je ne cède rien sur mes désirs. Je ne cède rien là-dessus...je suis un homme de rigueur et de combat, un homme de parole  et d'exigence...Je sui indifférent aux félicitations.: c'est une force. page 129 
Nos contemporains n'ont plus de pensée mais ils ont des avis. - l'avis étant le raccourci de la pensée sur quelque chose qu'on ne connaît pas...Aujourd'hui, on vit entouré d'avis. page 133
La communication a remplacé la pensée. page 138
La mode , c'est de savoir parler de tout. ...La plupart des gens ne veulent pas comprendre, ils veulent être au courant. C'est une insulte à l'intelligence. page 139
 
Durant la guerre, il y avait ceux qui collaboraient avec l'ennemi. Aujourd'hui, il y a un ennemi de l'intérieur: c'est la médiocrité. avec  celui-là, tout le monde collabore. page 140
Personne n'est capable de répondre  aux questions  fortes. Un exemple? Les individus passent leur vie à être préoccupés par des horaires (  de train, de bureau, de rendez-vous...) , mais aucun n'a l'heure de sa mort. page 145
 
Ma mère est décédée, il y a peu. Plus personne ne portera, sur moi, un regard bienveillant. Ici, "bienveillant" signifie: quelqu'un qui veille avec l'envie du bien. page 150
 
Vivre est un privilège. Ce n'est pas un dû. Alors, on doit avoir la politesse, l'élégance, de profiter du fait d'être vivant pour que cette vie soit belle.
On ne doit rien faire par habitude. Toute action doit être soumise à réflexion...La routine est à proscrire. Il faut comprendre ce qu'on vit et ce qu'on est....Il s'agit de piloter sa vie. page 151 
 
 
 
 
 
 

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