mercredi, décembre 18, 2019

LA PASSAGERE DU VENT ( Alonso Cueto) 2018

Après avoir combattu les guerilleros du Sentier lumineux, au cœur des Andes, le soldat Angel Serpa prend sa retraite et retourne à Lima, pour y mener  une vie paisible. Un emploi de vendeur d'ustensiles de cuisine, une chambre exiguë et les déjeuners du dimanche chez son frère devraient lui permettre de s'éloigner du souvenir de la guerre, cet enfer dont il fut l'un des protagonistes.
Or, le passé n'est jamais très loin du présent. Il prend ici la forme d'une jeune femme qui entre, un jour, dans le magasin d''Angel, comme si elle revenait de la mort. Fragile, insaisissable, elle va se muer en obsession, au point de devenir irréelle. Angel ira jusqu'au bout de ses forces pour la protéger, mais sans savoir vraiment qui ( ou quoi) il veut sauver.
Plongeant dans l'histoire récente du Pérou, ce roman nous invite à suivre la trajectoire de cet homme brisé par la violence, mais dont la rédemption passera par un sacrifice sans concession. A la fois, enquête historique sur les années de la guerre contre le Sentier lumineux, thriller psychologique faisant effleurer des fantômes, et interrogation sur la mémoire d'un pays, La Passagère du Vent nous invite à suivre un héros attachant et paradoxal dans sa quête d'une renaissance - ou peut-être d'une forme de pardon.
Il avait maintenant quitté l'armée. Cette après-midi, en sortant du bâtiment, il tomba sur des voitures qui filaient sur l'avenue, comme si elles étaient folles de joie. Il se dit qu'il devrait monter à bord  de l'une d'elles pour s'enfuir. Il descendit l'escalier quatre à quatre. Il voulait le dire à nouveau. Il avait quitté l'armée.  page 14
(Une femme entre dans le magasin où il travaille) Oui. C'était elle.
Revenant de son passé, dans  sa tenue noire, ce corps élancé, c'était elle. Ses cheveux avaient  de toute évidence poussé et son visage était propre, mais dans ses yeux habitait un éclair pâle qu'il reconnaissait.  page 25
La cliente qui se trouvait dans le véhicule était la femme sur qui il avait tiré et qu'il avait vue tomber, morte. C'était le cadavre qu'il avait abandonné par un petit matin de glace, des années auparavant, sur un chemin non loin de la caserne. Mais elle était  revenue et il l'emmenait quelque part. page 29

ON apprend certaines chose quand on rejoint l'armée. Les subalternes sont nos assistants, ils sont à notre service mais on doit leur dire de se préparer aux inspections. Le mieux, c'est de tuer les femmes violées avant la venue des inspecteurs pour qu'ils voient qu'il n'y a personne. Entre-temps certaines femmes sont pour nous, les officiers, mais pas toutes. Les meilleures sont pour le capitaine page 33

...Ceux qui ont vécu, on n' a pas le temps de penser à eux, tu le savais en arrivant, celui qui meurt, on prie pour lui une fois et ensuite, on le laisse derrière soi, à pourrir, tu as oublié? Les morts appartiennent très vite au passé. le passé, c'est comme l'enfer, car personne n'en revient. page 34

( Voir l'article suivant, même  titre, mais notes complètes))

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