lundi, avril 06, 2020

LES ARBRES DE LA SOMME ( Lars Mytting) 2017

En 1971, un jeune couple franco-norvégien trouve la mort au fond d'un étang de la Somme dans d'étranges circonstances. Edward , leur fils de trois ans, est porté disparu. Il n'est retrouvé que quatre jours plus tard. , à une centaine de kilomètres du lieu du drame. Comment le petit garçon a-t-il échoué là? Où était-il pendant tout ce temps? Et pourquoi ses parents se sont-ils aventurés en pleine nuit dans cette forêt encore truffée d'obus et de grenades à gaz datant de la Première Guerre mondiale? 
Elevé par son grand-père dans une ferme isolée en  Normandie, Edward n'a jamais su  ce qui s'était réellement passé en France. Lors du décès de son aïeul, il apprend qu'un cercueil magnifique en bois précieux a été livré aux Pompes funèbres quelques années auparavant, envoyé par son grand-oncle, un ébéniste d'exception...des i^les Shetland aux champs de bataille de la Somme, le jeune homme part sur les traces de ce  cercueil mystérieux, sans savoir encore qu'il va exhumer les secrets d'une histoire familiale étroitement liée aux conflits qui ont meurtri le siècle.
Lars Mytting signe une saga romanesque passionnante. remontant les cercles du temps comme on explore les cernes d'un arbre, il développe  patiemment  les ramifications d'une fresque familiale puissante aux noeuds sensibles et douloureux comme le souvenir des blessures. 

Pour moi, maman était une odeur. Maman était une chaleur. une jambe à laquelle je m'accrochais. Un souffle de bleu; une robe dont je croyais me rappeler qu'elle la portait. Je me disais qu'elle m'avait décoché dans la vie avec la corde d'un arc et lorsque j'avais façonné des souvenirs d'elle, je n'avais pas su s'ils étaient exacts , ni vrais, je l'avais simplement créée telle que je me figurais qu'un fils devait se souvenir de sa mère.
Quand je sondais l'absence en moi, c'était à maman que je pensais. Rarement à papa.  page 9

....J'ouvrais l'atlas pour étudier la France. Je me disais que quelque part, devait exister quelqu'un qui aurait des souvenirs de maman. Elle avait vécu presque vingt-sept ans. je trouvai Authuille.
De temps en temps, nous allions au cimetière. ..Walter Hirifjell,  Nicole Daireaux . Père né en 1944, mère née en 1945. décédés le 23 septembre 1971. 
Ma langue maternelle était le français, pas le norvégien.  page 27

..Grand-père ne pourrait devenir vieux. Il me l'avait dit. Il restait jeune, grâce à moi et pour moi.
Les visages de mes parents ne vieilliront jamais . Ils étaient sur une photo  de la commode, juste à côté du téléphone...page 10

Maman était née à Ravensbrück. Le camp de femmes au nord de Berlin. Des images tourbillonnaient. Des photos en noir et blanc, à gros grain de personnes émaciées, à demi-nues. Père inconnu..Page 75

Le chagrin est plus pur quand il n'y a qu'un seul point d'ancrage. Page 93

" Je parle toujours vrai. Mais je ne parle pas toujours". page 94

" Chaque pomme de terre est l'autre pomme de terre. Toutes les pommes de terre que nous plantons maintenant sont en fait la même plante. C'est seulement en semant des graines que nous obtenons d'autres plantes. Les pommes de terre que nous avons plantées l'an dernier, toutes sont celles que nous planterons l'an prochain, ne sont qu'une seule et même. Certes, la pomme de terre de semence pourrit. Mais les nouvelles ne sont pas les excroissances de l'ancienne. Elles ne sont pas juste de la même famille, elles sont les unes les autres.  page  115
Il ( le grand-père) s'adonnait simplement à ses pommes de terre de semence, qui n'étaient pas apparentées, mais étaient les unes les autres. page 187

...Je me retrouvais avec une pellicule dans l'obscurité.: la pellicule était capable de capturer le temps alors que j'étais moi-même quelqu'un , qui avait, un jour perdu le temps qui m'appartenait.  page 302 ) la pellicule contient les dernières photos prises par ses parents)

" Nous sommes innocents quand nous rêvons et nous sommes innocents quand nous sommes petits"
..." Ces deux femmes m'intéressent, déclara l'ancien pasteur. Pour laquelle ton coeur a-t-il battu le plus fort?
- Allez savoir. C'était comme s'il battait pour Hanne dans la phase de  contraction et pour Gwen dans la phase de relaxation. ". page 406

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