dimanche, mai 10, 2020

LE REGNE EPHEMERE DE PEPIN IV( John Steinbeck)

Steinbeck avouait une tendresse toute particulière à l'endroit de ce roman "français"( 1957) qui fut pour lui et ses lecteurs d'alors comme une cure de santé. 
Nous sommes dans la France des années 50 et l'on nous explique que la République, fatiguée par les changements de gouvernement qui sont à l'époque l'une des plus sûres spécialités du pays, décide de confier le pouvoir à un roi. On offre donc la couronne à un lointain descendant de Charlemagne, Pépin Héristal, modeste rentier parisien , propriétaire e quelques pieds de vigne du côté de Chablis, astronome amateur à ses heures.
Steinbeck a toujours aimé la veine humoresque: il n' est pour s'en convaincre que de relire la merveilleuse série de romans qu'il a consacrés aux paisanos, et aux joyeux clochards de Monterey  (Tortilla, Flat, Rue de La sardine, Tendre Jeudi)  Il y ajoute ici, une jolie point de satire, mais sur un mode plus amusé qu'accusateur (car on sent qu'il aime la France pour ses défauts non moins que pour ses vertus. La description de la cour royale est en soi un régal: la reine Marie et sa confidente , la soeur Hyacinthe, une danseuse des Folies Bergère devenue religieuse sur le tard, l'oncle Charles martel, propriétaire d'une galerie et grand expert en faux; la princesse Clotilde, auteur à 15 ans d'un best-seller intitulé Adieu la vie... Quant à Pépin, il déteste Versailles et ses appartements mal chauffés et n'est jamais aussi heureux que lorsqu'il peut s'offrir une escapade en scooter: occasion pour lui de découvrir incognito les états d'âme de son cher  et vieux pays.
On songe aux comédies américaines  où excellaient alors Billy Wilder et William Wyler, aux grimaces émouvantes d'Audery Hepburn; on ennted sonner l'orchestre heureux d'Un Américain à Paris , on  rit, on sourit, on se souvient...et l'on n'est pas loin d'essuyer une larme quand l'auteur nous pousse du coude pour nous rappeler que si le monde mérite quelques claques, il n'y a peut-être pas de quoi en faire un drame. 

En vivant et travaillant en France, j'ai pu me convaincre  que, de tous les peuples du monde, les Français  savent se moquer d'eux-mêmes aussi bien que des autres. page 19

Sa santé était si bonne qu'il ne s'apercevait pas qu'il en avait une. page 25,

Elle admirait son mari  sans essayer de le comprendre. Page 25

J'ai connu bien des personnes qui demandaient des conseils, très peu qui les acceptaient, et personne pour les suivre. page 37

Il put non seulement se faire entendre mais comprendre. page 45

Pépin penchait beaucoup vers une forme institutionnelle, non seulement parce qu'il était profondément libéral mais aussi parce que l'absolutisme implique une lourde responsabilité. page 65

Si l'homme se contentait de parler, il pourrait lui arriver d'être sincère mais il n'aurait pas l'air  d'être sincère. page 71

En Amérique , on ne devient un membre des classes populaires que quand on fait faillite. page 85

Pépin dit lentement; " je crois que tous les hommes sont honnêtes quand leur intérêt n'est pas en jeu. je crois que la plupart sont vulnérables quand il y va de leur intérêt. page 106

Devenu roi, il fut seul; mis à part  et seul; et c'est cela aussi être roi. La monarchie avait  créé un roi. page 137

Aucun commentaire: