mardi, février 16, 2021

NOS SECRETS TROP BIEN GARDES ( Lara PRESCOTT ) 2021

 A l'aube de la guerre froide,  Olga, la muse de Boris Pasternak, est arrêtée à Moscou et envoyée au goulag -  il s'agit de faire pression sur le plus célèbre écrivain soviétique vivant, dont le roman Le Docteur Jivago critiquerait la révolution d'octobre; En 1956, à Washington, Irina, Américaine d'origine russe, est embauchée par la CIA, officiellement  comme dactylo, mais en vérité pour travailler sur le terrain. La chic et sophistiquée Sally est chargée de la former à l'art de l'espionnage. 

De Moscou aux horreurs du goulag, de Washington à Paris et Milan, Nos secrets trop bien gardés met en scène la passion et le courage de trois femmes inoubliables en saisissant un moment extraordinaire du XXè siècle avec une maîtrise et une vérité étonnantes et rend hommage à toutes les femmes éclipsées par les hommes et oubliées par l'Histoire. 

Ce roman est inspiré de la véritable tentative de la CIA d'introduire clandestinement le chef-d'oeuvre de Pasternak au-delà du rideau de fer, une mission fondée sur la conviction qu'un livre a le pouvoir de changer le monde. 

EST. 1949-1950

(Olga, l'amie de Pasternak est arrêtée chez elle; elle est en prison) " Tu ne peux pas dormir maintenant" m'a dit une jeune femme assise sur le lit contigu....Ils vont venir te réveiller.....Il est interdit de dormir en journée".  ....Et les gardiens sont venus. Chaque nuit, ils venaient chercher l'une d'entre nous, une à la fois avant de la ramener dans le cellule no 7 des heures plus tard. page 30

" Je n'ai rien fait de mal. Vous devez me relâcher. j'ai une famille. Il n'y a.." Il a levé un doigt: " Rien de mal? C'est nous qui déciderons le moment venu". Il a soupiré... " Voyons voir ce que tu as fait? page 32

" Parle -moi de ce roman qu'il est en train d'écrire?  J'ai entendu certaines choses."  - Comme quoi? - Raconte-moi. De quoi parle ce Docteur Jivago?  - Je ne sais pas..." Page 33

Boris Leonidovitch était le poète russe vivant le plus célèbre.. page 35

Je  savais ce qu'il attendait de moi ( Anatoli Sergueïvitch à la prison) Je me souvenais de  ses mots: Le sort de Pasternak dépendra de ton honnêteté" J'ai donc repris mon stylo et ai recommencé: Cher Anatoli Sergueîevitch, Le Docteur Jivago parle d'un docteur. C'est un récit des années  de l'entre deux guerres. C'est l'histoire de Iouri  et Lara, ça parle de Moscou d'autrefois, d'amour, de nous. Le Docteur Jivago  n'est pas un livre antisoviétique.  page 38

Je n'ai pas dit à  Semionov que Boris m'avait avoué que ce qu'il écrivait pourrait signer son arrêt de mort, et qu'il craignait que Staline le condamne...page 41

J'écoutais le verdict du juge. J'ai entendu  les mots prononcés et le nombre d'années..;"Cinq ans" page 47

OUEST  Automne  1956

C'était l'une de ces journées  humides à Washingrton quand au-dessus du fleuve Potomac , l'air s'épaissit page 51

( Celle qui parle est d'ascendance soviétique et va à un entretien d'embauche) ...Là-bas, ma mère avait travaillé dans une usine bolchevique...Elle était  arrivée en Amérique avec la deuxième vague d'immigrants russes ayant quitté la Mère Patrie.  Les frontières étaient sur le point  d'être fermées et si mes parents avaient attendu, ne serait-ce que quelque mois, j'aurais été élevé derrière le Rideau de fer et non au Pays de la Liberté. page 59 Mon père s'était procuré tous les  papiers nécessaires. ..Mon père avait comme projet de trouver un poste dans l'une des nombreuses universités de Baltimore ou de Washington...Page 60...Ils avaient dit au revoir à leurs parents, leur famille, à tous ceux qu'ils avaient toujours connus. Ils savaient bien qu'une fois partis, ils ne pourraient plus jamais revenir; en voulant accéder au rêve américain, ils perdraient définitivement  leur nationalité. page 60 Je suis née à l'hôpital Johns-Hopkins...Mon père n'en a jamais rien su . Il a fallu des années pour que ma mère me raconte pourquoi je ne l'ai jamais connu. page 60 (quand le couple montait dans le paquebot, son père a été embarqué dans une voiture par deux hommes en uniforme) 

Parlez-moi de votre père" a-t-il commencé dès que je me suis assise. Il a ouvert un gros dossier avec son nom écrit dessus: " Mikaël  Abramovitch Drozdova"   a-t-il lu Ma gorge s'est serrée..; - Je n'ai jamais connu mon père" - Un instant...Il est écrit ici qu'il été condamné aux travaux forcés pour s'être procuré illégalement des titres de transport"; C'était comme ça , la raison pour laquelle il avait été arrêté.  ..;"tout ça  a à voir avec la possibilité que vous travaillez ici. ..Savez-vous comment il est  mort a demandé Anderson. ".... " Il n'est jamais parti pour les camps. Il est mort à Moscou....Au cours d'un interrogatoire." page 73 

Les filles qui travaillent pour le gouvernement américain sont reléguées au  rang de dactylos. page 80

" Irina Drozdova  , Anderson viendra la présenter lundi matin . page 82

" Tu n'as pas d'accent russe".  a fait remarquer Norma..." Je ne suis pas russe. Enfin, pas vraiment, Je suis née ici, mes parents sont de là-bas. page 84

Irina a vite appris à travailler. les semaines passaient et elle n'avait encore jamais demandé de l'aide. Heureusement, d'ailleurs, car nous n'aurions pas eu le temps de lui donner un coup de main. En ce mois  de novembre, quand s'est répandue la nouvelle de l'échec de l'insurrection hongroise contre l'union soviétique, - et du rôle que nous avions joué - la tension au sein de la SR a été multipliée par trois. page 88

EST 1950- 1955

(Olga est dans un camp de travail en Sibérie) ( Elle écrit à son interrogateur à Moscou, lettre qu'elle n'expédiera jamais )  Par où commencer? Par aujourd'hui? Et raconter  comment j'ai passé  cette journée, ma quatre-vingt-sixième des 1825 journées nécessaires à ma réhabilitation. ? Ou bien, faut-il que je commence par ce qui a été déjà révélé?  As-tu envie de savoir comment se sont déroulés les six  cents kilomètres de mon voyage jusqu'ici? As-tu pris ces trains qui vont nulle part?  As-tu visité ces cabanes e bois, sans fenêtre dans lesquelles on nous enfermait, tremblantes de froid...? Non, Anatoli, je ne te raconterai rien de ces tourments.... page 120

Le baraquement sentait la transpiration, l'oignon et les corps chauds. L'odeur du vivant, un petit réconfort. ..Cette première nuit à Potman a été calme. ..Mon premier jour dans les champs, la terre était dure, gelée, et la pioche trop lourde pour que je puisse la lever plus haut que ma taille.  En une demi-heure, mes mains  ont été couvertes d'ampoules...Le premier jour, je n'ai rien mangé. le deuxième jour, non plus. Le troisième jour,  je n'ai toujours pas pu qu'égratigner la terre, et donc, je n'ai donc toujours rien eu à manger.  Cependant, une jeune nonne m'a tendu un morceau de sa ration de pain...page 126

J'ai appris ce dont le corps humain  a besoin  pour survivre, - pas grand-chose. En effet, 800 grammes de pain par jour, deux morceaux de sucre, et une soupe si claire qu'il était difficile de la distinguer 'un simple brouet d'eau de mer," m'ont suffi ..Mais l'esprit a besoin  de beaucoup plus. Borya n'était jamais loin de mes pensées. J'avais l'habitude de croire que je pouvais  sentir quand il pensait à moi - et que le frisson dans ma nuque , ou le long de mes bras, c'était lui. Je l'ai senti pendant des mois. Mais une année a passé, sans ce frisson,  puis une autre . Etait-il mort? ...Anatoli, je peux maintenant te dire que cette peine de cinq  ans a été tout à la fois une bénédiction et une malédiction. ...Avec le temps, je me suis endurcie, et je suis devenue plus forte pour effectuer le travail dans les champs. page 129

Peu de temps après la fin du Tsar rouge,  La mort de Staline avait incité nos nouveaux dirigeants à libérer un million et demi  de prisonniers . page 138 C'est en femme réhabilitée que j'ai pris le train pour Moscou, Anatoli.  page 139

Boris se réveille ( Page 141) Le train d'Olga arrivera en gare  après quatre jours  de voyage. Depuis Potma, elle aura donc marché, pris un train, et encore un autre  avant d'arriver à Moscou. page 144

Il avait commencé l'écriture du Docteur Jivago près de dix ans auparavant....A cette époque-là, Boris avait eu le sentiment que seul , le roman le gardait en vie. page 149

Trois ans auparavant, il n'aurait jamais pu imaginer  un monde sans qu'elle soit au centre . Pourtant,  avec le temps,  - et alors qu'il pensait  chaque jour à elle - le manque se faisait moins sentir.  Et sa vie était devenue plus simple ainsi. Il ne se sentait plus coupable de mentir à sa femme, il n'était plus embarrassé par les commérages. .Page 152

Le roman était presque terminé. Borya travaillait  à toute allure, comme lorsqu'ils  étaient tombés amoureux  la première fois. Il écrivait le matin à Peredelkino, puis venait à pied à la Petite Maison. L'après-midi, je l'aidais à corriger  et à finaliser un texte que je retapais (Olga) Jivago était sans cesse présent. page 167

" Il est mort" a annoncé Borya. J'ai serré le combiné du téléphone. " Qui est mort? "  Il a grommelé.. Youri a-t-il fini par dire. .J'ai eu les larmes aux yeux. " Il est mort?" - C'est fini.  Mon roman est terminé". page 169 "Peut-être sera-t-il publié" a avancé Borya.  ..;" Crois- moi, jamais ils ne publieront ce roman pour rien au monde." - tu dois être patient - Ils ne le permettront pas....jamais". page 170

OUEST Février - Automne 1957

Irina . J'avais postulé pour  être dactylo, mais on m'avait donné un autre boulot. Pour la première fois de ma vie,  j'ai eu l'impression d'être vouée à une grande destinée, autre que simplement avoir un travail  Ce soir-là,  quelque chose en moi s'est dénoué - un pouvoir caché que j'avais jusque là ignoré. j'ai découvert que  j'étais faite pour  le travail d'agent secret. page 181

Teddy  a d'abord été peu bavard; il m'a confié  que j'étais la première femme  qu'il devait former. ( pour être agent secret) Page 184 Il m'a entraînée  à glisser discrètement une enveloppe sous une table, un banc, une chaise, un tabouret de bar, le siège d'un bus,  dans les toilettes...Il m'a appris  à savoir si quelqu'un me suivait, à repérer quelqu'un de suspect, quelqu'un qui m'observerait .... page 186

Novembre  est arrivé telle une détonation...Les Soviétiques ont envoyé  Spoutnik II  dans l'espace, avec, cette fois, une  chienne nommée Laïka  à son bord. page 210 Ils avaient leurs satellites, mais nous  nous avions leurs livres page 202

Ce n'était  pas juste un livre ( Le Docteur Jivago) mais une arme, une arme que 'Agence voulait se procurer et renvoyer clandestinement derrière le Rideau de fer pour réveiller l'esprit des citoyen s soviétiques. page  206

EST 1955-1956

Sergio : " Je suis passionné de littérature, a repris Sergio, en essayant de revenir Au Docteur Jivago. J'ai entendu  dire que votre roman était un chef-d'oeuvre. - Qui vous a dit ça?  - Tout le monde en parle. N'est-ce pas Walden.- Oui, tout l monde en parle a surenchéri Walden  - ses premiers mots à Pasternak. " Je n'ai aucune nouvelle d'aucune maison d'édition. Jusqu'à maintenant, je n'avais encore jamais à attendre avant qu'on me parle de mon travail....Je crains que la publication de mon livre soit impossible. ..." Et si vous me confiiez ce manuscrit?  a demandé Sergio.  - A quelles fins? S'ils ne permettent pas   qu'il soit publié ici, il ne pourra pas être publié ailleurs.  - Feltrinelli  peut prendre de l'avance  avec la traduction italienne et ainsi, quand le livre sortira en URSS...- Il ne sortira pas en URSS.  - Moi, je crois que si ,  a continué Sergio. Et quand ce sera le cas, Feltrinelli  sera prêt à lancer l'impression. C'est un membre en règle avec le parti communiste italien"....La porte de la datcha s'est ouverte et Pasternak  en est ressorti  avec un grand paquet enveloppé de papier Kraft.  Il a traversé la cour pieds nus, puis s'est arrêté devant ses visiteurs avant de parler: " Voici Le Docteur Jivago" Il a tendu le paquet et Sergio s'est avancé pour le prendre.;" Souhaitons qu'il puisse faire le tour du monde. " Sergio a soupesé le manuscrit , en sa senti le poids. " Votre roman est entre de bonnes mains avec Signor Feltrinelli. Vous verrez, je lui remettrai  en personne  avant la fin de la semaine". page 220

Le lendemain Le Docteur Jivago était en route pour rejoindre  Berlin-Ouest où Sergio devait le remettre en main propre à Feltinelli lui-même, qui l'emporte jusqu'à Milan. page 222

OUEST Automne 1957- Août 1958

Sally Forester est arrivée  un lundi.  Ce jour-là, je suis allée chez Ralph avec l'équipe de dactylos. page 243

 "Toi et moi, faisons la même chose. Enfin, presque. " - Toi aussi, tu fais passer des messages? - Disons que je suis plutôt celle qui envoie les messages". Elle m'a pressé la main. " Il faut se serrer les coudes, nous les filles. Nous ne sommes pas si nombreuses. D'accord? - D'accord. page 262 

(Sally est en Italie , sous une autre identité) pour  la parution du Docteur Jivago en italien. ) J'ai pris un bain puis ai appliqué une goutte de Tabac Blond derrière chaque oreille, à l'intérieur de chaque poignet et enfin sous les seins avant d'enfiler la robe parfaitement ajustée à mes mensurations.  C'était le meilleur moment où vous devenez quelqu'un d'autre. Un autre nom, une nouvelle profession; un passé, une éducation, une famille, des amants, une religion différents des vôtres - pour moi, c'était facile.  Et je n'ai jamais commis d'impairs, même dans les plus petits détails: savoir si mon personnage mange des toasts ou des oeufs au petit-déjeuner, si elle boit du café avec ou sans lait, si elle est le  genre  qui s'arrêtent pour admirer un pigeon traversant la rue ou si, au contraire, elle le chasse d 'un air dégoûté, si elle dort nue ou avec une chemise de nuit. Ce qui requerrait u talent et un instinct de survie. Après avoir endossé une identité qui me servait de couverture, je trouvais de plus en plus difficile de revenir à ma vraie vie.;...Pour devenir  quelqu'un d'autre, il faut d'abord avoir envie de se perdre.  page 284

Dès que je suis entrée dans la salle de réception, j'ai immédiatement repéré l'invité d'honneur: ce n'était pas l'auteur, dans la mesure où il ne pouvait être présent, mais l'éditeur du roman dont on fêtait la publication. Giangiacomo Feltrinelli était debout au milieu d'une foule d'intellectuels, d'éditeurs, de journalistes, d'écrivains et de pique-assiettes vêtus avec élégance...Au fond  de la salle, une pyramide  de livres recouvrait une grande table. Les Italiens l'avaient  fait: Le Docteur Jivago était publié dans leur propre langue. Dans moins d'une semaine, on verrait le livre dans les vitrines de toutes les librairies en Italie, le titre en une de tius les journaux. J'étais là pour me procurer un exemplaire du livre et le remettre en main propre à l'Agence afin qu'on puisse le traduire et déterminer s'il était effectivement une arme de propagande comme on le pensait. Frank Wisner m'avait aussi missionnée pour me rapprocher de Feltrinelli  afin d'en savoir un peu plus, sur la publication et la distribution du livre, et sur ses relations avec Pasternak. page 286 J'ai donc attrapé un exemplaire d'Il Doctore Zivago et fait courir mes doigts sur la couverture au vernis brillant...page 287

" Je n'ai jamais eu l'intention d'être le premier  à faire découvrir  ce livre aux lecteurs , a continué Feltrinelli . Mon intention était d'en acquérir les droits étrangers après sa publication dans son pays d'origine. Mais , bien évidemment, la vie réserve parfois des surprises".  page 289

Le lendemain matin, j'ai sorti du coffre, l'exemplaire de Jivago en italien; avant de le  ranger dans ma valise, je l'ai ouvert page 296

( Teddy) Je partais à Londres, non pour un livre mais pour le livre. Nous essayions  de nous procurer Le Docteur Jivago depuis des mois.  Nous avions récupéré un exemplaire de l'édition italienne et nous  nous étions mis d'accord pour décider que c'était un texte aussi formidable qu'on le disait. page 303 Ma mission, cette fois,  consistait à convaincre nos amis, les Anglais,  de nous donner leur exemplaire en langue originale - ou tout au moins, de nous le prêter. O avait déjà tenté un accord, mais ils 'étaient rétractés, certainement pour gagner du temps afin de savoir s'ils pouvaient être les premiers à en faire quelque chose. j'ai donc été envoyé au pays de Big Smoke pour trouver une solution.  page 304

 Nous  savons que Chaucer était arrivé pile à l'heure et qu'Irina avait récupéré les deux rouleaux  de microfilm Minox contenant Le docteur  Jivago . Et nous avons qu'elle a pris le bus 20 jusqu'à Tenleytown où elle  a laissé le paquet en lieu sûr dans Albemarle Street.  page 345

EST Mai 1958

J'avais parlé à Borya de ma crainte grandissante mais il était distrait par le flot de lettres de soutien de la part de correspondants qui lui transmettaient des coupures de presse étrangère, dithyrambiques et de propositions d'interviews. ...Tout tournait autour du livre.. "Tu es sûre qu'il n'y a personne dehors ? a demandé Mitya ( la fille d'Olga, l'amie de Boris) page 368

OUEST . Août- Septembre 1958

L'agence est passée à l'action. Dès lors que nous avions récupéré le manuscrit russe, après qu'Irina avait accompli avec succès sa mission dans Bishop's Garden, il n'y a plus de temps à perdre.  page 377

(A l'Exposition universelle de Bruxelles en 1958) A six heures trente précises, j'ai quitté l'appartement (Irina en nonne) pour me rendre à la foire - mon premier jour. page 405 Je suis arrivée finalement en vue de ma destination: la Cité de Dieu. page 407 Nous avions prévu de rester trois jours à l'Expo 58, mais nous avons donné notre dernier exemplaire du Bon Livre ( Le Docteur Jivago) dès la fin de la matinée du deuxième jour. ..Nous avions accompli notre mission. Nous avions laissé s'envoler Jivago s'envoler, espérant que le roman de Boris Pasternak retrouverait le chemin de son pays, en escomptant que ceux qui le liraient se demanderaient pourquoi il avait été interdit. Nous avions planté les graines de la dissidence grâce à un livre clandestin. page 413

EST Septembre- Octobre  1958

Boris travaille derrière une palissade: il sarcle un carré de potager où il a planté des pommes de terre, de l'ail  et des poireaux. " Bonjour mon ami" dit le visiteur.." Il est arrivé? demande Boris.  Le visiteur acquiesce d'un hochement de tête et suit Boris à l'intérieur de la datcha. Le visiteur ouvre son sac à dos et pose le livre, avec sa couverture de toile  bleue, devant son auteur....Il est devenu un bestseller en Europe. page 417.................." Vous êtes prix Nobel de littérature. ....allez-vous accepter ce prix?  demande un autre journaliste....." je ne sais pas" page 419

Boris  se lève, s'installe à son bureau et rédige un télégramme à l'intention de l'Académie suédoise. " INFINIMENT RECONNAISSSANT, TOUCHE , FIER,  STUPEFAIT ET CONFUS" Page 425  Pasternak

OUEST Octobre - Décembre 1958

Pasternak a gagné le prix Nobel"  " Eh bien , ça va augmenter les ventes du livre ai-je dit. Vous l'avez lu? - Evidemment. Tout le monde l'avait lu. Grâce à mon précédent employeur  ( l'Agence)page 429

EST Octobre - Décembre  1958

Il a gagné, il a gagné, il  a gagné. Il était lauréat du prix Nobel. ..;Boris Leonidovitch Pasternak était le second auteur russe  à avoir gagné ce prix. Son nom entrerait dans la légende, on ne pourrait l'oublier. page 439

Après  que Boris a envoyé son télégramme à Stockholm, le Kremlin  a donné sa réponse à l'Académie."  Ce ne sont pas les qualités littéraires ou artistiques du roman qui ont guidé votre décision...mais le message politique qui s'y trouve .Le roman de Pasternak  dénature la réalité soviétique et diffame la révolution socialiste, le socialisme et les Soviétiques". page 44i ......Boris ne lisait pas les journaux moi si. Ils le traitaient de Judas,  un pion qui s'était vendu pour trente pièces d'argent, un complice...page 442

EST Janvier 1959. 

Les premiers exemplaires ont circulé sous le manteau d'abord dans les salons de l'intelligentsia moscovite. ;puis des copies de copies de copies. On parlait du Docteur Jivago à voix basse dans le métro de Leningrad. page 465

 Il a reçu des lettres d 'Albert Camus, de John Steinbeck et du Premier ministre  de l'inde,  Nehru.  Il a reçu des lettres d'étudiants parisiens, d'un peintre installé au Maroc, d'un soldat en poste à Cuba ....; page 472  Il a aussi reçu des lettres d'une teneur différente.;;des lettres de détracteurs,  des lettres du gouvernement, des lettres d'intimidation.  page 472 (Boris Pasternak a été convoqué pour rencontrer Khrouchtchev)  Le lendemain, vingt-deux lettres supposées écrites par de vrais Russes ont été publiées ...sous le titre Le peuple soviétique condamne le comportement de Boris Pasternak....

OUEST  Eté 1959 

Il s'agissait surtout d'attendre: attendre les infos, attendre son ordre de mission, attendre que commence la mission. J'attendais dans des chambres d'hôtel,  des cages d'escaliers...page 483   Après que Le Docteur Jivago avait fait son apparition partout à travers l'URSS et que la notoriété dont jouissait Pasternak avait atteint des sommets, les Soviétiques avaient commencé à fouiller les bagages de tous les citoyens de retour de l'étranger. C'était un coup de propagande pour l'Agence et....elle  avait décidé de redoubler d'efforts - et donc  d'imprimer et de distribuer encore plus d'exemplaires du roman. ...Cette fois, nous avions imprimé une édition au format miniature - sur du papier libre et donc suffisamment mince pour tenir dans une poche. page 484

EST 1960-1961

Le jour de son anniversaire, il ( Boris) avait tenu bon. Il avait eu  l'air en bonne santé.....Il a d'abord perdu l'appétit..il se plaignait de crampes aux jambes...page  494 La dernière fois, c'est à peine  si je (Olga) l'ai reconnu...C'était le coeur. comme Youri Jivago, c'est le coeur qui , pour finir, a lâché page 496

Même si l'annonce de sa mort n'avait fait l'objet que d'un entrefilet dans la presse soviétique, ils étaient là. Des centaines, peut-être même des milliers de gens, pour suivre son cercueil. Des jeunes , des vieux, des voisins, des inconnus,  des étudiants,  des ouvriers, ses pairs, ses adversaires, des ouvriers d'usine, des membres de la police secrète habillés en ouvriers d'usine, des correspondants de la presse étrangère  et des journalistes moscovites. Tous étaient venus pour se rassembler autour de la dernière demeure de Borya., tous avaient changé  par ses mots,  et c'est ce qui les réunissait. page 502

( La maison d'Olga  a été fouillée le lendemain des obsèques, des policiers l'arrêtent, avec une de ses filles, Ira. Elle sont conduites dans un camp de travail)  " Aujourd'hui, Ira et moi avons travaillé dans la fosse pour creuser de nouvelles latrines. Ses mains sont gercées, les paumes couvertes d'ampoules...Je suis épuisée..; "Page 509


 mal? 

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