jeudi, février 04, 2021

LE FLAMBEUR DE LA CASPIENNE Jean- Christophe RUFIN) 2020

 Le pays: un rêve.

Habitué aux destinations calamiteuses, Aurel Timescu, le petit Consul, est pour une fois affecté dans un lieu enchanteur.  Kakou, capitale de L'Azerbaïjan ex-soviétique, est une ville pleine de charme au climat doux, au luxe  élégant. A la terrasse de cafés d'allure parisienne, on y déguste un petit blanc local très savoureux. 

L'ambassade: un cauchemar. ....

Le chef de poste, autoritaire et brutal ,est bien décidé à se débarrasser d'Aurel et de sa femme. Le fantôme  de sa femme, récemment victime d'un tragique et mystérieux accident, plane au-dessus de l'ambassade. Et l'équipe diplomatique, tétanisés, par le deuil, est livrée à la crainte et au soupçon. 

Il n'en faut pas plus pour qu'Aurel se lance dans une enquête plus folle que jamais. Basée sur de fragiles intuitions, elle prendra, entre mafias locales et grands contrats internationaux, l'ampleur d'une affaire d'Etat. 

Cette fois, Aurel ne lutte pas seulement pour faire triompher la justice. Il se bat pour une cause nouvelle et inattendue: rester là où il est  et connaître enfin le bonheur. 

Les diplomates font tout pour préserver les avantages pécuniaires que leur valent les pays "difficiles".; ils noircissent volontiers le tableau quand il s'agit de décrire leurs conditions de vie. page 9

 Bakou, la ville des vents, était en cette saison ensoleillée et fraîche, traversée par l'air marin venu de la Caspienne. La richesse pétrolière ne s'étalait pas comme au Moyen-Orient, mais on devinait sa présence à la qualité des voitures, au luxe des boutiques, à la restauration soigneuse  des monuments. page 22

C'était exactement le genre de femmes qui terrassaient Aurel. Sa beauté, son raffinement, son mystère la situaient immédiatement dans la catégorie de ce qu'il appelait les grandes dames. . De telles femmes le remplissaient d'admiration et de terreur. Il était prêt, au premier regard à se sacrifier pour elles. pages 24, 25

Le Who's who est terrible pour les épouses. Elles peuvent avoir fait de grandes études, brillé dans le sport, ou la musique, dès lors qu'elles n'exercent pas d'activité, la formule " sans profession" se referme  sur elles comme une pierre tombale. page 64

IL s'agissait pour lui de connaître enfin un long moment de bonheur dans une ville qu'il aimait déjà, ou , au contraire, de retomber dans l'errance et les douleurs de la relégation. page 70

( L'ambassadeur est absent pour la journée). On ne revenait au jeu du chat et de la souris. Quand il n'était pas là, ils dansaient. Seule, la présence physique de l'autorité faisait revenir les conversations à pas feutrés. page  72

Carteyron ( l'ambassadeur) se sentait suffisamment puissant pour manifester qu'il avait cessé d'apprendre, c'est-à-dire de se contraindre, de se soumettre, et qu'il fallait commencer, à décider,  à imposer, à choquer, c'est-à-dire à faire étalage de sa force. page 125

- "Avez-vous noté  un changement entre le moment où ils sont arrivés ici et ces derniers mois? - Considérable. A début, l'Ambassadeur était assez calme et leurs rapports avaient l'air bons; petit à petit, tout s'est dégradé. Il s'est mis à sortir seul, à dépenser beaucoup....à boire.  page 186

Le consul général de France dépensait tellement qu'on  lui a d'abord supposé une fortune personnelle. mais quelqu'un a fini par révéler que le roi était nu, c'est-à-dire que Carteyron n'était  l'héritier de rien, même si sa femme venait d'une famille riche. Surtout, il est apparu évident que seul le soutien financier d'un partenaire très puisant pouvait assurer à un fonctionnaire français un train  de vie à ce niveau. Or, le seul appui de taille qu'on lui connaissait était le Turc.  page 192

L'Ambassadeur se disposait d'avance à obéir à tout, à applaudir n'importe quel propos, à approuver les décisions les plus absurdes pourvu  qu'ils émanent de la divinité à laquelle, pour toujours, il avait dédié sa vie: l'autorité. Et cela, quelque forme qu'elle prît: le pouvoir politique, la richesse, la supériorité hiérarchique . Mais que son regard tombât par hasard un instant sur un inférieur, sans pouvoir ni fortune, comme par exemple, un des agents de son ambassade présent autour de la table, Carteyron reprenait immédiatement une expression de mépris et d'impatience. page  220

" C'est un faible, reprit Aurel et il a toujours cédé à la force. Il suffit de le voir faire des grâces aux sénateurs. Il évalue exactement le poids social de ses interlocuteurs et il adapte son attitude en fonction".  page 227.

IL souriait, avec cet air de béatitude qu'ont les gens désespérés quand ils ont décidé d'ignorer le malheur et de lui préférer la vie. page 263

" Vous donnait-elle l'impression d'aimer son mari? coupa Amélie. - Sans aucun doute. mais c'était un amour particulier. Comment pourrai-je le dire: sacrificiel, voilà. Elle voulait le sauver. Le sauver des autres; mais aussi de lui-même. Il y avait quelque chose de douloureux dans cet amour.  page 268

Aucun commentaire: