mercredi, août 04, 2021

ADIEU, MON UNIQUE (Antoine Audouard)

 "Si mon coeur n'est pas avec toi, et s'il n'est pas avec toi, il n'est nulle part."

Il est maître de philosophie le plus célèbre du XIIè siècle. Elle est l'élève la plus douée. C'est lui qui la séduit mais c'est elle qui lui révèle l'amour. Bafoué, l'oncle de la jeune fille exerce sur Abélard une vengeance atroce. Des années plus tard, les eux amants séparés échangent quelques lettres dont les mots sont restés célèbres...tandis qu'Abélard tente de donner un sens religieux à son humiliation, Héloïse lance un cri de révolte et d 'amour. Et quand il est abandonné de tous, c'est encore vers elle qu'il se tourne. 

Le roman seul pouvait permettre d'approcher le mystère de cet amour unique. Antoine Audouard restitue avec brio l'incroyable vitalité de l'époque, loin des clichés sur l'époque médiévale. L'histoire d'Héloïse et d'Abélard brûle à travers les siècles. Leurs mots sont les nôtres, la violence de leurs sentiments nous est familière. Abélard - frère de tout homme - Héloïse - soeur de toute femme.

Etre pas vu de qui l'on veut être vu en apprend plus sur la vie que les férules et les coups. - c'est apprendre à savoir qu'on n'est pas aimé que par hasard, par accident. page 22

Simplement, je savais que je ne pourrais jamais prendre part au bonheur des autres; je serai celui qui arrive trop tôt ou trop tard, celui qu'on appelle pas ou qui , invité,  se réveille au milieu de la nuit en sachant que la fête est finie. page 27

Pétronille s'avance  seule vers eux. André m'attrape par la manche? " Celui-ci est Bernard de Fontaines, chuchote-t-il, il vient de quitter l'abbaye de Cîteaux pour créer un monastère à Clairvaux, dans un val infesté de bêtes sauvages. - Le grand? - Non, l'autre. Celui-ci s'appelle Pierre Abélard. Il se croit le meilleur philosophe u monde.  page 30

Il me demanda ce que je cherchais  à Paris. J'hésitai.  - Mon maître, dis-je à voix basse en regardant le fond  de ma bière. - Que dis-tu?  Je répétai plus fort, le regardant dans ses yeux noirs. - Mon maître, dis-je. - Ami, dit-il. je suis ta providence. J'ai le maître qu'il te faut...-  Je sais dis-je, Pierre Abélard..- Comment le connais-tu.?....Quand il parle dit Arnaud, c'est comme si Aristote et Platon étaient revenus en un seul homme pour faire tomber les mystères et triompher la raison.  page 47

"Il me la faut, dit Pierre Abélard, lentement, en détachant les syllabes. Les larmes me montèrent aux yeux, que je ravalai sur l'instant.  - "Guillaume, il me la faut, répéta-t-il, rêveur- et il n'avait pas besoin  de sire son nom, Je  savais.  Héloïse était venue l'écouter quelquefois.  Autant que je sache, ils n'avaient pas échangé plus de trois mots. page 70

Pierre avait choisi Héloîse sans la connaître et sans savoir aimer: qu'elle soit à lui. page 86

(L'oncle d'Héloïse, chanoine Fulbert) " Guillaume, dis-moi la vérité. "  - Certainement. - Elle est savante, n'est-ce-pas? - Très.- Je vais   te confier un secret: je veux qu'elle le soit encore plus.. Je veux - que Dieu me le pardonne- qu'elle excite la jalousie et que partout l'on dise: " Voici Héloïse, c'est la plus forte et la plus savante femme au monde. Elle est la nièce du chanoine Fulbert. "Il a les larmes aux yeux et je jalouse sa foi naïve, sa confiance dans les vertus de sa nièce. page 115.

Quand elle me voit, elle a un moment de joie. Ses yeux s'éclairent, et, par naïveté ou présomption, je pourrais croire que c'est pour moi qu'elle est heureuse de voir. " Comment va-t-il? " Elle rougit, se reprend. " Pardonne-moi Guillaume....Tous ces jours-ci, je me suis tue et je m'inquiétait pour lui sans le savoir. - Il vit avec moi dans une petite maison sur la Montagne. Il ne dort pas. Il n'étudie pas, ses pensées ne sont occupées que de toi. Quand il écrit, c'est ton nom que sa plume trace sur le parchemin. page 122

"Je l'aime tant, Guillaume. L'abandon de notre fils, s'il faut le blâmer, je me reproche à moi-même et non à lui..- Pourtant...;Je sais bien. je lui cite en exemple ces femmes soumises, ces femmes diaboliques....Je ne suis fière que d'être à lui, d'être ce qu'il veut, contre lui-même et contre moi-même. Je suis fière d'être sa servante, me glorifie d'être sa maîtresse et serais sa putain s'il me le demandait, heureuse d'être entre les bras des autres, si je peux voir du bonheur dans ses yeux. ..je suis la femme du maître.. Je hais ce mariage qui détruira notre couple - je le sais comme une certitude tragique, une évidence - mais voici  déjà que pour lui plaire, je dois être ma meilleure ennemie. A la fin, je resterai seule avec cet amour-là." page 162 (Héloîse et Abélard se marient.)  Il n'y aura pas de fête, pas de repas où l'on boit, où l'on pleure - il n'y aura pas de danses où l'on s'oublie, pas de bouffons pour rappeler les exploits de l'époux ou de jongleurs pour distraire l'assemblée avec des histoires du passé. page 163

Je n'ai pas terminé le livre.....


 parchemin..." page 123

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