lundi, septembre 06, 2021

BILLY WILDER ET MOI ( Jonathan COE ) 2021.

 Dans la chaleur exaltante de l'été 1977, la jeune Calista quitte sa Grèce natale pour découvrir le monde. Sac au dos, elle traverse les Etats-Unis et se retrouve à Los Angeles , où elle fait une rencontre qui bouleverse sa vie: par le plus grand des hasards, la voici à la table du célèbre cinéaste hollywoodien, Billy Wilder, dont elle ne connaît absolument rien. Quelques mois plus tard, sur une île grecque, transformée en plateau de cinéma, elle retrouve le réalisateur et devient interprète le temps d'un fol été, sur le tournage de son avant-dernier film, Fedora.  Tandis que la jeune femme s'enivre de cette nouvelle aventure, dans les coulisses du septième art, Billy Wilder vit ce tournage comme son chant du cygne. Conscient que sa gloire commence  à se faner, rejeté par les studios américains et réalisant un film auquel peu de personnes croient vraiment, il entraîne Calista sur la piste de son passé, au coeur de ses souvenirs familiaux les plus sombres.

Roman de formation touchant et portrait intime d'une des figures les plus emblématiques du cinéma, Billy Wilder et moi  reconstitue avec une fascinante précision, l'atmosphère d'une époque. Jonathan Coe raconte, avec tendresse, humour et nostalgie les dernières années de carrière d'une icône, et nous offre une histoire irrésistible du temps qui passe, la célébrité , la famille et le poids du passé. 

Les jeunes gens  ne remarquent pas les sentiments de leurs parents, ne se rendent pas compte qu'ils en ont, la plupart du temps.  Pour eux, tout ce qui touche aux émotions de leurs parents, ce sont de bienheureux sociopathes. page 29   

Je (Calista) ne savais rien à l'époque, des Anglais et de leur besoin compulsif de dissimuler leurs sentiments. page 33 (Calista et Gill sont à Los Angeles, elles se rendent à un restaurant invitées par un ami du père de Gill) Bien sûr, si j'avais su que ce repas allait marquer dans ma vie un changement de cap majeur, j'aurais sûrement vu les choses autrement, mais je n'en avais pas la moindre idée. page 35 Ce fut ma première impression de Monsieur Wilder. Il portait également des lunettes à verre épais, et malgré son air abattu, ses yeux ne purent s'empêcher de s'illuminer en nous voyant approcher de la table, Gill et moi, avec nos tee-shirts minables et nos shorts en jean effilochés. page 38

Les gens que ne connaissent  la Grèce que de l'extérieur,  et savent que nus vivions alors sous une junte militaire s'interrogent parfois:  " Comment pouviez - vous être heureux? " Ce à quoi, je répondrais simplement : Ma vie continue. IL faut que la situation soit vraiment, vraiment  terrible pour empêcher la vie de continuer. Il y avait le monde extérieur, celui de la politique et de l'histoire, et puis, il y avait le monde intérieur, celui de la musique et de la famille et ces deux univers ne se croisaient jamais. page 75

Et je pris conscience que, pour un homme comme lui, un homme fondamentalement mélancolique, un homme pour qui la marche du monde ne serait jamais qu'une source de regrets et de déceptions, l'humour n'était pas seulement beau mais nécessaire, que raconter une bonne blague, pouvait naître un moment fugace, mais délicieux, où la vie prenait un sens particulier et ne semblait plus arbitraire,  chaotique ni inexplicable. page 124

L'ombre du veuvage l'avait quittée depuis longtemps, pour être remplacée par l'excitation de se retrouver grand-mère. L'énergie de ces fillettes , leur fraîcheur, leur enthousiasme pour la vie avaient pénétré en elel comme par osmose. page 226

...C'est curieux comme parfois, les  idées les plus importantes et les plus lourdes de vérité vous viennent pendant l'accomplissement d'un geste routinier, alors qu'une partie de votre esprit est focalisée sur tout autre chose. page 227

" Tu sais, j'ai soixante et onze ans maintenant, je sais ce que c'est d'être vieux et je peux te dire que c'est sacrément casse-pieds. Tout se met à se  déliter, olus rien ne fonctionne comme avant. page 262.

 


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