mardi, octobre 15, 2013

LA PARABOLE DU FAILLI (Lyonel Trouillot)

"Alors qu'il semble enfin devoir connaître le succès, Pedro, un jeune comédien haïtien en tournée à l'étranger, se jette du douzième étage d'un immeuble. Dans son pays natal, l'un des deux amis avec qui il partageait au hasard des nuits un modeste appartement aux allures de bateau-ivre tente alors, entre colère et  amour, de comprendre les raisons de ce geste, au fil d'une virulente adresse au disparu, comme pour remplir  de son propre cri , le vide  laissé par celui qui déclamait  dans les rues de Port-Au-Prince, les  vers de Baudelaire, Eluard et  Pessoa, faute de croire aux poèmes qu'il écrivait  en secret et qu'il avait rassemblés sous  le titre "Parabole du Failli".
Un homme est tombé, qui n'avait pas trouvé sa place dans le monde d'intense désamour qui peut être le nôtre: dans l'abîme que crée sa disparition,  s'inscrit l'échec  du suicidé mais aussi  de celui qui reste, avec sa douleur et ses cris impuissants. A travers ce portrait d'un homme que le  terrifiant mélange  du social et de l'intime a, de l'enfance au plongeon dans le vide, transformé en plaie ouverte au point de le contraindre, pour être lui-même, à devenir tous les autres sur la scène comme dans la vie. Lyonel Trouillot, dans cette nouvelle et bouleversante  "chanson du mal-aimé", rend hommage  à l'humanité en désespoir, à l'échec des mots qui voudraient le dire mais qui, même dans la langue du Poète, ne parviennent jamais  à combler la faille qui sépare la lettre de la réalité. "

Pardon, Pedro,. Tu avais beau  nous dire que les bulletins de nouvelles, c'est pire que le théâtre. Mensonges et jeux de rôle. ...Tu avis beau nous répéter que les informations, ça marche selon le goût u jour et l'échelle des valeurs. Tu voulais dire marchandes, mais tu n'aimais pas les concepts et choisissais l'ellipse  contre la théorie. Lorsque avec l'Estropié (la troisième personne avec qui il partageait un appartement) , nous partions dans  des discussions sur les modes et les systèmes, , la différence  entre  les réformes et les révolutions, tu te contentais de sourire et tu allais jouer dehors avec les enfants. Tu aimais les enfants. Tu avais beau dire: " Méfiez-vous, mes amis, les infos, c'est un  piège à cancres, ils in ventent des charniers qui n'ont jamais existé et il est de vrais morts dont o n ne parle jamais.", tu avais beau nous répéter : "Méfiez-vous". Tu ne le disais qu'à nous...Toi, tu disais:  " Les bulletins de nouvelles, c'est de la sauce piquante versée sur le malheur, les infos, c'est le pouvoir, inventez des informations à la convenance de vos rêves et vos rêves prendront le pouvoir". pages 13, 15

"Quand  les pauvres se mettent  à avoir de la classe et s'expriment comme des chérubins vivant dans les nuages,  c'est qu'ils se laissent  atteindre par les vices des riches". page 16

Ce matelas, tu l'avais acheté dans un bric-à brac du Poste Marchand , au pied de la colline...Ce matelas, tu avais  grimpé la pente raide  de la colline Saint-Antoine en le portant sur ton dos.  Deux gamins faisaient semblant de t'aide, mais se contentaient en réalité de  profiter de l'ombre  que tu leur offrais.  page 18

Pour être honnête,  tu le disais toi-même,  la pensée ce n'est pas pour nous une activité régulière comme gagner  son pain ou se perdre  dans le dédale des corridors par voyeurisme ou peut-être pour se rappeler qu'il y a des conditions  de vie bien pires que la nôtre. Se promener dans la merde des autres, et puis en sortir, retourner à notre deux-pièces, notre repaire. ..La pensée, ça n'obéit pas  comme un  chien à l'appel de son maître. Y a des moments où il faut faire avec son absence  et ne pas se casser la tête à chercher un sens à chaque chose. Il y a des jours sans intellect qui sont assis cul par terre et se contentent de la routine ordinaire. Page 27

Seuls les riches possèdent une famille et des photos pour le prouver qui remontent jusqu'aux grands-parents, et des jouets quand ils étaient petits.  Seuls les riches  possèdent en quantité des livres et passent des nuits entières à discuter de leur contenu entre copains.  Et enfin, seuls les riches habitent une maison avec une façade  qui donne sur une vraie rue. Les pauvres, ils ont le droit de vivre dans la rue ou dorment dans des maisonnettes qui poussent sur les sentiers comme des herbes folles, grimpent  des unes sur les dos des autres, tremblantes mais solidaires, s'accrochent, tombent, se relèvent, pansent leurs blessures, comme elles peuvent, avec de la chaux et du mastic, ou vivent avec leurs plaies ouvertes, s'appuient de nouveau les unes sur les autres, je me tiens, tu me tiens, ne laissent pas de place au secret...Je n'ai qu'une photo de mes parents. je l'ai décrochée après leur décès. Elle est dans la malle avec les titres de propriété de notre logis. Des papiers qui ne servent à rien. Le bateau est à nous trois. A nous deux maintenant que tu n'es plus là...Nous étions trois marins sans titres,  i hiérarchie. Nous ne venions pas de la même enfance.  Tu arrivais de loin avec tes photos. L'enfance de l'Estropié n'a pas eu droit aux photos. Ni aux jouets.  La mienne ne fut pas sans cadeaux , mais c'était des urgences, du strict minimum que mes parents avaient fait patienter jusqu' à Noël , pour donner un air de fantaisie à une paire de chaussures neuves, un cahier, un cartable. Contrairement à toi, nous  étions nés fauchés...La mort  ne commence rien, à part  ce sentiment de perte qui habite nos insomnies. Ce n'est pas parce que tu es mort que les choses  se mettraient soudain à changer. page 30, 31

Ce qui a changé , nous sommes moins pauvres qu'avant . (Madame Armand leur a remis une somme d'argent et des textes de Pedro) . Lorsqu'à la fin du mois, la direction du collège  où il (l'Estropié) enseigne les maths lui demandera  de patienter  encore quelques jours pour toucher son salaire, vu que les recettes sont maigres, que les élèves ne paient pas , qu'on a beau envoyer  des notes de rappel aux parents... Ce qui n'a pas changé, comme avant, la mort fait quelquefois la grève, les vieux notables traînent la patte , refusent de mourir  en quantité suffisante, la nécrologie ne nourrit pas son homme, ce que je ramène du journal nous aide tout juste à tenir la semaine. Mais je ne me plains pas . (Le narrateur travaille à la rubrique nécrologique dans un journal) page 32

Eux-mêmes (les enfants) souhaitent aller à l'étranger, gagner beaucoup d'argent et mener la belle vie. page 34

Et pourquoi apprendre quoi que ce soit? Le pouvoir, c'est le savoir, l'armée, la drogue,  la magouille, et des travailleurs  qui te disent Oui patron, OK patron, à vos ordres, mon commandant. page 38

Et tu ne nous as pas dit que la mort de ta mère avait tout changé dans ta vie., que tu ne sentais pas fait pour une vie d'adulte à laquelle te préparait ton père., que tu préférais les rues aux intérieurs, les rengaines vieillottes et fleur bleue au code du commerce. Pour tout intérieur, il te suffisait  d'un lieu où te poser pour la nuit. Une halte  de quelques heures, pour répondre à l'appel de la rue. Toi, tu étais né dans une vraie maison, et tu venais dans notre deux-pièces chercher la rue qui te manquait...Il faut du temps, la certitude qu'on peut partager le silence avant de se mettre à parler...Le premier soir, on ne t'a rien dit, l'Estropié et moi. Mais tu as coupé court à l'épreuve du silence. Tu t'es mis à parler. De la vie. Avec des commentaires sur ses mauvais côtés. Le premier soir, tu as parlé du général. On commence toujours par le général pour atteindre le particulier...Et quand on choisit un ami, on choisit aussi ses faiblesses. pages 40, 41

Le soir de ta mort, nous sommes allés chez elle (Madame Armand) . Laurette nous a ouvert la porte  sans comprendre  ce qui nous amenait...Nous avons bu le café et elle nous a donné  de l'argent en disant:" Ne revenez jamais". Le lendemain, nous y sommes retournés et elle nous a encore  donné de l'argent en disant: "Ne revenez jamais"...C'était son choix de nous donner de l'argent, dont nous avions besoin et pas besoin, nous contentant  de faire avec les mêmes choses courantes, juste un peu plus. page 48

Dans les fêtes de salon où l'on t'invitait à réciter des poèmes (un petit Musset par-ci: "Les plus désespérés  sont les chants les plus beaux", rien ne vaut un alexandrin  déclamé par un suicidaire pour satisfaire aux élans artistiques de la moyenne bourgeoisie: "Qu'il est bien, ce garçon! " ; un petit Baudelaire par-là: Souvent, pour s'amuser, les hommes d'équipage...") tu t'efforçais d'être poli, de ne pas te mettre en colère. Tu commençais à être connu. Dans les salons des beaux quartiers, ils te vouaient l'affection qu'on voue aux bêtes de cirque:  "Il dit bien. Et quelle voix!...Trois fois sur quatre, tu acceptais leurs règles du jeu. Cela te coûtait. Nous le voyions aux  efforts que tu faisais pour sourire, pour répondre poliment aux commentaires et aux compliments....Et l'orage éclatait. Fini les petits Musset par-ci, les petits Hugo par-là. Tout le monde en prenait plein la gueule. page 51

Tu aurais pu vivre encore un peu. Nous n'avions pas fini notre conversation. Nous avions des complicités à établir, des comptes à régler. Tu parlais souvent de ta mère. La plus mère des mères.  Avec cette façon que tu avais de prendre les choses qui t'arrivaient comme uniques et supérieures. Il  nous arrivait de te détester. Tu avais perdu ta mère et le monde s'effondrait. Ton père, un agent de commerce, n'avait pas les mains de l'ange, avait peur  de tout pour vous.  Peur des arts, peur des rues, des quartiers pauvres et des poètes. "Ils finissent tous dans la misère". Parfois, nous te détestions de toutes nos forces...D'autres fois,  nous nous contentions de t'écouter d'une oreille distraite, attendant que tu sortes de ta maladie infantile pour faire face.  Tu n'as jamais su faire face.  Et nous n'avons pas eu le temps de  te dire  que c'est toujours une faute de se prendre pour une exception.  pages 55, 56

Tu pouvais nous ennuyer jusqu'à l'agacement avec ton histoire personnelle. Le problème des histoires personnelles, c'est justement  qu'elles ne sont que personnelles et lassent, ennuient et insupportent  en se prenant plus au sérieux que les autres histoires personnelles...Tu parlais  sans cesse de ta mère, jamais de la mienne. Ni de mon père. L'Estropié  non plus ne te parlait jamais de ses parents. page 57

Le seul riche  de la famille (un frère de l'Estropié) , c'est l'interrogateur principal du service des recherches criminelles mais  Lonize (la mère de l'Estropié) n'accepte pas ses dons  C'est une vieille femme triste , malade et démunie.  Mais elle a des principes.  C'est une chose pour un père de battre ses enfants,  pour leur montrer le droit chemin.  Mais c'est une autre chose  de torturer des adultes pour leur faire   avouer des crimes qu'ils n'ont  peut-être jamais commis. "Un homme qui fait ça, c'est pas un homme, c'est un  chien!" page 63

Après (l'accident des parents du narrateur)  des journalistes sont venus...Le maire est venu. Et d'autres officiels . Puis, il y a eu la veillée collective... Je n'ai pas pleuré...Quand tes morts à toi sont noyés dans la foule , ta douleur se fond dans la douleur collective...et tu rentres chez toi en te demandant ce que tu vas faire  de la vie qui te reste. page 68

Vous dormez, tous les deux , dans la pièce du fond et vous buvez des coups ensemble.  Vous vous racontez des histoires respectives. Rien qu'une fois.Vous parlez peu du passé. Jamais de l'avenir. Dans ce  quartier, l'avenir n'existe pas. Vous partagez des habitudes.  La séance de cinéma le jeudi.  Un bain de mer à la fin du mois.  L'envie, souvent, de tuer.  De briser.  De mettre tout à plat dans cette pourriture de ville...Rien ne va et tout est pourri dans l'éternité d'un présent sans débouché, ni vocation. Et un soir,  en remontant de votre séance de cinéma, vous rencontrez un  garçon qui n'est pas du quartier, n'a rien à faire là.  Tellement perdu en lui-même et éloigné de son territoire, qu'il ne se pose pas de questions et croit être le seul à vivre des tourments. Qu'importe, vous pardonnez à sa douleur d'être bavarde comme l'égotisme. Nous t'avions pris dans le bateau. page 70

Dans la vie, c'est ainsi., il est des lieux où les choses sont en trop et d'autres où elles n'existent jamais en quantité suffisante.  Au pays de l'insuffisance, on est condamné à l'astuce, aux stratégies  d'adaptation. page 71

Je n'écrirai pas de grand œuvre. Toutes les œuvres sont incomplètes, car on oublie toujours quelqu'un. Dans la vie comme dans les romans, qui s'inquiète des tragédies qui hantent les petits destins des personnes secondaires? page 83

Tu as mrché longtemps à côté de toi-même. Un  soir,  à son retour du collège où il donne des cours de math, l'Estropié  avait voulu te tuer. Dans la journée, debout devant l'église Saint-Antoine, en habit de facteur,  tu avais distribué aux passants , les pages de ses deux tomes des œuvres complètes de Paul Eluard....Tu étais parti jouer au Père Noël. Tu donnais de l'Eluard  à toute femme qui passait. sans  discriminer. Mineures et doyennes. Pimbêches et madones. "Un poème pour vous, mademoiselle" Et une page sortait de ton sac...Une quadragénaire portant une alliance comme un  accessoire de l'ennui. "pour vous , Madame, un réveil amoureux à partager avec votre époux". Et encore une page sortie du sac...Quand il est arrivé (l'Estropié), il ne te restait dans les mains  que les pages inutiles des notices et des exégèses. J'ai dû me mettre en vous deux. Il pleurait C'est la seule fois où je l'ai vu pleurer...Les œuvres complètes d'Eluard, c'était des mois d'économie sur sa paie. Une politique  de restrictions sur les analgésiques et sur le rhum...Ses livres, c'est ses amours...pages 87, 88, 89, 90

Ce soir-là, tu étais assis  aux pieds d'E.,  une spécialiste du développement. Elle n'aimait pas particulièrement le théâtre, ni les gens du théâtre.  par politesse ou communautarisme, elle avait suivi une amie qui cherchait des lieux "où il se passe des choses". Elle n'écoutait, prenait l'art pour du superflu,  et les mots des poètes que tu récitais pour une violation de son territoire d'étrangère acquise à la cause du développement de ton pays. Elle était là pour aider, aidait et cela lui suffisait...dans sa logique de bonne marraine, les pauvres n'ont pas droit au langage. Ce n'est pas l'avis de l'Estropié. Il est certain que les E, c'est l'intention poétique en tant que telle qui leur semble superflue. Elle t'a tourné le dos...Page 93

"Arrête de gaspiller les mots des autres " (l'Estropié). Les mots des autres. Tu étais ça pour nous. , les semant à tout vent., aux M., aux  E.,  dans les salons où l'on jouait aux démocrates-esthètes-raffinés tout en ayant pactisé avec toutes les dictatures, l'armée, le capital,  la corruption organisée. Devant n'importe quel public paresseux et inattentif. page 96

La mort a cette vertu de  sanctifier les gens. Martyr, héros,  génie, c'est fou comme les cadavres inspirent le dithyrambe. page 113

Te souviens-tu de ce couple de semi-artistes, semi-intellos chez qui nous allions quelquefois?  Ils partageaient un amour chiche, dans le confort misérable de la peur du désespoir.  Nous allions chez eux  discuter.  Ils acceptaient  de parler de poésie et de littérature tant que cela restait un exercice scolaire...Ils refusaient  toute forme d'instabilité , préféraient les rimes plates aux vociférations. C'était ça leur amour: un échange de rimes plates. Quand ils se quittèrent, leur rupture fut sans éclat. page 116

(Le narrateur prépare l'hommage à Pedro) Que ferais-tu à ma place?  Je le sais. Je te vois leur criant
: "Silence, fermez-la"...Je t'entends réclamer la paix des chiens. Te battre contre tous pour laisser à la mort la place qu'elle mérite. Je te vois leur dire: " Mais, foutez donc la paix au désespoir de l'autre. Retournez à vos vies.  Epargnez l'inconfort du détour pour saluer son entrée dans le néant." A moins que ne ce soit une visite intéressée, une démarche politique...Je sais que si  tu te trompais toujours sur le réel,  tu désirais aimer. Je sais aussi que, même sans avoir jamais pris le temps de nous demander à l'Estropié et à moi quelles étaient nos blessures, tu aurais réclamé la paix pour nos dépouilles. page 118

Demain, c'est le grand jour ( l'hommage à Pedro) ...Avec une toute petite partie de l'argent que nous a donné Madame Armand, j'ai acheté une veste...Les  vivants méritent aussi notre attention. Encore un paradoxe,  cette maladie de n'écouter que les morts. Une personne se tient au bord de la falaise. Nous parle. Personne ne l'entend. Elle tombe. C'est alors seulement que le cri, dont il ne reste que l'écho, nous intéresse. Pas besoin d'exégèse. page 155

Tu nous as lâchés , Pedro. Tu aurais pu nous en parler, on t'aurait dit: "nous ne sommes pas prêts, donne - nous encore un peu de temps."  Toutes les douleurs humaines n'avancent pas au même rythme. Dans le deux-pièces de nouveau trop grand, il y a ton matelas et le lit en fer de l'Estropié. Et une grosse part de silence pour un seul homme. l'Estropié ne m'a jamais interrogé sur mes envies. Pas par indifférence. Il avait compris. Toi, tu m'interrogeais , parfois , sur mes silences. C'est tout simple, camarade. moi, je ne demandais à la vie que de la compagnie. Vous m'avez offert cela. Merci Frère.  Tu ne reviendras pas. Il me faudra, sans te trahir, faire avec ton absence. page 158

(A la cérémonie d'hommage) Il y a déjà beaucoup de monde. Je reconnais quelques journalistes des stations de radio qui "font du culturel". Elles sont rares, ces stations...Ta famille est là, hormis ton père. C'est l'une de tes sœurs qui parlera la première.  Elle  te ressemble.  Debout, devant la grande photo de toi qui constitue le fond  de scène,  elle parle de votre enfance.  Elle pleure. Je respecte ses larmes.  Tes sœurs et tes frères sont les premiers à te perdre.  Ton cœur est parti de la maison le jour de la mort de ta mère. Perdre une mère et un  frère, c'est beaucoup. Ta douleur insurmontable les a privés de leurs larmes à eux. Quand quelqu'un étale sa douleur face à une perte commune,  il ne reste aux autres qu'à se mettre en retrait, à lui laisser le disparu comme s'il était  le seul à l'avoir aimé, et à souffrir de son absence....Pages 163, 167

Les cérémonies consacrent la mort, font la preuve que l'autre n'est plus. Tu es mort.




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