samedi, octobre 26, 2019

LES AMAZONES (Jim Fergus) 2019

Mille femmes blanches: l'héritage.
 
1875. Un chef cheyenne propose au président Grant d'échanger  mille chevaux contre mille femmes blanches, afin de les marier à ses guerriers. Celles-ci, "recrutées" de force dans les pénitenciers et les asiles du pays, intègrent peu à peu le mode de vie des Indiens, au moment où commencent les grands massacres des tribus.
 
1876. Après la bataille de Little Big Horn, quelques survivants décident de prendre les armes contre cette prétendue" civilisation"  qui vole aux Indiens leurs terres, leur mode de vie, leur culture er leur histoire.  Cette tribu fantôme de femmes rebelles va bientôt passer dans la clandestinité pour livrer une bataille implacable qui se poursuivra de génération en génération.
 
Dans cette ultime volume de la trilogie, Mille femmes, blanches, Jim Fergus mêle avec une rare  maestria la lutte des femmes et des Indiens face à l'oppression , depuis la fin du XIXème siècle jusqu'à aujourd'huiAvec un sens toujours aussi fabuleux de l'épopée romanesque, il dresse des portraits de femmes aussi fortes qu'inoubliables.
 
(J'ai lu précédemment  Mille Femmes blanches, La vengeance des mères. 
 Les Amazones est le dernier de la trilogie. Voir aussi  Marie-Blanche, évocation de la mère française de Jim Fergus.

Il vous faut une ligne droite, du début jusqu'à la fin. Alors que, dans notre culture, le monde est une courbe, avec des ellipses. (Molly, une cheyenne à Jon, un Blanc) page 22
 
Les Indiens sont des gens discrets et effacés. A ce propos, je n'utiliserai pas dans ces pages, le terme d' "Amérindiens", relativement récent. Il nous a été attribué par des Blancs bien intentionnés, de manière à faire valoir que nous étions les premiers habitants du continent qu'ils ont pris.
... Comme je le disais, nous sommes un peuple discret, et personne  ne garde ses secrets aussi bien que nous.  Nous avons appris, il y a fort longtemps, à préserver les nôtres des Blancs, à ne rien divulguer e personnel, de précieux, ou qui puisse être retourné  contre nous. Mais nous sommes aussi réservés les uns  vis-à-vis des autres. Simplement, nous évitons d'aborder certains sujets.  page 52
 
Mais voilà, après la destruction de notre village, après cette balle dans le dos, je suis arrivée à la conclusion que personne ne résistera à l'implacable invasion de la race blanche et aux moyens mis en œuvre pour supprimer ce qui se dresse sur son chemin.  Rien, aucune des maigres possessions de ce vieux peuple indigène, et encore moins le portrait que nous avons pu en faire. page 59

" Le général George Crook rassembla ses éclaireurs indiens et, par quelques mots bien sentis, leur expliqua  ce qu'on attendait d'eux pendant la campagne. Il insista sur la fait que ces vastes plaines, ces montagnes et ces vallées seraient bientôt occupées par une population de rudes  travailleurs. le gibier serait exterminé, le bétail prendrait sa place , et il fallait que l'Indien décide, tout de suite, de vivre à la manière des Blancs et de conclure la paix. Ou alors, il disparaîtrait complètement. Quant aux éclaireurs, tant qu'ils se comporteraient bien, ils seraient décemment payés, comme des soldats, mais ils devaient veiller à ne pas sottement dépenser leur solde. qu'ils épargnent le moindre cent et qu'ils achètent vaches et juments! Pendant que l'Indien dormait, veaux et poulains grandiraient  et il se  réveillerait un jour dans la peau d'un homme très riche". page 71 ( capitaine John Gregory Bourke, " Une campagne  d'hiver dans le Wyoming et le Montana".
 
( Chez des fermiers) Se souciaient-ils, se rendaient-ils seulement compte que cette terre, divisée par l'Etat en parcelles de soixante-cinq hectares, afin de la distribuer  à des fermiers comme eux, ou de la vendre au prix de gros à de riches exploitants, avait, pendant mille ans,  été le pays de populations indigènes dont les derniers représentants étaient aujourd'hui, pourchassés, massacrés ou assignés à résidence, afin que les colons puissent en profiter. page 118
 
Nos aïeules rapportaient l'épopée d'un groupe de femmes blanches et d'autres races, venues vivre parmi les Indiens, mais aussi de guerrières qui, en plein galop,  étaient capables de percer  d'une flèche le cœur d'un ennemi.  Mais elles restaient discrètes la -dessus , car ces histoires déplaisaient aux chefs de tribus et aux hommes en général.  Ceux-ci n'aimaient pas qu'on l'on dépeignent nos femmes autrement que comme des épouses dociles, de mères qui ont pour seules occupations de pourvoir aux besoins du foyer, de leur mari,  d'élever les enfants.  page 161
 
Il est des choses que nous gardons en nous toute notre vie, les meilleures comme les pires. page 171
 
(May raconte un épisode de sa vie) Un soir,  mon père est arrivé chez nous, accompagné de plusieurs hommes. Ils m'ont enlevé mes enfants et il m'a fait interner dans un asile de fous. je n'ai trouvé qu'un moyen d'en sortir. Je me suis portée volontaire pour participer à un programme confidentiel dont le but était d'envoyer des femmes blanches, à l'ouest, chez les Cheyennes et leur faire des enfants... L'Etat pensait aussi les convaincre....grâce à nous de déposer les armes, afin de les intégrer dans le monde soi-disant civilisé. Tu connais la suite.  Je t'ai raconté l'attaque de notre village, et je n'ai pas menti. page 243
 
New York Times, 12 avril 2019.

Sur 5 712 femmes portées disparues en 2016, selon le Centre d'informations criminelles des Etats-Unis, seulement 116 ont été enregistrées dans le fichier des personnes disparues du Département de la Justice.
506: le nombre de femmes et de filles indigènes disparues ou assassinées dans 71 villes américaines en 2016, d'après un rapport de novembre de l'Urban Health Institute.
1 sur 3: selon le Département de la Justice, la proportion d'Amérindiennes victimes d'un viol ou d'une tentative de viol soit plus que le double de la moyenne nationale.
84o/o: le nombre de femmes indigènes qui ont subi des violences physiques ou psychologiques au cours  de leur vie, selon le National Institute of Justice ; page 283

A mon avis, personne  ne dit jamais la stricte vérité dans un journal intime. Elle est toujours interprétée d'une façon ou d'une autre. page 307
 
 
J'ai terminé ce livre de 370 pages. Il me semble qu'il y ait bien des longueurs, des redites, les personnages parlent à tour de rôle, ce qui entraîne  de la lassitude, parfois, j'ai eu l'impression que le roman n'avait pas eu tout le soin demandé dans sa rédaction. Cependant , d'excellents passages sur les relations Américains, (les Blancs) et les Indiens, les femmes blanches "envoyées" par le gouvernement pour américaniser les tribus. J'ai préféré les deux libres précédents de la trilogie.

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