Nous avons perdu nos fortunes, nous perdons nos bonnes manières. Le seul moyen de lutte qui nous reste , pour refuser l'arbitraire, la barbarie , est de ne pas renoncer à notre éducation. Nous avons été élevés en êtres humains....Nous ne pouvons accepter que l'on nous assimile à du bétail...Nous allons sortir, toi et moi. Bien sûr, nous ne nous tiendrons pas par la main mais rien ne nous empêche de marcher côte à côte.... Je refuse le tchador, de tous les vêtements, c'est le + avilissant... Cet accoutrement funeste qui me chosifie en effaçant mon visage et en confisquant mon identité. Ici, au moins , je suis moi , Zunaira, épouse de Ramat , 32 ans , magistrat licencié par l'obscurantisme , sans procès et sans indemnités, mais avec suffisamment de présence d'esprit pour me peigner tous les jours et veiller sur mes toilettes comme sur la prunelle de mes yeux. Avec ce voile maudit, je ne suis pas un être humain , ni une bête, juste un affront ou une opprobre que l'on doit cacher telle une infirmité. Ne me demande pas de renoncer à mon prénom, à mes traits,à la couleur de mes yeux et à la forme de mes lèvres pour une promenade à travers la misère et la désolation ...
La musique est le véritable souffle de la vie . On mange pour ne pas mourir de faim . On chante pour s'entendre vivre...
La quarantaine est un âge de raison, un atout majeur pour composer avec les défis.
La prisonnière a retiré son tchador. Atiq (le gardien de prison) est éberlué . Jamais , il n' a vu splendeur pareille auparavant..Hormis celui de son épouse , Atiq n'a pas vu un seul visage de femme depuis plusieurs années . Il a même appris à vivre sans . Pour lui, à part Mussarat(sa femme) , il n'y a que des fantômes sans voix et sans attraits , qui traversent les rues sans effleurer les esprits , des nuées d'hirondelles en décrépitude, bleues ou jaunâtres souvent décolorées , en retard de plusieurs saisons et qui rendent un son morne lorsqu'elles passent à proximité des hommes ....
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