mardi, octobre 23, 2018

LE NEVEU D'AMERIQUE ( Luis SEPULVEDA)

Fidèle à la promesse faite à son grand-père d'aller un jour en Andalousie, dans le village de la famille, Luis Sepulveda  emprunte une route pleine de détours. Depuis Santiago du Chili, ce voyageur infatigable, curieux de paysages mai surtout de rencontres, nous invite à l'accompagner dans quelques péripéties de sa vie;  de sa découverte, sous la tutelle du vieil anarchiste , d'un militantisme qui l'amènera à la prison et à l'exil dans divers pays  d'Amérique du Sud, jusqu'au bonheur du retour, des années après en Patagonie, et en Terre de Feu.
Avec un inégalable sens de la rencontre  avec les autres, il nous fiat connaître des marins, des professeurs amateurs de casinos et de femmes, des filles à marier à tout prix, les vainqueurs d 'un championnat de mensonges  et un aviateur fou.
Un itinéraire personnel vagabond qui ne prend son sens qu'avec l'accomplissement faite à son grand-père.
Incomparable raconteur  d'histoires ; Luis Sepulveda transforme la réalité  en littérature.
 
Une vieille chanson chilienne dit: " Le chemin a deux bouts et aux deux, quelqu'un m'attend." L'ennui, c'est que ces deux bouts  ne  limitent pas un chemin rectiligne, mais tout en courbes, ornières et détours, qui ne conduisent nulle part.  page 17
 
(L'auteur a été emprisonné sous Pinochet) J'ai passé neuf cent quarante-deux jours sur cette terre  de tous et de personne. Etre enfermé n'était pas ce qui pouvait nous arriver de pire. C'était une autre façon d'être en vie. page 22
 
A partir de 1973, plus d'un million de Chiliens laissèrent derrière eux leur long pays maigre et malade. les uns, contraints à l'exil, les autres fuyant la peur et la misère, et d'autres, enfin désireux de tenter leur chance au nord. Ces derniers n'avaient qu'un seul but: les Etats-Unis. page 51
 
Tandis que j'attends, je pense à ces deux vieux gringos qui ont...permis que Bruce Chatwin et moi nous nous rencontrions un après-midi d'hiver, au café Zurich de Barcelone.
Un Anglais et un Chilien. Et, comme cela ne suffisait pas, deux types n'éprouvant que peu de tendresse pour le mot patrie. L'Anglais, nomade, parce qu'il ne pouvait vivre autrement, et le Chilien, exilé pour la même raison.  page 79
"Quand partons-nous, le Chilien?
- Quand ils me laisserons rentrer, l'Anglais.
- Tu as encore des problèmes avec les primates qui gouvernent ton pays?
- Moi, non, Ce sont eux qui ont des problèmes avec moi.
- Je vois, peu importe. ça nous permettra de mieux préparer le voyage.
...Lorsque je reçus l'autorisation tant désirée de retourner au sud du monde, Bruce Chatwin avait déjà entrepris le grand voyage inéluctable.  page 86
L'autorisation de revenir dans mon monde me surprit à Hambourg. Pendant neuf ans je m'étais rendu chaque lundi au consulat chilien afin de savoir si je pouvais rentrer au pays. Neuf années où j'ai reçu des centaines de fois la même réponse: " Non , votre nom est sur la liste de ceux qui ne peuvent pas rentrer. page 89
 
Celui qui naît cigale ne cesse jamais de chanter. page 108
 
J'ai envie de parler avec ces hommes, de leur dire que je venais de très loin à la recherche d'une trace, d'une ombre, du minuscule vestige de mes racines andalouses; mais je voulais aussi les écouter, me remplir de cet accent très marqué, un peu fruste, dépouillé des inflexions chantantes des Andalous de la côte . page 159
"Excusez-moi, (l'auteur) il y a ici un bar qui s'appelle le bar des Chasseurs.
- Pas que je sache dit le serveur.
- Mais si, dit le planteur de tomates.
-Voyons, il ya celui de  Miguel, le Castillo, la Pena..
- Manolo, rappel-toi. Comment s'appelait ce bar autrefois?
...- Jusqu'en 1950, il s'appelait le bar des Chasseurs. Putain , vous oubliez tout!
...Les hommes m'observèrent avec une curiosité non dissimulée et je leur racontai  pourquoi j'étais ici, de mon long voyage jusqu'à Marcos.  Je leur parlai de mon grand-père...Quand j'eus terminé, ils se regardèrent les uns les autres.
- Quelle histoire, le Chilien! Quelle histoire! Il y a ici quelqu'un qui porte ton nom. Il n'habite pas loin d'ici. C'est un vieux, je crois qu'il s'appelle Angel dit l'homme aux tomates. pages 160, 161
 
..."Don Angel, vous vous souvenez de votre frère Gerardo?
Alors, le regard du vieux me traversa la peau, parcourut mon squelette, franchit la porte, remonta la rue....
-Mon frère. Un qui est parti en Amérique?
Oui, Un parmi tant d'autres qui montèrent à bord de bateaux, le cœur plein d'espoir.
- Oui Don Angel, Un qui est parti en Amérique.
....-Maria , appela - t-il
De la maison sortit une vieille femme toute vêtue de noir...
" Femme, apporte du vin, mon neveu d'Amérique vient d'arriver". page 167
 
 

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