Les exaspérés sont ainsi, ils jaillissent un beau jour de la tête des peuples comme des fantômes sortent des murs. (68 pages)
Son père avait été pendu......Il (Thomas) avait onze ans.
Dès l'âge de quinze ans, il avait fondé une ligue secrète contre l'archevêque de Magdebourg et l'Eglise de Rome. page 7
Cinquante ans plus tôt, une pâte brûlante avait coulé, elle avait coulé depuis Mayence sur tout le reste de l'Europe, elle avait coulé entre les collines de chaque ville, entre les lettres de chaque nom...On les avait mouillées d'encre... On avait refait ça des dizaines et des dizaines de fois, avant de plier les feuilles en quatre, en huit, en seize. Elles avaient mises les unes à la suite des autres, collées ensemble, cousues, enveloppées dans du cuir. ça avait fait un livre: La Bible.
Or le petit Müntzer lisait la Bible...pages 8, 9
Le temps passa.; il vécut avec sa mère...Enfin , il fit des études à Leipzig...il sortit de son trou, en 1520, lorsqu'il fut nommé prédicateur à Zwickau. page 10
La ville est partagée en deux. Il y a d'un côté les praticiens, à Sainte-Marie, de l'autre, à Sainte - Catherine, la plèbe. La raison et la pureté, ce sera pour les pauvres; c'est devant eux que Muntzer commence à s'agiter, c'est là que sa blessure s'avive. Il parle. On l'écoute. page 12
Il cite les Evangiles: "Vous ne pouvez servir Dieu et les richesses"....Il croit en une chrétienté authentique...Et c'est cela qu'il va prêcher aux pauvres tisserands, aux mineurs, à leurs femmes, à tous les misérables de Zwickau.
Depuis longtemps, on éprouvait une impression troublante, pénible, il y avait tout un tas de choses qu'on ne comprenait pas. On avait du mal à comprendre pourquoi Dieu, le dieu des mendiants avait besoin, de tant d'éclat; pourquoi ses ministres avaient tellement besoin de luxe, on éprouvait parfois une gêne. Pourquoi le dieu des pauvres était-il si bizarrement du côté des riches, avec les riches sans cesse? page 13
Muntzer fut chassé de Zwickau, il y passa moins d'un an. Il vint alors en Bohême. page 15
Ce fut d'abor en Angleterre, deux siècles plus tôt, qu'on fit le grand saut. John Wycliff avait eu une idée......John Wycliff eut l'idée qu'il existe une relation directe entre les hommes et Dieu. De cette première idée, découle logiquement, que chacun peut se guider lui-même grâce aux Ecritures. Et de cette deuxième idée en découle une troisième: les prélats ne sont plus nécessaires. Conséquence: il faut traduire la Bible en anglais. page 16
En 1380, le Parlement vote une nouvelle poll tax et voici que brusquement les paysans se soulèvent. page 19
Le coeur se remit à battre en Bohême; juste après que celui de Wycliff se fut éteint en Angleterre, un certain Jan Hus prit la relève page 29
Et il brûle Jan Hus, il brûle comme le bois. Il brûle comme le cœur. page 31
C'est donc en Bohême, dans cette Bohême de Jan Hus - bien après, mais le souvenir est vif et les idées font leur chemin - qu'arrive Thomas Müntzer , le récalcitrant, page 31
Surtout, il s'en prend au latin. Il oppose la simplicité du peuple au latin, et cette simplicité n'est pas vulgaire, elle peut être convertie. La boue, c'est de l'or. Et tandis que Luther traduit la Bible en allemand, Müntzer s'adresse dans leur langue à ceux qui ne savent pas lire.
Il va plus loin que Luther. Sa messe en allemand soulève le tollé....Aussitôt des ennemis se dressent. page 36
C'est en essayant d'organiser la révolte en Thuringe , à Allstedt, que Münstzer se détacha des autres prédicateurs. Le fond devint social, enragé. La frange huppée de ses sympathies se mit à prendre peur. Il parlait d'un monde sans privilèges, sans propriété, sans Etat. Il excitait avec force contre l'oppression. page 46
Le 12 mars 1525, Müntzer prit la route. Il avait avec lui trois cents hommes, pas plus, comme Gédéon. Il croyait répéter la fable. Il allait à la guerre comme dans la Bible, priant, exultant, appelant un miracle, dans une atmosphère de fin du monde. page 52
C'étaient bien les paysans qui se soulevaient. page 58
Ainsi des quatre coins de l'empire surgirent des hordes de misérables. Müntzer chantait, la foule venait. Le landgrave de Hesse n'en croyait pas ses yeux. Puis ce furent les ouvriers des villes, les fous, toute la paysannerie se souleva brusquement. Il y eut un grand effroi chez les nobles et les bourgeois.. page 60
Münzter était marié. On sait presque rien sur sa femme. On sait qu'elle avait été nonne, puis avait embrassé sa cause et qu'après le désastre, les chevalets et les crevaisons d'yeux , elle eut la vie sauve. page 66
Il va mourir , maintenant. Il va mourir. Il a trente - cinq ans. Sa colère l'a porté ici. Jusqu'ici. On lui a tordu le corps: les bras , les jambes, il saigne. Il est à bout de forces.
Alors , la hache se lève. Les visages sont là, par centaines, tout autour. Ils regardent, effarés, pas sûrs de bien comprendre. Les mendiants, les tanneurs, les faucheurs, les pauvres bougres, regardent, ils regardent. Et que voient-ils? ils voient le petit homme sous le grand fardeau.. Il devient un homme comme eux, corps entravé....Soudain , la hache retombe et tranche le cou..;Page 68
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