mercredi, septembre 02, 2020

RASSEMBLEZ-VOUS EN MON NOM ( Maya Angelou)

 "Silhouette imposante, port de tête altier, elle fait résonner la voix d'une femme noire, fière et volontaire, qui va devoir survivre dans un monde d'une extrême dureté., dominé par les Blancs. Une voix riche et douce qui, malgré les discriminations, porte l'espoir et la joie, l'accomplissement et la reconnaissance, et défend farouchement son droit à la liberté.

Après l'inoubliable beau Je sais pourquoi chante l'oiseau en cage, Maya Angelou poursuit ici son cycle autobiographique. Maya Angelou fut poétesse, écrivaine, actrice, militante, enseignante et réalisatrice. Elle  a mené de nombreux combats avant de devenir une icône contemporaine qui a inspiré la vie de millions de personnes. Elle a côtoyé Nelson Mandela, Rihanna, Malcolm X et James Baldwin et beaucoup d'autres lui ont rendu hommage. "


Pendant la guerre, les Noirs avaient souvent gagné plus d'argent en un mois qu'ils n'en avaient vu de leur vie entière. Cessant d'être contraints à la fuite par leur incapacité à faire vivre leur famille, les hommes ne quittaient plus leur femme. Ils prenaient l'autobus sur le principe du premier arrivé, premier assis. Et, le plus souvent, à leur travail ou dans les magasins, on leur donnait à tous du monsieur ou madame. 

Deux mois après le jour J, les usines d'armement commencèrent à se fermer, à réduire leurs frais, à renvoyer les ouvriers. A certains de ces hommes, on  offrit des billets de retour dans leur Sud natal. ...Leur intellect élargi ne pourrait plus jamais se réadapter à ces étroits confins. Ils étaient libres, ou du moins plus proches de la liberté que jamais auparavant, et ils refusèrent de repartir. Les soldats, ces héros de la veille, démobilisés dans la cité de la débrouille, on les vit traîner au coin des rues du ghetto, comme du linge oublié à sécher sur une barrière de jardin. pages 9 et 10

Ma mère, généreuse, elle l'était; indulgente, jamais; aimable , oui; tolérante, non. page 12

J'avais loué une chambre  ( avec droit de cuisine) dans un immeuble victorien... J'avais un enfant superbe  qui éclatait de rire  en me voyant, un travail que je faisais bien et j'étais jeune et aussi folle qu'un lézard vagabond.  C'était sûrement cela la réussite. page  24

J'avais passé tant d'années  à jouer  des personnages autres que moi que je ne pus continuer à touiller et mélanger , à régler mes feux comme si chaque nerf de mon corps n'avait été rattaché au troisième tabouret derrière le comptoir. page 29 ( elle  a rencontré un client ) 

Je n'achetais pas des choses, j'achetais du temps. page 35

Ma mère apprit mes projets sans surprise: " Tu es une femme. Tu peux prendre tes propres décisions"  "Sois la meilleure dans ce que tu entreprends. Si tu veux devenir une putain, ça te regarde. mais alors, sois épatante. Ne mégote sur rien. Tout ce qui vaut la peine mérite qu'on se donne du mal". page 41 (elle quitte San Francisco)

(Elle a monté un bordel) Il fallait faire très attention aux Blancs, et spécialement aux hommes.  page 79

C'est à cette époque où ma vie se déroulait mélodramatiquement à la charnière de l'intrigue et du mensonge, que je découvris les écrivains russes. page 85

( Elle retourne dans son village natal suite à ses activités louches). Il existe dans l'imaginaire américain un pays bien-aimé où des femmes très pâles voguent en permanencc sous de sombres magnolias, tandis que des hommes blancs aux mains douces époussettent des brins de glycine sur les épaules laiteuses de leurs amantes. Une harmonieuse musique noire flotte comme un parfum dans un air précieux que rien de menaçant ne vient jamais troublé. 

Mais le Sud vers lequel je repartais  avait la palpable réalité des chairs et des ventres gonflés par la pauvreté. Stamps, Arkansas, un petit bourg, avait subsisté durant des centaines d'années sur les revenus des plantations de coton   et jusqu'à la Première  Guerre mondiale , une scierie déglingée.

Au cours de la Seconde Guerre, l'armée absorba la jeunesse, blanche et noire, de la région, et les usines d'armement du Nord recrutèrent ce qui restait de gens sains et vigoureux.  Peu, sinon aucun, revinrent pour réclamer un héritage de terreur et de misère.  Seuls les vieux, hommes et femmes et les enfants demeurèrent ..page 94

Pareille aux enfants noirs des petites villes du Sud, j'avais accepté la totale polarisation des races comme un confort psychologique. les Blancs existaient, personne ne le niait, mais ils n'étaient pas présents dans ma vie quotidienne.  page 95

Pourquoi , si les choses étaient si formidables à San Francisco, j'avais refait surface dans un patelin poussiéreux de l'Arkansas?  Personne  ne posa la question parce qu'ils avaient tous besoin de croire  qu'un pays existait quelque part..;où les Nègres étaient traités comme des gens, et où les Blancs n'étaient pas des ogres tout-puissants dont ils avaient l'expérience. 

Les valeurs morales des populations rurales noires du Sud ne sont pas tout à fait les mêmes qu'ailleurs. L'âge est plus précieux que la richesse et la piété plus importante que la beauté. page 99

( Suite à une esclandre dans un magasin, sa mère la renvoie à San Francisco avec son fils). "Décide d'abord si tu veux faire deux ans d'armée. Loin de ta famille et de ton fils. A recevoir des ordres et à camoufler ton  humeur. C'est une décision que personne ne peut prendre ni pour toi, ni t'aider à prendre"  Page 126

Debout devant le drapeau, une main dur la Bible, et l'autre plaquée sur ma poitrine, je jurai de défendre mon pays contre ses ennemis...page 131

"Vous a-a-on demandé, oui ou non, si vous aviez appartenu au parti communiste?"- Oui, on me l'a demandé et j'ai répondu non." " Les communistes sont des sans-Dieu, Johnson. Et l'armée à laquelle j'appartiens se bat sous la protection de Dieu". pages 138, 139

Un être enclin à la solitude ne cherche pas le réconfort dans l'amour mais accepte les variables comme normales. page 196

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