lundi, juillet 29, 2013

CINQ FEMMES CHINOISES ( Chantal Pelletier )

"Cinq vies de l'enfance à la maturité, cinq portraits de Chinoises d'aujourd'hui ( Xiu, Daxia, Mei, Fang, Baoying)  qui s'extirpent des noirceurs d'une Chine  secouée par les guerres, les famines, les atrocités pour accéder à une modernité clinquante et contemporaine. Suivant les destins  croisés de ses héroïnes, Chantal Pelletier donne un aperçu de l'élan et du dynamisme qui sont en train de transformer la Chine en pays le plus riche du monde, et du prix fort que les individus ont à payer dans  ce combat sans merci.
Sont évoqués avec réalisme, des sujets rarement abordés à propos de la Chine contemporaine: l'accession des femmes à des postes de responsabilités, la sexualité, l'homosexualité, la dureté des rapports familiaux. "

"Moi, je préfère pleurer à l'arrière d'une BMW que d'être heureuse sur un vélo. " Réplique d'une Chinoise  de vingt-deux ans, candidate à un jeu de téléréalité, citée  dans un article de Philippe Grangereau  paru dans Libération  le 21 septembre 2011.

Xiu est enrôlée dans l'école de gymnastique à quatre ans et demi pour sa souplesse, sa pugnacité. Papa et maman la voient une fois par semaine, ils sont fiers, leur fille a été distinguée par la révolution, mère de tous. page 11

Au nouvel an 1968, Xiu passe quelques jours chez papa-maman. Le temps lui paraît long dès la première journée dans la pièce crasseuse et sombre où ils vivent  avec son frère de six ans. Elle déteste sa mère éplorée, son père contusionné. Il a désobéi, ce qu'elle ne peut imaginer...Des ombres casquettées aboient, quatre coups de fusil claquent, trouent de rouge la veste de son père qui tombe face contre terre, comme serti dans la boue...Sa mère la prévient qu'elle est renvoyée  de l'école de gymnastique. Elle ne comprend pas comment elle peut vivre ailleurs, autrement, sans l'ordre, sans les rails, dans la crasse, là ou est inscrite partout la désobéissance du père. pages 13, 14

Elle se garde dire qu'elle est déjà mariée quand l'associé , impressionné par sa détermination et son pragmatisme, souhaite l'épouser.  Libres d'émotions gaspilleuses d'énergie, ils sont d'accord pour s'allier et avancer  vers une fortune consistante.  Ils se jurent efficacité et ambition comme d'autres se promettent amour et enfants.  Xiu respire. Elle tait, sans effort, à son mari qu'elle a une fille Daxia, elle est si loin.  Elle doit calculer pour savoir l'âge de sa progéniture et s'étonne: dix-huit ans? Elle préfère ne plus y penser, ne pas revenir en arrière. Depuis qu'elle s'est enfuie de Shanghai, elle regarde droit devant. L'essentiel est de progresser. pages 24, 25

Xiu convainc une agence italienne d'architecture de Hong Kong de prendre sa fille en stage. Daxia accepte mais refuse de partager l'appartement coquet et spacieux du couple  au bord d'une plage de  Stanley. page 27

La veille, son  frère l'a appelée du Brésil, où il vit depuis cinq ans avec une jeune Péruvienne.  Nous avons reconstruit la Chine  pour pouvoir en partir, il a dit.  Xiu a écarté ses lèvres sur ses dents. C'était presque un sourire. page 32

Juin 1989. ...Les pères parlent à voix basse;, la police craint des émeutes, boucle certains quartiers de Shanghai. Il y aurait eu des morts à Pékin , autour de la Place de la Porte-de-le-Paix- Céleste.  Au syndicat, on parle de chars et de fusillades auxquels il est interdit de croire. page 58

Hannuo raconte à sa nièce (Mei, amie d'enfance  de Daxia) un monde qui n'est pas Shanghai. Elle garde les enfants d'un couple d'Allemands qu'elle a suivi depuis le Henan, elle gagne sa vie sans se salir, ne revient pas puante de l'usine de plastiques: un deuxième employée s'occupe du ménage, une troisième de la cuisine. page 60

Hannuo est malade. ..Sa patronne la conduit un jour à la consultation médicale de son ambassade. le médecin diagnostique le sida.  On a fouillé les bras de Hannuo avec des seringues infectées quand  elle vendait son sang pour aider ses parents dans le Henan, contre un trafic de sang contaminé. page 62

A vingt-cinq ans, Mei est une femme indépendante qui parle japonais, anglais, s'est offert des voyages organisés à Macao, Qingdao, a rendu visite à Daxia une fois à Hong Kong, une fois à Pékin. Pour le  reste, Mei  guette l'occasion  sans la trouver. Les hommes la veulent mais elle ne veut pas. Elle les supporte, une nuit, deux nuits , pas davantage. trop suffisants, pressés, moches...Elle va s'inventer sans patron, vendre des choses pour ne pas en être une. Elle ne sera  pas bradée comme épouse, comme flacon de sang, comme bouche lécheuse. Elle aura son mot à dire dans plusieurs langues...Mei se passionne pour le shopping, connait toutes les marques d'Europe, d'Asie et d'Amérique., toutes les vitrines de  Nanjing Road. page 65

(Fang, la fille de Daxia) Elle est l'épouse de Dong Bai, n'économise  plus sur sa nourriture pour acheter des vêtements. Elle a , pour bonne, une Philippine , travaille à mi-temps pour ne pas attendre son mari toute la journée dans  leur appartement spacieux au quarante-unième étage  d'un immeuble au sommet d'une colline de Hong Kong. page 82

Cheng naît en 1990...Dès que Cheng a deux ans, les beaux-parents de Fang lui font comprendre  que son fils n'est pas pour elle, qu'il appartient à leur clan. page 83

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